Marseille-Cassis : Dieudonné Disi s’impose
Publié le lundi 26 octobre 2009 à 20h36min
Disi, miraculé du génocide rwandais, s’impose en 1h00’21". Cette 31 ème édition de la classique Marseille-Cassis restera marquée par l’épopée d’un homme. Un chétif garçon de presque 29 ans (il les aura le 24 novembre), lourd d’à peine 52 kilos, qui a trouvé les ressources nécessaires pour refaire un retard que d’aucuns pensaient rédhibitoire après le kilomètre 7.
On vous l’avait écrit, il fallait faire confiance à Dieudonné Disi, cet enfant survivant du génocide rwandais en 1994. Cette année-là, le jeune homme avait 14 ans. Lorsque le drame éclate, il est dans le jardin. Il se cache immédiatement mais assiste au massacre de ses parents et de ses huit frères et sœurs de l’ethnie Hutu. Enrôlé dans l’armée de son pays puis douanier, Disi a multiplié les visas de trois mois pour courir en France, à Marvejols-Mende pour la première fois, avant de bénéficier d’une carte de séjour. Forcément, à ce jour, plus rien ne peut abattre le frêle Dieudonné. Même pas l’humiliation de l’abandon au marathon du championnat du monde de Berlin, en août dernier. "J’ai dû m’arrêter au km 28, à cause d’une douleur au genou. Des examens ont révélé que j’avais un problème de bassin, consécutif à un entraînement non adapté. Mon coach m’a repris en mains. En fait, maintenant, j’exploite le travail que j’avais réalisé à l’époque", confie Disi, qui a douté, au point même de n’envisager que le podium.
Vainqueur des 20 km de Paris il y a 15 jours, du semi-marathon de Reims il y a une semaine, Disi a été rapidement décramponné par le Tanzanien Shauri, impressionnant par sa foulée ample, même aux abords des lacets de la Gineste. Seul l’Erythréen Kiflemarian a pu le suivre, alors que l’Ougandais Toroitich et le Kenyan Chesang payaient déjà leurs efforts bien avant que le panneau n’indique le passage au km10. Passé le plateau de Carpiagne, lancé dans la descente, Shauri a eu la désagréable sensation qu’un grain de sable enrayait la machine.
"Je suis resté au repos trois mois. Cela fait seulement un mois que je prépare Marseille-Cassis, alors forcément, quand Disi a commencé à remonter, je savais que ça pouvait mal tourner. Je suis déçu. Sur cette course, j’ai terminé 3 ème, 4 ème en 2008 et 2 ème cette année. Si les organisateurs m’invitent l’année prochaine, je promets de m’imposer", confiait le malheureux Tanzanien, qui s’est fait déposer par Disi à 200 mètres de l’arrivée. "Arriver au sprint après l’équivalent d’un semi-marathon, c’est extraordinaire, commentait Bernard Amsalem, président de la Fédération française d’athlétisme, accompagné par Ghani Yalouz, le directeur technique national.
Ce dernier a pu assister à l’arrivée du premier Français, l’ancien Marseillais Driss El Himer, cinquième au général. "J’améliore mon record de l’année dernière de 21 secondes", notait-il, son plus beau trophée dans les bras : une petite fille prénommée Jade, qui aura cinq mois dans deux jours.
Mengistu : 19 ans seulement
La course des dames a pâti du formidable épilogue côté masculin. Lorsque l’Ethiopienne Mengistu a passé la ligne d’arrivée en 1h10’35", certains avaient à peine digéré les 1h00’21" de Disi. Pourtant, Meseret Mengistu possède de quoi forcer le respect. Victorieuse du semi de Reims il y a une semaine, 11 ème aux Mondiaux de semi-marathon en 2008, Meseret, qui regrettait le parcours vallonné de la course "trop de montée et de descentes !", rappelait gentiment mais fermement qu’elle avait terminé deuxième l’année dernière et qu’elle n’avait qu’une marche à gravir. Elle a du caractère la demoiselle. Dire qu’elle n’a que 19 ans...
* Article publié par Dalila Bezzah
Voir en ligne : La Provence
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