Le Marathon de Genève veut garder les pieds sur terre

Il en parlerait des heures... Pour lui, comme pour tous ces coureurs au long cours, le marathon est un plaisir de longue haleine. Y vient-on à bout, les jambes coupées et le cerveau vidé, qu’une autre banderole se dresse déjà plus loin. Un autre départ, un nouveau défi. Ce même besoin de recommencement, Grégoire Pennone l’a ressenti dès la fin du premier Genève Marathon, le 8 mai 2005. L’organisateur est aussi un récidiviste de l’effort.

Voilà donc la deuxième édition en route pour le 7 mai 2006. Encore un peu en chantier. « On est des perfectionnistes, le confort du coureur est toujours notre priorité », plaide Grégoire Pennone. A l’époque, alors qu’ils exhumaient une épreuve tombée à l’eau en 1987, les rénovateurs du marathon de Genève (tous bénévoles passionnés) « partaient avec des complexes et sans point de repère ». Aujourd’hui, ils peuvent s’appuyer sur un dossier qui a fait ses preuves et compter sur un soutien politique et populaire incontestable.

Un final moins fastidieux

En rendant à Genève son marathon, Grégoire Pennone et ses amis ont fait mouche. Les coureurs (2975 partants sur 3500 inscrits) et les bénévoles (près de 800) ont répondu à l’appel, les autorités et les sponsors ont adhéré au projet, le public estimé à plus de 25000 a suivi. Sur un budget de 800000 francs, les organisateurs ont même dégagé un bénéfice. Ce succès, plutôt inespéré, se chiffre et s’exprime. « Notre enquête auprès des concurrents a révélé un très fort taux de satisfaction. Certains en ont rajouté en prétendant que notre marathon valait celui de Paris ou de Berlin. Il ne faut pas exagérer, le ciel était avec nous ».

Par nature et par pragmatisme, le marathonien Pennone veut « garder les pieds sur terre ». Comme l’indique aussi le sondage, la première édition n’a pas été exempte de tout reproche. « On veillera cette fois à établir un balisage kilométrique fiable, à doubler le nombre de cabines WC, à disposer les gourdes des coureurs élite sur le devant des tables et à triple-scotcher le câble d’alimentation de l’arche d’arrivée pour éviter qu’elle ne se dégonfle », assure-t-il. En fait, c’est surtout au niveau du parcours que les organisateurs ont le plus planché afin de répondre aux attentes des coureurs, rebutés par l’interminable final de l’épreuve. Bombardé chef du chantier de réfection, Stéphane Rychen compatit à leurs doléances. « Il est vrai que psychologiquement, après avoir franchi une première fois la ligne d’arrivée au km 37, il était pénible de courir encore jusqu’au Vengeron sur une portion de route guère attractive ».

Pour raccourcir le crochet final, à la hauteur de l’OMC, il a fallu rallonger d’autres secteurs, juste après le départ, du côté du Grand-Pré, puis à Carouge. « Si l’on veut éviter de fermer des zones et rester à plat, notre marge de manœuvre est relativement limitée, précise Stéphane Rychen. Voilà pourquoi on doit renoncer à traverser les Pâquis ou à établir, comme on l’avait imaginé, le départ devant le BIT ». En revanche, il a été plus commode de revoir le tracé du semi-marathon, désormais entièrement dessiné autour de la rade. L’idée, un jour, de faire courir les marathoniens à travers les Bastions, la place Neuve et les Rues-Basses est encore un fantasme. « On y arrivera, murmure Grégoire Pennone. Qui va piano va sano... »

 Infos pratiques

La 2 ème édition du Genève Marathon (et semi-marathon) aura lieu le dimanche 7 mai. Départs matinaux de la place des Nations, arrivées devant la rotonde du Mont-Blanc.
En 2005, 2900 coureurs ont franchi la ligne d’arrivée sur 2975 au départ. Victorieux, le genevois Tesfaye Eticha et l’éthiopienne Chawela Keneni ont établi en 2h15’29" et 2h43’53" les deux premiers records du parcours. 450 concurrents se sont déjà engagés sur Internet. Des bulletins d’inscription seront disponibles dès le 16 janvier dans les magasins SportXX de la Praille et de Balexert.
Site web : https://generaligenevemarathon.com/

Le jeu en vaut-il la carotte ?

Une grande société établie au bout du lac propose d’allouer au marathon de Genève un gros pactole destiné à récompenser le champion qui améliorerait à Genève la meilleure performance mondiale détenue depuis 2003 par le kényan Paul Tergat (2h04’55" à Berlin). Aussi inattendue qu’embarrassante, l’offre a suscité au sein du comité d’organisation bien des réflexions. Aujourd’hui encore, le dilemme n’est pas levé. « Cette proposition est bien sûr pour nous une marque de reconnaissance mais le défi lancé est-il vraiment crédible ? », se demande Grégoire Pennone. Il est vrai que le parcours genevois, plutôt sinueux, ne se prête pas vraiment à la chasse au record.

Cap sur les 5000 engagés

De plus, relève l’organisateur, un tel enjeu financier aurait pour conséquence d’augmenter les charges de la manifestation. « Un record, ça coûte. Il faut engager les meilleurs marathoniens et les meilleurs lièvres, assurer leur transport et leur hébergement, s’équiper d’un système antidopage ad hoc ». Des frais que le parraineur du record n’est, semble-t-il, pas prêt à assumer. Pas plus qu’un nouveau sponsor, introuvable dans les milieux bancaires de la place. Le jeu en vaut-il alors vraiment la carotte dans la mesure où le marathon genevois affirme clairement sa vocation populaire ? « Disons que cette offre est sans doute prématurée. D’ailleurs, tous les grands champions sont enrôlés trois semaines plus tôt à Londres », répond Grégoire Pennone.

La question identitaire reste posée : quelle orientation doit prendre le marathon de Genève dans un contexte concurrentiel toujours plus foisonnant (Lucerne lancera le sien en 2007) ? « Notre premier souci est de consolider et de pérenniser l’épreuve. Sa capacité d’accueil reste fixée à 5000 participants, on espère s’en approcher ce printemps tout en améliorant l’animation tout au long du parcours ».