Hilmar Kråkenes et Oda Synnøve Riste règnent sur le majestueux Hornindalsvatnet Maraton

Un marathon au bord des eaux les plus profondes d’Europe
C’est une terre où la nature impose le respect. Où l’horizon se décline en pics acérés, en pentes vertigineuses et en eaux d’une pureté presque mythique. Le Hornindalsvatnet, lac le plus profond d’Europe, a encore été le théâtre d’un événement sportif unique ce samedi 26 juillet 2025, avec la tenue de son marathon éponyme. Sur les rives de ce colosse aquatique, dans une ambiance à la fois recueillie et galvanisante, près de deux cents coureurs se sont élancés pour défier les 42,195 kilomètres d’un parcours aussi exigeant que spectaculaire. Ici, point de foule déchaînée ou de musique assourdissante : la respiration des montagnes, les cris des oiseaux marins et le froissement du vent sur l’eau ont suffi à faire vibrer les âmes. À l’arrivée, Hilmar Kråkenes, enfant du pays, triomphe en 2h59’32”, et chez les femmes, c’est Oda Synnøve Riste qui inscrit son nom au palmarès, forte d’un effort généreux conclu en 4h00’55”.

Hilmar Kråkenes, le souffle du fjord
À Hornindal, tout semble plus grand, plus silencieux, plus pur. C’est dans ce décor presque spirituel que Hilmar Kråkenes, coureur norvégien expérimenté, a livré une performance aussi précise que puissante. Dès les premiers hectomètres, sa foulée posée, fluide, laissait entrevoir une maîtrise rare. Le profil du parcours, sans être excessivement escarpé, ne pardonne aucun relâchement : les faux plats, les virages au ras de l’eau, les longues lignes droites ouvertes aux éléments, tout exige une attention constante. Kråkenes, porté par une connaissance intime du terrain et une préparation millimétrée, a su dompter le marathon avec sang-froid et détermination. Au fil des kilomètres, son avance s’est creusée naturellement, sans gestes brusques, sans accélérations téméraires. À l’arrivée, son chrono de 2h59’32” résonne comme un hommage discret mais vibrant à la régularité, à l’endurance et à la communion avec son environnement. Derrière lui, Markus Hjorthaug, solide second en 3h22’53”, et le Polonais Arkadiusz Adam Babij, courageux troisième en 3h31’10”, ont complété un podium international tout en nuances.

Oda Synnøve Riste, force tranquille des fjords
Dans la quiétude matinale d’Hornindal, le peloton féminin s’est élancé avec retenue, presque en harmonie avec le silence ambiant. Mais très vite, un nom a émergé du groupe : Oda Synnøve Riste, Norvégienne d’origine et habituée des sentiers montagnards, a pris la course en main avec assurance. Sans précipitation, mais avec constance, elle a imprimé un rythme personnel, presque méditatif, rythmant sa progression au gré du clapotis du lac et des ombres des montagnes. Face à une concurrence sérieuse, notamment la surprenante Irlandaise Loveness Mwaka, Riste n’a jamais cédé à la panique, gardant sa ligne et son souffle dans les parties les plus exigeantes du parcours. Son arrivée, marquée par un sourire discret et une émotion contenue, a été saluée par une salve d’applaudissements sobres mais sincères. Son temps de 4h00’55” ne reflète pas seulement un effort athlétique, mais aussi une manière d’habiter l’espace, de courir en phase avec le décor. Mwaka, deuxième en 4h13’10”, a elle aussi marqué les esprits par sa combativité, inscrivant son nom parmi les belles révélations de cette édition.

Un parcours entre fjords, forêts et souvenirs
Courir à Hornindal, ce n’est pas simplement boucler une distance mythique. C’est accepter de se laisser happer par une nature souveraine, d’oublier la montre un instant pour écouter la terre. Le parcours du marathon longe le lac sur de longues portions, épouse les courbes de la vallée, traverse des hameaux figés dans le temps et des forêts odorantes. Les coureurs, dans un silence presque religieux, glissent entre les sapins, frôlent les murs de vieilles granges, croisent parfois le regard d’un mouton ou d’un spectateur solitaire. Cette atmosphère si particulière fait du Hornindalsvatnet Maraton une expérience sensorielle totale. Les bénévoles, omniprésents sans être intrusifs, ont apporté leur chaleur humaine à cette fresque nordique, offrant sourires, boissons chaudes ou simples encouragements dans les moments les plus durs. Le ciel, resté clément toute la journée, a même offert quelques éclaircies sublimes, illuminant les crêtes enneigées et les reflets miroitants du lac.

Une course de niche devenue mythe
Si le Hornindalsvatnet Maraton n’accueille pas les foules des grands majors mondiaux, il a conquis une place unique dans l’imaginaire des marathoniens exigeants. Ceux qui cherchent l’authenticité, la vérité d’un effort loin des paillettes et des records tapageurs, savent que c’est ici que cela se passe. Cette année, les participants venaient de toute la Norvège, bien sûr, mais aussi de Pologne, d’Irlande, de Suède ou même du Canada. Ils repartent tous avec une même sensation : celle d’avoir participé à quelque chose de plus grand qu’une simple course. Dans l’ère des selfies et des médailles pré-fabriquées, Hornindal propose autre chose. Une marche vers soi, une rencontre avec l’essentiel, portée par le souffle ancien des montagnes et la patience silencieuse du lac.

Le marathon où le silence parle
Le Hornindalsvatnet Maraton 2025 ne fut pas seulement une course, ce fut un voyage intérieur, une ode à la lenteur et à la précision, un poème en mouvement dans l’écrin d’une nature indomptée. Hilmar Kråkenes, en 2h59’32”, et Oda Synnøve Riste, en 4h00’55”, en sortent vainqueurs, mais au fond, chacun des coureurs a emporté un bout de victoire, à sa façon. Ici, les chronos comptent, mais pas autant que les souvenirs. Ici, le marathon est une offrande à la beauté du monde, un acte d’humilité face à la majesté de la nature. Et dans cette Norvège éternelle, le sport a une fois de plus retrouvé sa vérité première : celle d’un corps en mouvement, d’un cœur battant, et d’un esprit libre.