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Michael Johnson : Une légende à Paris


Publié le vendredi 2 mai 2008 à 11h10min

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De passage à Paris à l’occasion du 10 ème anniversaire du meeting de Paris Saint-Denis, Michael Johnson a répondu aux médias français, fait rarissime pour l’ancien roi du 400 m. L’Américain, toujours recordman du monde du tour de piste et du 200 m et quintuple champion olympique, a livré son sentiment sur sa discipline et son évolution depuis sa retraite en 2001. Présent également ce mercredi, Leslie Djhone, le sprinteur français, a écouté avec attention les propos de celui qui appartient à la légende de l’athlétisme.




Tout d’abord, que faites-vous aujourd’hui ?

J’ai deux activités, une dans le management sportif avec notamment comme athlètes Jérémy Wariner mais également des footballeurs (NFL). Je participe aussi à des séminaires de motivation pour les entreprises.

Le 400 m aujourd’hui est dominé, voire écrasé par Wariner comme vous à l’époque. Est-ce une bonne chose pour la discipline ?

Vous savez, il n’est pas le seul, Shawn Merritt est là. De mon temps il y avait aussi des challengers comme Butch Reynolds. Ce n’était pas aussi facile que cela. Aujourd’hui, la concurrence, comme Leslie (Djhone) travaille très dur aussi et quand on voit à quelle vitesse le record du monde sur 100 m évolue. Le record de Pietro Mennea (19"72 en 1979, ndlr), est resté longtemps comme la référence. A l’époque je pensais fortement que l’on pouvait faire mieux que ce temps, je voyais 19"3, 19"2. Il aura fallu attendre 1996. On ne connaît pas la limite en fait. Quand je courais, j’essayais d’atteindre la perfection, après le temps venait tout seul.

Votre style très particulier (le buste très droit et des petites foulées, ndlr) a souvent été critiqué par les spécialistes, qu’en pensez-vous ?

Il y a toujours eu beaucoup d’experts pour parler. J’avais un très bon coach qui ne m’a pas forcé à changer mon style. Je courais différemment des autres, c’est vrai, mais à l’arrivée j’étais loin devant les autres. Ce style me convenait très bien, c’était le plus performant.

(Leslie Djhone, présent aux côtés de Michael Johnson ce 30 avril, est admiratif de celui qu’il qualifie de « légende ». Il se rappelle de l’impression que l’Américain laissait en fin de course, celle de ne pas être fatigué. Le sprinteur français lui demande alors comment était-ce possible)

C’était une impression. L’entraînement était très dur, et en compétition on avait qu’une seule course alors c’était bien plus facile qu’à l’entraînement.

Quelles comparaisons faites vous avec Jérémy Wariner, un de vos poulains ?

Sur le plan du chrono, il est moins rapide que moi sur 200, je ne crois pas qu’il descende en dessous de 19"8, 19"7. En tout cas, c’est quelqu’un de très ambitieux, mentalement très fort sur le 400 et il n’est concentré que sur ça. Moi, je faisais les deux, 400 et 200. Sinon, il fait toujours les choses justes.

Quelles sont les qualités premières du 400 m ?

Il y a 10 ans, c’était la force, la puissance physique car c’est un sprint très long. Aujourd’hui, je dirais que c’est la vitesse et la résistance. Mon plus grand adversaire sur 200, était Frankie Fredericks, un grand ami en dehors de la course mais pendant on ne se regardait pas, on était concentré. Sur 400, la course est tellement difficile donc il existe plus de respect entre les coureurs, ils sont conscients de cet énorme effort. Sur 200, c’est moins le cas, alors le 100 mètres, pas du tout. C’est un peu le jeu.

La compétition vous manque-t-elle et pourquoi avez-vous duré si longtemps au plus haut niveau, surtout sur le 400 une course tellement dure ?

Ça ne me manque pas car j’ai eu la chance de réussir dans ma carrière tout ce que je voulais faire, j’ai eu beaucoup de bonheur. Si j’ai duré si longtemps, c’est en partie parce que je me fixais en permanence des objectifs. Je travaillais très dur, l’objectif atteint on passait à un autre et on voyait toujours plus loin. Et puis c’est une chance d’avoir eu ce talent et pouvoir franchir ces objectifs. On apprend aussi beaucoup des échecs. J’avais 32 ans quand j’ai battu le record du monde du 400 (43"18 à 31 ans et 11 mois en août 1999 aux Mondiaux de Séville, ndlr). Jérémy Wariner est passé sous les 44 secondes alors qu’il avait 20 ans et il continue d’apprendre, c’est ce que j’aurais voulu faire à l’époque. La première partie de ma carrière a été consacrée au 200 et le 400 pas avant 1996. J’ai eu des difficultés sur les trois dernières années car l’âge était là mais j’ai eu la chance aussi d’être épargné par les blessures

Quels athlètes pourraient émerger et réaliser aux JO votre exploit 400-200 car on a l’impression qu’aujourd’hui personne n’a votre polyvalence ?

Je ne suis pas tout à fait d’accord, Jérémy le fait, Xavier Carter aussi, Tyson Gay a dit récemment qu’il voulait courir le relais 4x400 aux JO. Chez les filles, il y avait Valerie Brisco et Marie José Pérec. Aujourd’hui, Sanya Richards descend sur le 200 voire sur le 100 et Alyson Felix s’essaye aussi. On en voit de plus en plus.

De vos deux records, lequel sera battu en premier ?

Je ne sais pas, c’est difficile à dire. En tous cas, à mon avis, celui qui est le plus dur à battre est celui du 200. Le 400 est une course plus tactique, on a le temps de faire des fautes mais aussi de les réparer. Le 200 est plus technique, une faute et c’est plus difficile de rattraper.

Quel regard portez-vous sur les affaires de dopage qui ont touché récemment l’athlétisme américain à l’image des cas de Marion Jones ou Justin Gatlin ?

C’est très décevant évidemment. Quelque part cela n’a pas plus d’impact que ça. C’est sûr, cela a rendu notre sport moins beau. C’est arrivé et ça risque peut-être d’arriver encore mais ce qui est important, je crois, c’est de parler par exemple d’Alyson Félix qui va courir en 21 secondes ou que Tyson Gay nous rappelle que Carl Lewis avait fait un doublé 100-200. Ce n’était pas une bonne chose quand c’est arrivé et pas plus que ça aujourd’hui.

* Propos recueillis par Alexandre Sarkissian


Voir en ligne : Sports.fr

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