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Hypoglycémie : Comment la reconnaître et l’anticiper


Publié le mardi 21 juillet 2020 à 04h52min

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L’hypo, contraction d’hypoglycémie, est une des principales hantises des sportifs lors d’efforts soutenus, intenses, prolongés en vue de la réalisation d’une performance. Qu’est ce qu’une hypoglycémie, comment la détecter, l’éviter en amont... ? Voici mes conseils. Bonne lecture.




L’hypo, contraction d’hypoglycémie, est une des principales hantises des sportifs lors d’efforts soutenus, intenses, prolongés en vue de la réalisation d’une performance. Elle indique un taux de sucre au niveau sanguin plus bas que la normale et est corrélée à l’arrêt de l’effort. Il est donc intéressant de les prévenir par une alimentation en qualité et quantité répondant aux besoins de l’athlète. Aussi, après quelques rappels et retours terrains, j’axe l’éclairage sur conduite à tenir si une hypoglycémie venait à se présenter au cours de votre exercice.

- Quelques rappels métaboliques

Le métabolisme énergétique au repos est principalement assuré par les acides gras, le cinquième étant fourni par la part glucidique (glucose).

Lorsque le sportif débute l’exercice, il y a une utilisation presque exclusive des glucides comprenant deux phases :

  • une phase dite « précoce » via le glycogène musculaire où la vitesse de la glycogénolyse (phase de catabolisme, « dégradation » du glycogène en glucose utilisable par le muscle) est corrélée à l’intensité de l’effort. Puis, une utilisation du glucose plasmatique, dont la captation du glucose par les muscles est augmentée par le nombre plus important de récepteurs au glucose au niveau des membranes cellulaires des muscles.
  • une phase dite « tardive », où pour des exercices prolongés et de faible intensité, il y a une participation croissante des acides gras libres ou circulants au niveau sanguin et des triglycérides présents au niveau musculaire.

Concernant l’évolution de la glycémie (ou taux de sucre dans le sang) :

  • pendant la première heure ou les 60 premières minutes, il y a un maintien de la glycémie, celle-ci pouvant augmenter si l’intensité est élevée.
  • Après 1h30 d’effort, on note généralement une diminution d’un tiers de la glycémie.
  • Les hypoglycémies sont possibles lors des efforts de longue durée et intenses (plusieurs heures type marathon, ultra, étape du tour de France, triathlon longue distance,…)

L’organisme est bien fait, en effet, la production de glucose par le foie (hépatique) compense l’augmentation de l’utilisation de ce même glucose par les muscles. Pour les exercices courts et intenses, la production de glucose est assurée par la glycogénolyse hépatique. Pour un exercice prolongé, on note une production de plus en plus importante de glucose via la néoglucogenèse, à partir d’acides aminés, glycérol, …

A l’arrêt de l’exercice, l’organisme reconstruit. Il oriente positivement la réplétion (mise en réserve) des réserves en glycogène au niveau hépatique (avec augmentation de la captation des substrats néoglucoformateurs et diminution en parallèle de la production de glucose) et musculaire (par une captation musculaire de glucose multipliée par quatre par rapport au repos et la réduction de l’oxydation du glucose). Dans tous les cas, la mise en réserve musculaire est supérieure à la mise en réserve hépatique.

En conséquence, la performance est intimement liée à la disponibilité initiale en glucides, à l’apport au cours de l’effort et à la troisième phase, la récupération, concernant la qualité de la réplétion des stocks de glycogène. Pour les efforts d’intensité importante dont la durée est inférieure à une heure, la disponibilité en glycogène musculaire est cruciale concernant la réalisation d’une performance optimale.

Pour des exercices de faible intensité et dont la durée est supérieure à 1h30, les deux variables clés pour la réalisation d’une bonne performance seront le débit hépatique de glucose et la glycémie. Il faut savoir que l’augmentation linéaire de la puissance de l’effort est corrélée à une augmentation exponentielle de la glycogénolyse.

En conclusion, toute baisse de la glycémie prédispose à la réalisation d’une contre-performance.

