L’histoire mythique du marathon
Publié le vendredi 28 mai 2010 à 08h21min
Le marathon fête cette année, son 2500 ème anniversaire, mais le marathon moderne, tel qu’il est connu aujourd’hui, est couru depuis 102 ans seulement. Du cri de victoire de Philippides à la ferveur planétaire des courses modernes, le marathon tisse depuis plus de deux millénaires un lien unique entre mythe, sport, culture et résilience humaine. Retour sur une histoire aussi réelle que légendaire.
Le mythe fondateur
Selon la légende grecque, la course mythique a pris naissance 490 ans avant Jésus-Christ quand un messager, nommé Philippides, a été dépêché des côtes de la Ville de Marathon vers Athènes pour annoncer une victoire grecque face à la puissante armée perse. Le messager a parcouru une distance de 24,8 miles (39,91 kilomètres) pour faire part de sa bonne nouvelle. Le souffle coupé, à son arrivée devant les leaders d’Athènes, il aurait proclamé les mots suivants : « Réjouissez-vous. Nous avons gagné la guerre ». Il se serait ensuite effondré pour ne jamais se relever. Le marathon est né de cette légende, mais contrairement à la croyance populaire, les Grecs n’ont jamais couru cette distance lors de leurs olympiades. Au mieux, leurs athlètes ont pris part à des compétitions s’échelonnant sur cinq kilomètres.
De l’épopée antique au rite moderne
Ce n’est qu’au tout début des Jeux olympiques modernes, en 1896, que le marathon basé sur la distance entre Marathon et Athènes a été créé. Cette compétition aux allures surhumaines a immédiatement frappé l’imaginaire des observateurs. La première édition a vu la victoire d’un berger grec, Spiridon Louis, héros national improvisé. En courant sur des routes poussiéreuses, sans chaussures techniques ni ravitaillement moderne, il a incarné l’idéal d’abnégation et de force tranquille que le marathon incarne encore aujourd’hui.
La distance de 39,91 kilomètres a éventuellement été modifiée à celle que l’on connaît aujourd’hui (42,195 kilomètres) aux Jeux de Londres en 1908. Cette année-là, le roi Édouard VII et la reine Alexandria tenaient à assister à la course qui faisait tant jaser. Pour ce faire, la famille royale a demandé à ce que le départ se tienne devant le château Windsor à l’extérieur de la ville. La distance entre le château et le stade olympique était de 26 miles (41,84 kilomètres). Les organisateurs ont ajouté quelques verges de plus pour terminer la course autour de l’ovale et devant la loge royale, ce qui a ajouté 385 verges. Depuis les Jeux de 1908, le marathon a toujours été couru sur une distance de 26,385 miles (42,195 kilomètres).
Mais l’histoire du marathon ne se limite pas à ses mesures. Dés les années 1920 et 1930, il devient le terrain d’expression des rivalités entre nations. Puis, dans la seconde moitié du XXe siècle, il s’ouvre au grand public, à commencer par les femmes, longtemps tenues à l’écart sous prétexte de fragilité physiologique. En 1967, Kathrine Switzer s’inscrit au marathon de Boston sous ses initiales pour déjouer les organisateurs et devient la première femme à courir officiellement un marathon. Son engagement marquera un tournant historique. En 1984, Joan Benoit entre dans l’histoire en remportant le tout premier marathon féminin olympique à Los Angeles. Aujourd’hui, près de la moitié des marathoniens sont des femmes.
Aujourd’hui, plus de 800 marathons se tiennent chaque année à travers le monde. Le mythe s’est démocratisé, les champions tutoient des records insensés, et des milliers d’amateurs courent en quête de transcendance. Dans des villes, sur des sentiers, dans le froid ou sous le soleil du désert, le marathon est devenu un langage universel.
Une course, un symbole
Le marathon, plus qu’une distance, est devenu une métaphore de l’endurance humaine. Il parle autant à notre condition physique qu’à notre désir profond de franchir des limites. Né d’une victoire militaire, consacré par la noblesse britannique, puis conquis par le peuple, il porte en lui les tensions et les rêves de notre histoire moderne. Le marathon est un souffle qui traverse les âges, une épreuve sacrée qui n’a jamais cessé d’éprouver notre corps pour élever notre esprit.
Voir en ligne : Marathons
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