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Londres a battu Paris pour les JO de 2012


Publié le mercredi 6 juillet 2005 à 21h35min

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Paris a perdu, et son bourreau s’appelle Londres. La capitale britannique organisera les jeux olympiques en 2012. Une candidature donnée, il y a encore deux mois, comme irréaliste par nombre de "spécialistes" de l’olympisme. Tony Blair aura triomphé, une fois de plus, de Jacques Chirac. Londres l’a emporté au quatrième tour de scrutin, après les éliminations successives de Moscou, New York, Madrid et Paris.




"Nous n’avons pas la même culture du lobbying que les Anglo-Saxons", disait Bertrand Delanoë, le maire de Paris (Le Monde du 6 juillet). Le verdict est tombé : les membres du comité international olympique (CIO) ont suivi Sebastian Coe, le patron de la candidature londonienne, qui, à mots couverts, avait promis, lors de son allocution devant eux, de beaucoup "aider" leurs athlètes et leurs fédérations sportives s’ils choisissaient sa ville.
Le CIO et ses membres aiment les rituels. Depuis longtemps, le cérémonial du "D Day" est le même. Rapide discours d’introduction du président, une heure de présentation de chacune des villes candidates suivie de questions posées à leurs représentants par cinq membres du CIO. A l’issue de ce marathon, ses membres restent seuls en conclave, pour passer au vote. Ils ont, auparavant, été munis d’un boîtier électronique pris au hasard, de sorte à assurer la confidentialité du choix des 114 "grands électeurs". Le vainqueur doit obtenir la majorité des suffrages exprimés (on peut s’abstenir ou voter blanc).
Dans leur ultime présentation, les villes candidates ont tenté de démontrer que leur dossier technique répond aux normes du CIO (installations de haute qualité, centre d’hébergement et d’entraînement des sportifs, capacités d’accueil, conditions de travail des journalistes, etc...). Et qu’elles pouvaient garantir la sécurité des jeux et leur bon financement.
Enfin, elles ont cherché à rassurer le CIO : les jeux qu’elles organiseront seront les plus inoubliables qu’on ait jamais vu, et seule leur ville est capable de les offrir, tant elle est unique et "a besoin des jeux". Jamais une candidate ne doit oublier la règle d’or : ce n’est pas le mouvement olympique qui a besoin d’elle, c’est elle qui "a besoin" de lui. Toutes ont, à la fin de leur présentation, prononcé la phrase rituelle : "Si vous nous choisissez, nous ferons que votre rêve devienne réalité".

Le film de la candidature

Chance ou malchance ? Paris passait en premier. Une présentation menée par trois intervenants : le maire, Bertrand Delanoë, le chef de l’Etat, Jacques Chirac, et Jean-Claude Killy, sans conteste celui des trois membres français du CIO (avec Guy Drut et Henri Sérandour) le plus apprécié de ses pairs. Une présentation scandée par un film promotionnel de Luc Besson dont on dira qu’il fut, dans ce genre obligé, de fort bonne qualité, à défaut d’originalité, le tout accompagné par Charles Trenet, Revoir Paris , puis Douce France.
Les grands axes de la candidature parisienne furent successivement rappelés. Des jeux "à taille humaine", comme le prône le président Rogge. Bertrand Delanoë assurait que ceux de Paris seraient "sans gaspillage ni démesure". "Nous prenons, déclarait-il, l’engagement de faire des jeux populaires, solidaires, écologiques et éthiques".
Après que Jean-Claude Killy eut dit combien il attendait "cet événement rare, cette pure merveille" , Mr Delanoë renchérissait en évoquant la "magie" et l’"héritage" que laisseraient les jeux, transformant "les lieux et les esprits". Développement durable, assise financière, transports facilités, billets à bas prix, sponsors satisfaits, l’un après l’autre, de Patrick Braouezec, maire communiste de Saint-Denis, à Arnaud Lagardère, patron du groupe, de Michel Drucker à Anne-Marie Idrac, PDG de la RATP, en passant par François Chérèque (CFDT) et Bernard Thibault (CGT), tous tenaient leur rôle dans ce film, pour montrer combien "la France unie" attendait la chance qu’il se devait de lui offrir. Dominique de Villepin avait assuré que, question sécurité, Paris offrait toutes les garanties "d’efficacité discrète".
Le "clou" de la présentation française était, bien entendu, Jacques Chirac. Venu en "ami du mouvement olympique", celui-ci assurait l’assistance de l’"émotion" et de la "très grande passion" qui l’envahissaient, 19 ans après sa première tentative devant eux. Exercice obligé, mené sans fautes.
Son discours fut suivi d’applaudissements nourris, la sortie de la délégation aussi, après les réponses à des questions convenues et d’une affligeante pauvreté, hormis celle sur les contrôles antidopage. Le ministre des sports, Jean-François Lamour, se montra rassurant : la loi française se soumettrait aux normes du CIO.

