Chpts de France - Diagana : « Un niveau densifié »

A deux semaines des mondiaux à Osaka, Stéphane Diagana revient sur les championnats de France qui se sont tenus la semaine dernière à Niort en guise d’ultime répétition pour les athlètes français. Derniers réglages, surprise, déception, incertitudes, le président de la ligue professionnelle d’athlétisme nous livre ses impressions.

Quel bilan tirez-vous des championnats de France à Niort ?

On a vu un bon niveau de l’athlétisme français, un niveau qui s’est densifié. La plus belle performance est celle de Murielle Hurtis en série. Elle se situe aujourd’hui parmi les meilleures mondiales. Mais il est évident qu’on est pas dans une situation idéale avant les mondiaux car il y a quelques doutes et quelques incertitudes : de santé pour certains, de capacité à enchaîner les tours (quarts, demi, finale) et de maîtrise technique pour d’autres. Je pense notamment à Romain Mesnil qui a réalisé une barre de 5,50 m. On sait que la perche est très aléatoire mais on aurait aimé le voir plus près des 5,90 m qui lui permettraient de penser à un podium pour les mondiaux. Mais à la perche il y a beaucoup de variations. Il peut être très bien dans quelques semaines à Osaka. Concernant Ladji Doucouré, on aurait préféré, après ses 13"30 en demi-finale, le voir à 13"10 ou 13"15 en finale mais il a fait moins bien qu’en demie. Il y a donc encore des petites choses à travailler. Il reste du temps donc la situation pour Ladji est plutôt rassurante. A Niort, il était mieux que sur ses précédentes sorties mais pas encore tout à fait rassuré, ni lui ni son entraîneur. Mais c’est quelqu’un qui est capable de se surpasser dans les grands évènements et il a encore deux ou trois semaines pour corriger le tir.

Des déceptions ?

On attendait mieux de Naman Keita même si on savait qu’il était en difficultés. On pensait qu’il allait redresser la barre. Il était en recherche de sensations, en recherche de performances, sous la menace d’athlètes français qui normalement n’ont pas le même potentiel mais qui, là, étaient capables de le déstabiliser. Au final, c’est une 4 ème place pour Naman Keita donc c’est un peu la déception. On espère qu’il va retrouver son niveau. Il devrait prendre prochainement une décision concernant le 400 m haies car il n’est pas persuader de vouloir disputer cette course s’il ne se sent pas les moyens de faire quelque chose.

Où en est Eunice Barber ? Est-elle toujours incertaine à l’heptatlon ?

Elle se pose la question. Elle a pourtant battu son record au poids cette année, elle est bien à la longueur, elle a fait une bonne sortie à Reims qui était assez convaincante sur les haies. Maintenant, c’est son état de santé qui lui fait douter de sa participation à l’heptatlon ou sa préparation globale qui fait qu’elle ne se sent pas prête. Toutefois, elle a dit qu’elle travaillerait l’heptatlon jusqu’au moment où elle prendrait sa décision. On espère.

Que pensez-vous du cas Luevy Dovy, récemment mis en examen pour possession de substances dopantes ?

Il a fait le choix de ne pas participer aux mondiaux et je pense que c’est une attitude salutaire pour l’équipe de France. On aurait pu imaginer en cas de suspension prononcée, qu’une autre délégation obtienne la disqualification du relais tricolore. Il a pris la décision de ne pas courir, c’est respectueux vis-à-vis de ses camarades de l’équipe de France. Mais pour l’heure, il faut rappeler qu’aucune sanction n’a été confirmée. Dovy est actuellement en appel.

Vous êtes président de la ligue professionnelle d’athlétisme. Quels vont être les prochains dossiers de la Ligue ?

On va s’atteler aux dossiers de partenariats avec les organisations de meetings puisqu’on était en co-organisation avec cinq meetings cette année. On va faire un debriefing en septembre pour savoir avec quel meeting on repart et dans quelles conditions. Ca va être le gros dossier de la rentrée.

Un petit mot concernant l’accident de Salim Sdiri ? (ndlr : sauteur en longueur récemment blessé au foie et au rein par un javelot)

Ce sont des choses regrettables. L’athlétisme a une longue histoire et ça n’est jamais arriver comme ça sur un concurrent. C’était cependant déjà arrivé sur un juge qui n’avait pas vu la chose tomber. Depuis quelques temps les athlètes progressent, lancent plus loin. Le javelot avait déjà évolué il y a quelques années. On avait modifié son centre de gravité pour qu’il perde 20 mètres car les anciens records allaient à plus de 100 m. Mais maintenant il va à 85, 90, 95 m. Donc il y a deux solutions, soit on remodifie l’engin soit on procède à un changement de programmation, et quand il y a du javelot, il n’y a plus de longueur dans les conditions dans lesquelles ça s’est passé. Il va y avoir de nouveaux règlements. C’est évident.