Marathon de Lausanne : Un doublé éthiopien

Le suspense de la 17 ème édition du Lausanne Marathon n’aura pas duré bien longtemps. Après 2 km déjà, les Ethiopiens Urgessa Weyessa et Girma Woyasa prenaient la poudre d’escampette, grâce à une foulée limpide, précise et efficace. Le duo gagnant ne fera qu’accentuer son avance tout au long de la course, comptant jusqu’à 3 km de marge sur le troisième de l’épreuve, le néophyte valaisan Lucien Epiney. Les deux fusées africaines n’ont pas bronché lorsque le conducteur d’un train CFF les a salués vers Villette. A peine ont-ils aperçu les bravos des populaires croisés sur la route du retour. Certains ont pris des photos des leaders, un concurrent a même sorti sa caméra digitale. Sympas aussi les orchestres qui ont encouragé les quelque 10000 participants tout au long de leur chemin de croix.

Mais ni le cadre idyllique de l’épreuve disputée en bordure du lac et des vignes, ni les animations n’étaient au cœur des préoccupations du chasseur de primes Weyessa. Pour l’Ethiopien, il n’y avait pas d’autre alternative que la victoire. Ainsi, il a lâché son compagnon d’échappée à Pully, le laissant à plus d’une minute sur la ligne d’arrivée. Rappelons que pour ce coureur de 25 ans, la récompense promise au vainqueur est quasi vitale. Comme l’explique le Genevois Joseph Bago, ami de Weyessa : « Je me suis entraîné plusieurs fois avec lui, à Addis-Abeba. Là-bas, la pauvreté est si grande que les athlètes partent en Europe dans l’espoir de pouvoir nourrir leur famille. Et quand je dis le mot famille, cela signifie 20 personnes. Mais aujourd’hui, avec les primes offertes par les directeurs de courses, la situation devient de plus en plus compliquée ».

Prime de 2000 francs suisses

A Lausanne, Weyessa a gagné un bouquet de fleurs, une channe, une médaille et un chèque de 2000 francs suisses. Un pécule qu’il tentera de faire fructifier dans d’autres courses. « Cela fait un mois que je suis en Europe, commente ce père de deux enfants. C’est le seul marathon que je disputerai. Je vais encore participer à plusieurs courses, comme la Corrida d’Octodure, avant de repartir chez moi ».

Chez les dames, la victoire est revenue à la Polonaise Joanna Chmiel-Groot qui s’est imposée en 2h54’59". La Neuchâteloise Laurence Yerly-Cattin (Dombresson) n’a échoué qu’à 56’’ de la Polonaise alors que la Payernoise Lucilia Delpedro a signé une très belle troisième place.

* Article publié par Pierre-Alain Schlosser