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Chine : Pas de pitié pour l’athlète estropiée


Publié le dimanche 1er juillet 2007 à 12h41min

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L’excès d’entraînement lui ayant déformé les pieds, la marathonienne chinoise Ai Dongmei ne pourra participer aux JO. Abandonnée par les autorités sportives de son pays, elle en est réduite, pour survivre, à revendre ses médailles, raconte le quotidien espagnol El Mundo.




Les médailles sont suspendues à un mur de la pièce modeste qu’Ai Dongmei partage avec sa famille, dans une vieille maison de Pékin. A côté des récompenses, une affiche annonce leur prix de vente : l’or à 1 000 yuans (100 euros), l’argent à 500 yuans (50 euros) et le bronze à 100 yuans (10 euros). Victime d’un système qui abandonne les perdants et les malchanceux, cette athlète chinoise, ancienne vedette nationale, en est aujourd’hui réduite à vendre de vieux vêtements et du pop-corn dans la rue. "Quand ils me voient, certains me reconnaissent et disent : ‘C’était pas la championne de marathon ?"

Les pieds déformés par les entraînements, la championne a dû prendre sa retraite il y a quatre ans. C’est alors qu’a commencé pour elle la course la plus dure. Le gouvernement chinois avait mis tous ses espoirs en elle pour l’épreuve de marathon des Jeux olympiques de 2008. Mais, quand les autorités sportives ont vu qu’elle ne pourrait plus jamais participer à une compétition, elles ont cessé de l’appeler, ont réduit ses aides et l’ont condamnée à une vie miséreuse. "Si un de mes enfants me disait qu’il veut se lancer dans l’athlétisme, je préférerais lui briser les jambes plutôt que de le laisser faire", assure-t-elle.

La Chine est bien décidée à devenir la première puissance sportive de la planète lors des Jeux qu’elle organisera l’année prochaine, une ambition qui ne laisse pas la moindre place au sentimentalisme. Le strict programme chinois commence par la sélection des enfants les plus prometteurs dans les garderies ; ils sont ensuite accueillis dans des camps où ils sont pensionnaires et auxquels les parents n’ont qu’un accès restreint. L’entraînement se prolonge jusqu’au moment où l’athlète a fait la preuve qu’il pouvait devenir un champion. Ceux qui n’atteignent pas le niveau suffisant ou qui se blessent sont laissés à leur sort et oubliés par le système.

Ai a été sélectionnée pour les programmes de haut rendement à l’âge de 10 ans, quand une équipe d’entraîneurs a visité son école, dans la province de Liaoning (nord du pays). Peu après, elle a intégré l’équipe d’athlétisme du ministère des Chemins de fer, l’une des plus prestigieuses de toute la Chine. Après avoir gagné les marathons de Dalian et de Pékin, elle a commencé sa carrière internationale en remportant les épreuves de plusieurs villes internationales. Sa retraite prématurée à 22 ans a été précipitée par son entraîneur, qui l’obligeait à parcourir 60 kilomètres par jour malgré ses lésions, alors que les médecins lui avaient recommandé un repos absolu. "Quand je n’ai plus pu courir du tout, personne ne m’a aidée, et je n’ai pas trouvé de travail parce qu’on m’a obligé à quitter l’école à 10 ans", se rappelle Ai.

Ai Dongmei reconnaît que la valeur sentimentale des médailles qu’elle a mises en vente est très supérieure aux sommes qu’elle peut espérer en tirer, mais elle assure ne pas avoir le choix. La vente ambulante dans les rues de Pékin lui rapporte à peine 2 ou 3 euros par jour, ce qui ne lui suffit pas à assurer l’entretien de sa fille et le paiement de son loyer.

La loi oblige les associations sportives à aider leurs anciens athlètes à trouver un emploi, mais seuls les grands champions ayant triomphé aux rendez-vous olympiques parviennent à gagner de l’argent en dehors des stades, soit en faisant de la publicité, soit en entraînant de futurs champions.

La situation d’Ai a provoqué un tollé national en Chine, où des milliers d’internautes affichent leur soutien à l’athlète et critiquent durement l’avarice des pouvoirs publics envers les sportifs de haut niveau à la retraite.

Les médailles de la championne n’ont pas encore trouvé preneur, et il est possible qu’en fin de compte sa propriétaire n’ait pas à s’en défaire. L’indignation populaire qu’a provoquée la nouvelle de sa situation a incité des centaines de gens à faire des dons à la famille pour arracher Ai à la misère et l’amener à retirer de la vente ces glorieux souvenirs.


Voir en ligne : Chine Informations

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