Benjamin Compaoré : « Je voulais ce titre au fond de moi depuis longtemps »
Publié le mercredi 23 août 2006 à 06h07min
Après Jean Galfione en 1990 (perche), Sylviane Félix en 1996 (sur 200 m), puis Muriel Hurtis en 1998 (200 également), Benjamin Compaoré est devenu, dimanche dans la moiteur de Pékin, le 4 ème champion du monde juniors de l’athlétisme français. Avec 16,61 m au triple-saut, il a également profité de la finale mondiale pour améliorer son record de 27 centimètres. Entretien avec la nouvelle star.
Benjamin, quel est le premier sentiment qui vous traverse l’esprit quand vous comprenez que vous êtes champion du monde junior du triple saut ?
Je ne réagis pas tout de suite, car je m’étais préparé à devoir répondre au deuxième, l’équatorien (ndlr : Chila), qui sautait avant moi. Mes derniers essais ont d’ailleurs été un peu durs. Depuis mes 16,61 m au troisième, je me disais sans cesse que si personne ne faisait mieux, un rêve allait se réaliser. Sur le dernier, donc, je ne réagis pas tout de suite. Mais je crois que je comprends pendant ma course d’élan que je suis champion du monde. Je voulais aussi le record de France (16,71 m par Ronald Servius), mais le titre m’a finalement suffi. J’avais le droit... Sur ce concours, il y a eu beaucoup, beaucoup d’émotion. Samuel (Coco-Viloin) était devenu vice-champion du monde sur les haies juste avant, les filles sur 4x100 m pendant... C’était dur de rester concentré.
Vous avez donc pu en profiter...
Avant de partir à Pékin, mon entraîneur, Jean-Hervé Stievenart, m’avait remis une lettre que je ne devais ouvrir que le jour de la finale. Il me disait simplement de sauter, de me faire plaisir, et que j’allais faire ce qu’il fallait. Je me le suis répété sans arrêt pendant la finale : je devais me faire plaisir. Que si j’étais là, c’est parce que j’aimais le triple saut, et d’en profiter.
Vous n’êtes que le quatrième champion du monde juniors pour l’athlétisme français...
Cela fait plaisir... Mais je ne réalise pas encore vraiment ce que j’ai fait. Je suis encore dans l’ambiance de l’équipe de France. Peut-être que je réaliserai une fois rentré chez moi, en Alsace. Mais d’une manière générale, je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose d’exceptionnel. Et je n’ai pas envie de me dire que j’ai réalisé un exploit que je ne pourrais plus reproduire ensuite.
Vous avez dit, juste après le concours, que cette médaille allait lancer votre carrière...
Je serai davantage reconnu, avec par exemple plus d’ouvertures pour les grands meetings chez les seniors. Mais je n’ai pas l’intention de changer. Je veux rester le même. Ce n’est pas parce qu’on saute loin qu’on est un surhomme ; je ne veux pas prendre la grosse tête.
Qu’est-ce qui a fait qu’en un an vous ayez progressé de 63 centimètres, et que vous soyez devenu un postulant au titre mondial ?
Il y a la vexation de l’année dernière, aux championnats d’Europe juniors, quand je termine 5 ème. J’avais la pression en finale, j’étais favori après avoir sauté 16,12 m en qualifications. Tout le monde avait oublié de préciser qu’il y avait quatre mètres de vent. Du coup, après mes 15,82 en finale, certains ont dit que je n’étais pas capable de sauter sur une finale, que j’étais surtout bon en qualifications... J’ai ensuite été blessé cet hiver, à une période où je commençais à ressentir des choses que je n’avais jamais connues au triple-saut. Après ces deux déceptions de suite, je suis allé chaque jour à l’entraînement en me disant que j’étais là pour devenir champion du monde juniors. Je l’avais au fond de moi toute l’année.
Qu’avez-vous changé dans votre technique, depuis un an que vous êtes arrivé à l’Insep ?
Auparavant, je cherchais à aller très vite en sautant. J’ai désormais réduit ma vitesse. « Stieve » m’a fait travailler afin que je sois plus fluide. Mes sauts sont plus propres, moins saccadés, je perds moins de temps au sol. Il m’a aussi appris à être plus solide sur mes appuis.
Comment voyez-vous la saison prochaine, et l’avenir ?
Je veux, dès l’année prochaine, me mêler à la bagarre avec les meilleurs seniors, Karl Taillepierre et Julien Kapek. Je ne m’en sens pas trop loin. Mais je ne veux pas me fixer d’objectifs en terme de performance. Ne jamais se dire « je veux sauter cette distance » : c’est là qu’on se crispe, et qu’on n’y parvient pas. Avant de penser à la suite, je veux laisser les compétitions venir, comme les championnats d’Europe espoirs l’an prochain, où les Europe seniors en salle. Bon... C’est vrai que j’aimerais bien aller jusqu’aux 17 m... Mon entraîneur m’avait parié qu’il arrêtait de fumer si je battais le record de France juniors cette année. Je repousse le pari : en 2007, il faudra qu’il arrête de fumer si je passe 17 m !
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