Trésors d’obséquiosité

La délégation new-yorkaise suivit, à la lettre, le même scénario. Mêmes défilés de notables de la politique et du sport (Hillary Clinton, le maire Michael Bloomberg, une palette de champions olympiques avec à leur tête Muhammad Ali). Le film de la candidature, préparé par Steven Spielberg, fut, paradoxalement, un peu moins réussi, malgré la présence de l’ancien président Bill Clinton et de l’actuel, George W.Bush. A croire que le maître est moins doué pour la promotion que l’élève Besson.
Avec un dossier moins affûté (la ville n’a pas de stade), New York axa sa présentation sur deux arguments. Un, la ville-monde mérite les JO. Aux membres du CIO de bien réfléchir : s’ils les lui refusent pour 2012, rien ne garantit qu’elle se représente. Deux : si elle les obtient, New York mobilisera les moyens pour "aider" les athlètes du monde entier et faire monter le nombre de nations médaillées. Le message était dirigé vers les membres du CIO issus d’Etats moins riches : en votant pour la candidature américaine, ils étaient assurés de "commodités" que d’autres ne leur offriraient pas forcément.
Particulièrement faible en images et en qualité, avec des intervenants à l’attitude figée, très soviétique, la présentation de Moscou devait être suivie, dans l’ordre, par celles, très attendues, de Londres puis Madrid, les deux villes dont tous les pronostiqueurs faisaient les plus dangereuses adversaires de Paris. Moscou a été éliminée au premier tour, puis New York, puis Madrid.
Ton de la présentation londonienne : "Demandez-vous , lançait Sebastian Coe, son président, pourquoi notre délégation comporte plus de jeunes que d’hommes d’affaires et de politiques !"
En réalité, le "D Day" avait commencé mardi soir, avec la cérémonie officielle d’ouverture. Il faut y avoir assisté pour comprendre ce qu’est, une fois tous les quatre ans, la puissance réelle du CIO. Qui d’autre que lui se permettrait d’asseoir ses membres dans les travées centrales d’un grand théâtre et d’installer chefs d’Etat ou de gouvernement et têtes couronnées dans les rangées du côté ?
Ainsi Jacques Chirac fut-il placé au premier plan, mais à l’extrême droite et en retrait. Tony Blair dut se contenter du sixième rang. Loin derrière, José Luis Zapatero était moins bien loti encore, au côté de la reine d’Espagne. Il fallait chercher Hillary Clinton plus au fond encore.
L’explication ? Les puissants de ce monde sont, ici, les quémandeurs. Ce sont eux qui cherchent, sans craindre de déployer des trésors d’obséquiosité, à s’attirer les faveurs des olympiens. D’ailleurs, il fallait voir, deux jours durant, ces hommes politiques ou ces richissimes entrepreneurs, tous momentanément coalisés, socialistes et UMP, Labour et Tories britanniques, faire assaut de courbettes. Et entendre les barons de l’olympisme jurer à chacun combien sa ville leur était particulièrement chère.

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