Mondiaux de Tokyo : Alphonse Simbu remporte le marathon à la photo-finish

Un suspense mondial sur la route de Tokyo
Lundi 15 septembre 2025, le marathon des Championnats du Monde d’athlétisme a offert aux amateurs d’endurance et d’émotion l’un des plus spectaculaires dénouements jamais observés sur la distance reine. Après plus de deux heures d’effort intense sous le ciel tokyoïte, Alphonse Simbu franchit la ligne d’arrivée dans un final aussi haletant qu’incertain, imposant au jury une photo-finish déterminante pour décerner la médaille d’or.

Un peloton en sursis
Dès les premiers kilomètres du parcours, tracé au cœur de Tokyo, les grands favoris restent groupés, surveillant le moindre mouvement. Jusqu’au trente-cinquième kilomètre, le peloton de tête ne se disloque qu’en raison de l’abandon de deux coureurs éthiopiens, Tadese Takele et Deresa Geleta, précédant le décrochage inattendu du tenant Victor Kiplangat, champion du monde en titre. La course se joue alors entre cinq hommes : Simbu, Petros, Aouani, Abel Chelangat et Haimro Alame, regroupés dans une ambiance électrique.

La descente et l’accélération
À l’approche du Stade national, dans la dernière descente menant aux 400 mètres de piste, Amanal Petros semble filer droit vers la victoire. Pourtant, Simbu, discret mais résolu, conserve de l’énergie pour le sprint final. Sur les soixante derniers mètres, il relance, fendant l’air comme un sprinteur sur du tartan, déposant Petros sur la ligne dans une lutte effrénée. Les chronos affichent 2h09’48’’ pour les deux hommes. La photo-finish départage finalement Simbu pour trois centièmes, tandis que l’Italien Ilias Aouani complète ce podium inattendu avec un temps de 2h09’53’’.

Un instant de doute et de soulagement
Le suspense dure quelques secondes encore, jusqu’à la confirmation officielle du classement. Simbu, balayant du regard les écrans du stade, apparaît soulagé à l’annonce de sa victoire. « Je ne savais pas si j’avais gagné. Quand j’ai vu les écrans vidéo et moi en haut des résultats, je me suis senti soulagé ». Petros, sportivement, accepte sa défaite du bout du dernier sprint, « comme un 100 m », félicitant chaudement celui qui aura su garder la fraîcheur mentale et physique jusqu’au bout.

Une première pour la Tanzanie
Ce sacre est une grande première pour Simbu, déjà médaillé de bronze aux JO de Rio en 2016 et aux Mondiaux de Londres en 2017, ainsi que pour la Tanzanie, qui n’avait jamais décroché l’or mondial sur marathon. Ce titre consacre la régularité et la maturité d’un marathonien qui s’était illustré cette année par une deuxième place au Marathon de Boston, et qui fut aussi septième du marathon olympique à Tokyo en 2021.

Un marathon hors normes
Ce marathon reste aussi dans les mémoires pour son faux départ, provoqué par le Kenyan Vincent Ngetich. Un incident rare obligeant les officiels à lancer le départ une seconde fois, ajoutant une touche d’imprévu à une course déjà marquée par la tension du final.

Le sprint final d’une carrière et d’une nation
La victoire d’Alphonse Simbu à Tokyo marque un tournant majeur dans l’histoire du marathon et du sport tanzanien. Entre maîtrise tactique, souffle jusqu’au dernier mètre et gestion parfaite de la pression, Simbu offre à son pays une médaille d’or qui vaut bien plus qu’un simple succès individuel. Ce marathon, épique et incroyablement disputé, restera longtemps gravé dans les annales de l’athlétisme mondial, prouvant une fois encore que chaque centimètre compte quand l’histoire se joue à la photo-finish.