Meeting Gaz de France - Christine Arron et Ladji Doucouré à l’heure finlandaise
Publié le samedi 2 juillet 2005 à 19h54min
Première manche de la très lucrative Golden League, le meeting d’athlétisme Paris - Saint-Denis, qui s’est tenu vendredi soir au Stade de France, a dessiné les contours des futurs championnats du monde qui se dérouleront à Helsinki en août prochain. Parmi la myriade de stars internationales présentes pour l’occasion, les Français ont globalement su tirer leur épingle du jeu.
Le podium érigé en l’honneur du quatuor (Leslie Djhone, Marc Raquil, Naman Keita, Stéphane Diagana) vainqueur rétroactif du relais 4x400 m messieurs des Championnats du monde 2003 devait annoncer la couleur de cette réunion riche en émotion. Le cœur battant pour Paris-2012 -thème récurrent de la soirée-, les athlètes tricolores se seront révélés pour la plupart en forme olympique. Tandis que Marie-José Perec et Stéphane Diagana jouaient les ambassadeurs de charme pour la candidature de la capitale à l’organisation des JO 2012, Christine Arron (100 m) et Ladji Doucouré (110 m haies) reprenaient brillamment le flambeau de leurs glorieux aînés sur la piste.
Forte de son récent doublé 100m-200m lors de la Coupe d’Europe à Florence, la Guadeloupéenne, tenante du titre à Saint-Denis, confirmait son retour au premier plan en signant sa meilleure performance de l’année (11.03) devant la Bahaméenne Chandra Sturrup (11.05) et l’Américaine Lauryn Williams (11.16). Un exploit qui en appelait un autre, plus retentissant encore. A l’arrivée d’une course digne d’une finale olympique, Ladji Doucouré, impressionnant de puissance, se permettait de devancer d’un souffle le quadruple champion du monde et médaillé d’or aux JO d’Atlanta en 1996, Allen Johnson (13.04) et le champion olympique en titre et co-recordman du monde (12.91), le Chinois Xiang Liu (13.06) en établissant un nouveau record de France en 13.02.
Le Stade de France a du c(h)oeur
Loin d’être rassasié par cette débauche de performances, le public de l’enceinte dionysienne ne boudait pas son plaisir lorsque Naman Keita (48.27 sur 400 m haies), victime de l’ultime obstacle, devait s’avouer vaincu par James Carter (48.05). Et tandis que les cinquièmes places de Ronald Pognon (100 m), Marc Raquil (400 m), Romain Mesnil (perche) et Mehdi Baala (1500 m) pouvaient susciter amertume et déception, la foule ne rechignait jamais à ovationner les héros malheureux. Un état d’esprit tout à l’honneur du sport et de l’athlétisme en particulier qui se voyait régulièrement récompensé par les coups d’éclat de protagonistes plus inattendus.
Si Eunice Barber devait se contenter du sixième rang sur 100 m haies en dépit d’un chrono honnête pour l’heptathlonienne (13.00), Linda Ferga donnait du baume aux 70 253 cœurs massés dans les tribunes en s’offrant le troisième temps (12.78) derrière Joanna Hayes (12.60 et Perdita Felicien (12.60). Dans ce même élan de générosité et d’abnégation, les gazelles du semi-fond procuraient aux spectateurs leurs plus vives émotions. Bouchra Ghezielle, tout d’abord, forçait le respect en pulvérisant le record de France du 3000 m (8:35.41), loin, il est vrai, de la Kenyanne Edith Masai qui s’octroyait auparavant la meilleure performance mondiale de l’année (8:31.27).Sur 1500 m, Hind Dehiba faisait ensuite l’objet de toutes les attentions en talonnant jusqu’au bout de la douleur l’ultra-favorite Olga Yegorova (4:01.85) pour le gain d’une deuxième place inespérée et un nouveau record personnel (4:03.05).
Jean Galfione oublié
Une joie qu’auront également partagée Solen Désert (septième du 400 m) et Virginie Fouquet (huitième du 800 m), qui, bien que surclassées dans leurs disciplines respectives par Tonique Williams (49.69) et Svetlana Cherkasova (1:57.52), auront su profiter du contexte pour repousser leurs limites officielles établies cette saison : 51.97 pour la première, 2:00.26 pour la seconde. La fête aurait pourtant dû être plus belle encore si Jean Galfione avait pu tirer sa révérence comme il se doit. Eclipsé en catimini après trois essais infructueux à 5,30 m (pour mémoire, Galfione détient le record national avec une barre franchie à 5,98 m), l’ancien champion olympique méritait probablement une sortie plus digne, davantage conforme à son statut.
Il faut dire que le Breton est quasiment passé inaperçu face aux prouesses conjuguées de l’Américain Brad Walker (5,80 à la perche), du Kenyan William Yiampoy (1:45.98 sur 800 m) de l’Américaine Lashinda Demus (53.85 sur 400 m haies), du Suédois Stefan Holm (2,32 m à la hauteur), du Ghanéen Aziz Zakari (10.04 sur 100 m), du Kenyan Ezekiel Kemboi (8:09.14 sur 3000 m steeple), du Canadien Tyler Christopher (44.69 sur 400 m), du Finlandais Tero Pitkamaki (85,95 m au javelot), du Kenyan Daniel Kipchirchir (3:30.01 sur 1500 m), de la Russe Tatyana Lebedeva (15,11 m au triple saut) et surtout de l’Ethiopien Kenenisa Bekele (12:40.18 sur 5000 m) qui sera parvenu à titiller son propre record du monde (12:37.35) en dépit de conditions climatiques capricieuses.
Ca ne fait aucun doute, les athlètes sont d’ores et déjà bien affûtés. De bon augure pour les Mondiaux Finlandais où la bataille promet de faire rage dans toutes les disciplines.
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