Au niveau hormonal, on peut s’intéresser à trois hormones clés :

  • L’insuline, hormone hypoglycémiante (c’est-à-dire qui favorise la diminution de sucre dans le sang), diminue au cours de l’effort, quel que soit ce dernier
  • Le glucagon, hormone hyperglycémiante (c’est-à-dire qui favorise l’élévation de sucre dans le sang), ne varie pas pour un effort bref mais augmente si celui-ci est prolongé
  • Les catécholamines (Noradrénaline, Adrénaline, Dopamine…) augmente progressivement au cours de l’effort, entraînant une augmentation de l’utilisation des substrats glucidiques (glucose, glycogène…) et lipidiques (acides gras, triglycérides…).

L’organisme met donc en œuvre un savant jeu hormonal donc la finalité est, entre autres, de prévenir l’hypoglycémie à l’effort.

- Constats et retours terrains généraux chez le sportif

Les apports énergétiques, hydriques et glucidiques sont insuffisants au regard des besoins directs et indirects au cours de la saison mais aussi autour (avant et après) et pendant l’effort au niveau des phases péricompétitives. Ceci a pour conséquence un déséquilibre global au niveau des macronutriments (protides, lipides, glucides) et une reconstitution ou réplétion insuffisante des réserves en glycogène au niveau hépatique et musculaire. La principale conséquence est une diminution des performances sur les plans physique, physiologique et mental, l’organisme ne pouvant être à son optimal au quotidien.

J’ai réalisé un bon nombre d’articles concernant l’alimentation avant l’effort, pendant l’effort et après l’effort, mais aussi concernant la préparation à des événements majeurs (marathon, Ironman, Marathon des sables, ultra trail…) avec notamment la mise en place de diététiques spécifiques comme le régime dissocié modifié.

Pour rappel, les apports glucidiques trois à quatre jours avant la compétition permettent de créer la surcompensation en glycogène au niveau des tissus de réserve par une diététique hyperglucidique (supérieure à 70 % des apports totaux) complétée à un entraînement diminué ++. La prise des glucides simples à fort index glycémique se fera de manière fractionnée couplée à une augmentation des glucides complexes au niveau des repas. L’hydratation sera abondante pour favoriser la mise en réserve.

Avant l’effort
Le dernier repas avant l’effort sera hyperglucidique, digeste, peu lipidique. Une boisson d’attente pourra être prise entre ce dernier repas et le début de l’effort afin de maintenir l’hydratation, les stocks en glycogène et de limiter surtout toute baisse de glycémie en début d’effort (hypoglycémie).

Pendant l’effort
Pendant l’effort, l’objectif est de prévenir la déshydratation, de limiter la déplétion des stocks en glycogène, d’éviter les fringales et surtout les hypoglycémies délétères à la réalisation d’une performance optimale. Il est donc intéressant chez le sportif de trouver la meilleure prise en charge nutritionnelle avec notamment les boissons énergétiques, les barres énergétiques, les gels énergétiques, les gâteaux énergétiques… mais aussi les boissons de récupération pouvant être prises pendant l’effort pour leur complémentarité en glucides, lipides et protéines.

Une attention sera apportée sur ces apports en glucides, notamment en quantité (boissons pas trop concentrées) et qualité (glucose, maltodextrines, fructose peu digeste surtout sur les longs efforts…) afin de limiter le risque d’hypoglycémie à l’effort, via une production secondaire d’insuline trop importante qui inhiberait partiellement la lipolyse.

Après l’effort
Ensuite, après l’effort, la réhydratation est la première étape avec des boissons notamment glucidiques type boissons de l’effort, boissons de récupération comportant des protéines en parallèle, eaux plus ou moins riche en bicarbonates… puis une alimentation solide (barres énergétiques, pâtes de fruits…) ou semi-solide (crème énergétique, compote énergétique…) viendra compléter jusqu’au premier repas complet riche en glucides et digeste pour limiter les troubles digestifs. La prise d’eau sera abondante les heures qui suivent la fin de l’effort.

Après ces généralités et rappels, je vous offre un éclairage sur l’hypoglycémie, ses symptômes courants et comment agir d’une manière pratico-pratique. Celle-ci reste simple à gérer en général.

