Tokyo 91 : Morceli et la cloche
Publié le vendredi 18 janvier 2008 à 08h13min
Au lendemain des plus grands Mondiaux de l’histoire de l’athlétisme, Tokyo 91, le peuple Algérien se réveille avec deux belles "breloques" en or ! Hassiba Boulmerka et Noureddine Morceli. Deux Noms gravés dans la mémoire du sport en Algérie. Bien sûr que la championne du monde du 1500 m à Tokyo mérite autant d’intérêt que son compatriote, mais mon texte porte sur Morceli, son rôle historique dans le demi-fond et ce qu’il a apporté au 1500 mètres. L’algérien est considéré comme l’un des pères du "1500 m ultra-rapide", mais il est devenu célèbre aussi pour son dernier tour "mortel" pour ses adversaires, dans les grandes finales du 1500 m au début et au milieu des années 90 ( 91, 93, 95 et les JO 96).
Noureddine Morceli était sans doute l’un des "génie tactique" du mile, du début des années 90, jusqu’à ce qu’il tombe, en 1996 , en finale du grand prix à Milan, dans les mailles du filet de son successeur, le Marocain El Guerrouj. C’était inutile de demander à l’Algérien, avant une finale d’un grand rendez-vous, la tactique qu’il allait adopter. En effet, qui ne connait pas le dernier tour de Morceli ! L’Algérien, le plus grand miler du début et du milieu des années 90, est le premier athlète de l’histoire du demi-fond à descendre sous les 3’29" et sous les 3’28"... Successeur du grand Aouita et des britanniques Sébastien Coe et Steve Cram, l’algérien est triple champion du monde du quinze cent mètres (91,93 et 95) et champion olympique en 1996 à Atlanta. Adepte des " trains rapides ", mais aussi possédant un dernier tour magistral et foudroyant, il posa une " désagréable énigme " insoluble à ses amis milers.
La cloche a souvent sonné le glas de ses adversaires, lors des grandes finales auxquelles il a participé. Affûté physiquement, au corps d’un lévrier, au visage bien " taillé " et aux yeux assortis, on aurait dit que l’Algérien était né pour courir le mile ! Il possédait une tactique simple et efficace. Toujours bien placé dans le peloton, calé à la corde , en deuxième ou troisième position, pendant les deux premiers tours et demi. Au retentissement de la cloche, l’Algérien se réveillait, allumait ses moteurs....Dans la ligne droite, les carottes étaient déjà cuites, il se permettait même de s’arrêter nette juste avant la ligne d’arrivée et de la franchir presqu’en marchant ! Même les plus grands finisseurs de son époque n’y pouvaient rien !
On avait cette impression qu’il était muni d’un moteur pour chaque jambe, ces deux moteurs, que Noureddine prenait le soin de déclencher, au son de la cloche ! La cloche, cet outil précieux de l’athlétisme qui annonce aux coureurs du demi-fond qu’il leur reste 400 m à parcourir pour réaliser leur rêve ou au contraire vivre leur cauchemar ! On dit qu’au moyen âge, lorsqu’on enterrait les morts, on attachait un fil à leurs doigts et on attachait le fil à une petite clochette qu’on ressortait à l’extérieur de la tombe ! Ainsi si un passant remarque le bruit de la clochette, c’est que l’enterré est encore vivant !!! Génial, ce petit outil tout mignon, qui annonce aussi le temps dans les églises.... C’est mythique ! A la cloche, l’Algérien s’enfuit, s’enfuit et ne cesse de s’enfuir... On dirait un bandit, avec ses yeux qui tournent dans tous les sens, qui a piqué quelque chose de valeureux et qui a peur de se faire rattraper ! Eh oui ! N’allez pas chercher loin cet "objet fétiche" de Noureddine : la "chose valeureuse", n’est ni moins ni plus qu’une médaille d’or !
A Tokyo en 1991, son dernier tour a été chronométré en 51 secondes, à Stuttgart il le fait en 50" et à Goteborg il le boucle en 51" !!! C’est le "sprinter du mile" ! En 1997, alors que sa fin est toute proche, il a le courage d’affronter El Guerrouj au meeting de Charléty...Il termine deuxième. En grand champion, l’Algérien leva le bras de celui qui sera son digne successeur. Ce geste signifie la passation du pouvoir dans le monde des spécialistes du demi-fond. Alors Morceli déclara : "Hicham a du talent, il sera le premier athlète à courir le 1500 m en 3’25"...". Plus tard, en 1998, le Marocain bat le record du monde du 1500 m à Rome et court en 3’26"00 ! L’Algérien a été prophétique, à un centième près, dans sa déclaration ! En effet qui pourrait percevoir, sur un 1500 m, la différence entre 3’26"00 et 3’25"99...
Elu par le Quotidien L’Equipe, à un moment de sa pleine gloire, sportif des sportifs, Morceli restera dans les mémoires et dans l’histoire de l’athlétisme comme un énorme champion et grand tacticien du mile, qui a donné à cet outil qu’est la cloche, toute sa dimension ! Un grand hommage à ce champion et grand homme qu’a été et qu’est Noureddine Morceli.
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