Interview : Driss Maazouzi

– Après deux saisons difficiles, vous revenez en pleine forme et alignez, en l’espace de deux semaines, deux très bonnes performances en cross. Est-ce une satisfaction ?
Oui, mes sensations sont bonnes, ça va super. Je me suis bien entraîné. Je suis très très content de revenir car ça a été très difficile pour moi. Que ce soit mentalement ou physiquement, j’ai souffert. J’ai connu deux années de pépins et ce n’est jamais facile de revenir au haut niveau. Aujourd’hui, je suis très heureux que ça paye et j’espère que ça va continuer comme cela, surtout pour les Championnats du monde de Saint-Galmier.

– Vous avez connu beaucoup de soucis physiques ces deux dernières saisons. Comment êtes-vous parvenu à vous maintenir en forme ?
Je n’ai pas pu entretenir ma forme. J’ai d’abord été blessé et j’ai été complètement à l’arrêt ensuite, je me suis fait opéré et j’ai, de nouveau, été complètement à l’arrêt. C’est ça qui est difficile. Si j’avais pu entretenir ma forme, le retour aurait été plus facile. Le plus dur c’est cela, repartir de zéro. Mais, c’est un sport et on sait tout cela d’avance. Si on ne travaille pas, on n’a pas de résultats. Si on l’accepte, rien ne fait peur. Cela fait trois mois que je me prépare, que je bourre comme un malade. La douleur de ces trois mois est oubliée. J’ai très envie de courir, très envie de faire de la compétition. J’ai plein de choses en tête.

– En quoi ont consisté ces trois mois ?
J’ai fait le travail de base, du travail long que je n’avais pas l’habitude de faire comme cela. Tout cela a permis que je m’endurcisse d’un point de vu mental, de devenir solide. Moi, je viens du 1 500 mètres et je fais du cross, je pense être le seul, et ce n’est pas facile. Aujourd’hui, je renoue avec mes débuts, je me sers de mon expérience et cela donne ce qui est en train d’arriver.

« J’ai envie de faire une année pleine »

– Ces deux bons résultats vous ont offert une sélection en équipe de France pour les Championnats d’Europe de cross. Etait-ce là l’un des objectifs de votre retour ?
Être dans l’équipe de France dépasse les objectifs que je m’étais fixés. C’est une satisfaction personnelle. Depuis mon retour dans le cross de la RATP à ma victoire dans le cross du Val de Marne, je peux dire que mon combat est déjà gagné, gagné parce que je suis parvenu à atteindre ce niveau là. J’ai pu me mesurer aux Kenyans dont c’est la spécialité et en battre quelques-uns, alors, aujourd’hui, je suis très heureux de ma sélection. Mais, le chemin ne s’arrête pas là. Ce n’est qu’un début. J’ai encore envie, envie d’aller de l’avant et de montrer de bonnes choses.

– Quels ambitions nourrissez-vous pour ces Championnats d’Europe ?
J’aurai disputé un 4 kilomètres, pourquoi ne pas viser la victoire mais là, 9 kilomètres, il faut être réaliste, il va y avoir beaucoup de spécialistes. Cela fait longtemps que je n’avais pas fait une saison comme celle-ci avec des cross longs. Alors, l’année prochaine, pourquoi pas viser un podium. Là, j’envisage de faire dans les 10 et, pourquoi pas, pouvoir faire grimper l’équipe sur le podium.

« Moi et le 1 500 mètres, c’est une longue histoire »

– Pensez-vous, déjà, aux Championnats du monde de Saint-Galmier ?
Oui, c’est sûr. Je suis ultra motivé parce que ces Championnats du monde se déroulent à Saint-Étienne. C’est plus que la France, c’est la maison ! Je pense à cette échéance tous les jours, j’y pense lorsque c’est dur, lorsque c’est facile, j’y pense sans arrêt. J’ai très envie de faire ce cross. J’aimerai, pourquoi pas, faire mieux que dixième - ma meilleure place en Championnats du monde de la spécialité - je veux me battre avec la tête de course.

– Avez-vous déjà programmé d’autres cross tout au long de la saison ?
J’ai envie de faire une année pleine. D’habitude, je ne faisais que les Interrégionaux et les « France » avec, parfois, les Championnats du monde. Cette année, c’est différent. Pendant que les autres étaient à Athènes, moi, je m’entraînais pour ce type de compétition avec l’envie de faire une saison pleine. Cette saison, c’est certain, ne s’arrêtera pas aux Championnats du monde. Je veux disputer d’autres cross. En ce moment, les deux meilleurs Français - Driss el Himmer et El Hassan Lahssini - ne sont pas là parce qu’ils préparent leur marathon, moi, je profite de l’occasion de me montrer avec l’envie de faire aussi bien que ces deux là.

– Allez-vous revenir, malgré ce programme chargé, au 1 500 mètres ?
C’est certain ! Le 1 500 mètres est la discipline que je connais le mieux. Je sais quand il faut y aller, quand il faut s’accrocher...Moi et le 1 500 mètres, c’est une longue histoire. Je ne peux pas arrêter comme cela. Je vais, peut-être, disputer également quelques 5 000 mètres. Mais, à Helsinki, je serai sur 1 500 mètres. Je ne sais pas encore quand je débuterai sur la distance, probablement début juin.