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Du bitume à la cime : Aux frontières règlementaires du marathon et du trail

Publié le dimanche 1er juin 2025 à 13h13min

Le mot « marathon » évoque immédiatement une distance mythique : 42,195 kilomètres. Mais cette distance cache une réalité plus complexe, faite de balises techniques, de normes strictes et de distinctions fondamentales avec d’autres disciplines comme le trail. À l’heure où les formats de course se multiplient, comprendre les règles qui définissent un vrai marathon est essentiel. Cet article offre une plongée inédite dans les coulisses réglementaires du marathon et les écarts qui le séparent du monde plus libre du trail.

Ce que cache une distance mythique
Dans l’imaginaire collectif, le marathon symbolise l’endurance, la persévérance et l’universalité. Des milliers de coureurs se pressent chaque année au départ des grandes épreuves urbaines pour inscrire leur nom au tableau invisible de cette tradition moderne. Pourtant, peu connaissent les exigences strictes qui encadrent l’homologation d’un parcours de marathon. Car si courir 42,195 kilomètres semble être la seule condition pour revendiquer le nom « marathon », la réalité est bien plus nuancée. Entre précision topographique, critères de dénivelé et validation fédérative, la définition officielle d’un marathon se distingue par sa rigueur. À l’inverse, les courses en nature, souvent nommées trails, revendiquent une liberté plus grande, quitte à brouiller parfois les repères pour le grand public. Ce contraste entre rigidité urbaine et liberté sauvage reflète deux philosophies de la course. L’histoire, la technique et la réglementation s’entremêlent pour mieux éclairer cette frontière invisible entre deux univers du running.

Quand la route devient règle – la standardisation du marathon
Le marathon, dans sa forme moderne, est né avec les Jeux Olympiques d’Athènes en 1896. Mais ce n’est qu’en 1921 que la distance officielle de 42,195 kilomètres est fixée, en hommage au parcours réalisé lors des Jeux de Londres en 1908. Cette standardisation pose les bases d’une discipline mesurable, comparable et reproductible. Pour prétendre au statut officiel, un marathon doit répondre à des critères précis établis par World Athletics (anciennement IAAF) et l’AIMS (Association of International Marathons and Distance Races). Il s’agit non seulement de garantir l’exactitude de la distance – mesurée par des instruments homologués – mais aussi de contrôler les facteurs externes susceptibles d’influencer la performance.

Ainsi, le parcours doit présenter un dénivelé total descendant inférieur à un mètre par kilomètre. De plus, la distance linéaire entre le départ et l’arrivée ne peut excéder 50 % de la longueur totale de la course, pour éviter les aides potentielles du vent. Le but est simple : offrir à chaque athlète, sur chaque continent, les mêmes conditions de compétition, sans biais naturel ou logistique. Le bitume devient alors une scène mesurée, où l’exploit se joue dans un cadre égalitaire.

La mesure d’un parcours est une science à part entière. Les officiels utilisent un vélo équipé d’un compteur Jones calibré sur une distance de référence. Cette méthode permet une précision à quelques mètres près. Le moindre raccourci, le plus petit virage mal placé, peuvent invalider un record. C’est pourquoi les parcours doivent être certifiés régulièrement, et les marathons réputés disposent souvent de plusieurs années d’homologation.

En 2024, le programme des World Athletics Label Road Races comptait 303 courses labellisées, réparties comme suit :

  • 16 courses avec le Label Platine
  • 45 courses avec le Label Or
  • 65 courses avec le Label Élite
  • 177 courses avec le Label standard

Parmi ces 303 événements, plusieurs dizaines sont des marathons. Par exemple, en 2023, sur les 238 courses labellisées, 139 étaient des marathons . Bien que le nombre exact de marathons labellisés pour 2024 ne soit pas précisé, on peut estimer qu’il est similaire ou légèrement supérieur à celui de 2023. Il est important de noter que ces marathons labellisés sont répartis à travers le monde et doivent répondre à des critères stricts établis par World Athletics, notamment en matière de mesure de parcours, de qualité d’organisation, de participation d’athlètes élites internationaux, de couverture médiatique et de respect des règles antidopage.

