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Yannick Djouadi : « Ce titre est une revanche personnelle »

Publié le jeudi 12 octobre 2006 à 14h19min

Le français Yannick Djouadi a créé une belle surprise en devenant, dimanche 8 octobre à Séoul, champion du Monde des 100 kms en 6h38’41", entraînant derrière lui l’équipe de France sur la deuxième marche du podium. L’aboutissement d’un parcours étonnant pour un athlète qui n’a découvert la course à pied qu’en 2000, et qui aurait dû faire carrière à vélo, dans le peloton du Tour de France. Entretien.

Yannick, quelle est votre première réaction de champion du Monde ?

Je suis heureux, mais c’est surtout une vraie surprise. J’y suis allé confiant, motivé, après ma 3 ème place aux championnats d’Europe (ndlr : au mois de juin cette année). Je voulais battre mon record personnel, et je visais une place dans les dix premiers. Après, il y a toujours le fantasme du podium... Mais premier, c’est une apothéose.

Racontez-nous votre course en Corée...

J’ai eu envie de partir vite, sur les bases de 6h25’, justement pour battre mon record. Dans le groupe de tête, nous étions deux français, avec Sandor Barcza, plus deux espagnols, dont le champion d’Europe en titre, et deux italiens. Ce fut une guerre psychologique. Sandor a bien travaillé dans le vent, tandis que j’ai cherché à garder de l’énergie. Je suivais le champion d’Europe espagnol. Mais vers le 55 ème kilomètre, tout le monde a craqué. Je n’ai pas compris pourquoi. J’ai décidé de tenter le tout pour le tout.

C’est dans mon caractère : j’aime les courses totales. J’ai un peu craqué au 70 ème km, mais mes poursuivants, que je voyais à chaque tour, ne m’ont rien repris. J’ai pris les vingt derniers kilomètres comme un semi-marathon, une nouvelle course qui débutait. « Qu’est-ce que c’est, 20 kms, dans une vie ? » me suis-je dit. Dans les 500 derniers mètres, je ne ressentais ni la douleur, ni la fatigue. Finalement, j’ai gagné avec quatre minutes d’avance, dans un temps qui n’est pas excellent. Mais les meilleurs étaient là.

Comment en vient-on à pratiquer le 100 km ?

J’ai commencé, petit, par la natation, mais je rêvais surtout de vélo, du Tour de France. Je me suis mis au cyclisme, où j’ai atteint le haut niveau. J’étais sur le point de devenir professionnel. Mais un accident m’a cloué sur un lit pendant un an et demi. Un vaccin contre l’hépatite B a eu des effets secondaires, et les anticorps se sont attaqués à mon organisme. Je me suis construit dans ces moments là. Quand j’ai retrouvé la santé, à 27 ans, il était trop tard à mon sens pour redevenir professionnel.

Plutôt que de rester cloîtré chez moi, j’ai voulu me remettre au sport, à la course à pied, à l’endurance, à partir de 2000. J’ai découvert le 100 km par hasard, en 2004, en remportant la course des championnats de France, où j’étais juste censé aider un copain. Mais je crois que c’est exactement la distance qui me convenait. Mon organisme s’y adapte, et ma foulée est naturellement rasante. Le cyclisme m’a permis de développer mon endurance, mais m’a empêché de travailler la vitesse. Le hasard m’a fait découvrir la course à pied, mais j’étais sans doute fait pour ça.

Comment considérez-vous votre victoire ?

Comme une revanche sur le sport, sur ce qui m’est arrivé. Je m’étais lancé un défi après ma maladie : que ma première course soit un marathon. Ce que je n’ai pas réalisé en cyclisme, je l’ai fait à la course. Je prends cela comme un signe du destin. Je n’ai jamais baissé la tête ni les bras. Aujourd’hui, je suis en bonne santé, j’ai une belle vie...

Comment trouvez-vous le temps de vous entraîner sur des distances aussi longues ?

J’ai repris, avec mon frère, une entreprise d’entretien et de réparation de matériel chirurgical. Je n’ai pas d’horaires fixes, donc je m’adapte. Cela me permet de m’entraîner. Non, vraiment, je n’ai pas à me plaindre...

Ce titre a dû vous ouvrir l’appétit ?

J’ai toujours essayé de concilier courses et voyages. Je prévois d’aller courir en Afrique du Sud, au Danemark... Et dès l’année prochaine, il y aura à nouveau les championnats du Monde et d’Europe de 100 km.


FFA

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