- Définition de l’hypoglycémie

L’hypoglycémie se définit lorsque celle-ci est inférieure en théorie à 0,70 g par litre de sang. On parle alors d’hypoglycémie relative. L’hypoglycémie sévère est lorsque la valeur descend en dessous 0,50 g par litre de sang. Très souvent, l’athlète parle comme si il n’avait « plus de son, plus d’image ».

- Symptômes de l’hypoglycémie

En effet, les symptômes qui sont corrélés à l’hypoglycémie et qui sont très fréquemment retrouvés sont les suivants : fatigue, nausées, tremblements, visage pâle, fringale associée, sueurs froides, troubles visuels, auditifs, de la parole, de l’équilibre (le sportif titube)… avec aggravation de ces troubles si l’hypoglycémie n’est pas prise en charge dans les temps : perte de connaissance, coma.

Remarque : il existe une tolérance individuelle à l’hypoglycémie. Ces seuils sont très théoriques, chaque athlète est unique, Il n’y a pas de « Standard ». Certains sportifs vont déclarer les premiers symptômes avec une glycémie par exemple à 0,80 g/L et d’autres vont avoir ces mêmes symptômes avec une glycémie à 0,60 g/L.

Pour connaître sa glycémie, on a recours à un lecteur bien connu chez les diabétiques. Néanmoins, les premiers symptômes permettent de réaliser une corrélation significative avec une hypoglycémie chez le sportif à l’effort.

- Conduite à tenir en cas d’hypoglycémie avant, pendant ou après l’effort

Face à une hypoglycémie, il faut tout de suite mettre le sportif au repos, à l’ombre et dans un endroit frais.

Ensuite, il faut resucrer l’organisme en manque. Je préconise de rester sur du liquide pour faciliter l’absorption et l’assimilation. Pour le coup, on conseillera une boisson de l’effort isotonique ou hypertonique, afin de faciliter rapidement le resucrage. Je conseille toujours de laisser diffuser au niveau buccal la boisson afin de faciliter l’absorption au niveau des micro-capillaires buccaux. La diffusion vers le sang est très rapide à ce niveau.

La prise de miel (ou de gel énergétique) en parallèle sera intéressante, en prenant avec son doigt l’aliment et en tapissant l’intérieur de la bouche au niveau des joues et sous la langue (toujours pour diffuser au plus vite). L’alternance entre la prise de boissons et le miel (ou le gel) optimise le resucrage. La boisson peut être prise de manière plus importante et en permanence, le miel sera pris en première intention à raison de 30 g (si c’est un gel, partez sur une unité standard, 20-25 g), soit une petite barquette standard.

Attendre environ 15 minutes et voir l’évolution des symptômes. Si vous avez un lecteur ou que l’organisation de l’épreuve en a par sécurité, ce qui doit être le cas en général, alors vérifiez la glycémie. Si l’hypoglycémie est toujours présente, reprenez à nouveau 30 g de miel ou un gel. Répétez le protocole jusqu’à ce que la glycémie se normalise autour de 1 g/L.

Une fois normalisée, commencez à reprendre une alimentation prévue pour l’effort avec toujours la boisson en base, isotonique ou hypotonique, associée à du semi solide et/ou solide (barres, gâteaux sport, fromage à pâte dure, …).

- Conclusion sur l’hypoglycémie

En conclusion, si les symptômes de l’hypoglycémie sont légers, il est possible de reprendre l’épreuve après un resucrage optimal en qualité et quantité, et surtout en prenant le temps de réaliser celui-ci, seul gage de réussite pour continuer son effort.

Si les symptômes sont sévères et durent dans le temps, que l’hypoglycémie a été intense, l’arrêt de l’effort est obligatoire, le terrain de jeu doit rester un plaisir et ne doit pas engager votre pronostic vital. Il vaut toujours mieux prévenir que guérir dans tous les cas. Enfin, que l’hypoglycémie soit relative ou sévère, une attention particulière sera portée sur les apports glucidiques en récupération, avec une augmentation de ces derniers.

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* Article publié par Nicolas Aubineau, Diététicien Nutritionniste du sport et en clinique


Voir en ligne : Nicolas Aubineau

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