Pour consulter la liste complète des courses labellisées, y compris les marathons, vous pouvez visiter le site officiel de World Athletics

Les labels World Athletics
World Athletics attribue des Labels aux courses sur route répondant à des critères stricts de qualité, de sécurité, de performance et d’intégrité. Ces Labels sont classés en quatre niveaux : Label, Label Élite, Label Or et Label Platine. Chaque niveau reflète le degré d’exigence et de prestige associé à la course.

  • Label (Standard) : Le Label est le niveau d’entrée pour les courses souhaitant une reconnaissance internationale. Les critères incluent :
    • Parcours mesuré conformément aux normes AIMS/World Athletics.
    • Chronométrage électronique avec résultats complets.
    • Fermeture du parcours à la circulation ou sécurisation adéquate.
    • Tests antidopage : minimum de 4 tests (2 hommes, 2 femmes), dont la moitié avec analyse EPO.
    • Engagement en matière de durabilité : obligation d’obtenir au moins 30 points sur la grille d’évaluation environnementale de World Athletics.
  • Label Élite : Le Label Élite s’adresse aux courses de haut niveau avec une participation internationale significative. Les exigences supplémentaires comprennent :
    • Présence d’au moins 5 athlètes par sexe ayant réalisé des performances conformes aux standards de World Athletics dans les années précédentes.
    • Prix minimum garantis : par exemple, pour un marathon, 15 000 $ pour le 1er, 7 500 $ pour le 2e, 5 000 $ pour le 3e.
    • Tests antidopage : minimum de 8 tests (4 hommes, 4 femmes), avec analyses EPO.
    • Durabilité : au moins 45 points sur la grille d’évaluation environnementale.
  • Label Or : Le Label Or est attribué aux courses de prestige international, souvent diffusées à l’échelle mondiale. Les critères incluent :
    • Participation d’au moins 5 athlètes par sexe avec un statut Or ou supérieur.
    • Prix minimum garantis : par exemple, pour un marathon, 30 000 $ pour le 1er, 15 000 $ pour le 2e, 10 000 $ pour le 3e.
    • Diffusion en direct ou différée dans au moins 10 pays.
    • Tests antidopage : minimum de 10 tests (5 hommes, 5 femmes), avec analyses EPO.
    • Durabilité : au moins 60 points sur la grille d’évaluation environnementale.
  • Label Platine : Le Label Platine représente l’excellence absolue dans l’organisation de courses sur route. Les exigences sont les plus strictes :
    • Participation d’au moins 3 athlètes par sexe avec un statut Platine, et 4 athlètes supplémentaires avec un statut Or ou supérieur.
    • Diffusion en direct dans le pays hôte et dans au moins 20 pays à l’international.
    • Tests antidopage : minimum de 12 tests (6 hommes, 6 femmes), avec analyses EPO.
    • Durabilité : au moins 90 points sur la grille d’évaluation environnementale.

Le trail, une course affranchie des lignes droites
Face à cette précision cartésienne, le trail court en dehors des clous. Même lorsqu’un trail couvre la même distance qu’un marathon, il ne peut en aucun cas être reconnu comme tel par les instances officielles s’il ne respecte pas les critères de mesure, de dénivelé et de configuration. Et pour cause : en trail, le terrain dicte sa loi. Montagnes, forêts, cailloux, rivières, sentiers en balcon ou pierriers abrupts composent un théâtre chaotique où la régularité est impossible.

Le trail se distingue ainsi par sa nature même : il est pensé comme une immersion dans l’environnement, une épreuve d’adaptation plus que de vitesse pure. Certains trails de 42 km peuvent nécessiter le double ou le triple du temps d’un marathon classique, en raison des pentes ou des passages techniques. L’absence d’homologation stricte donne aussi une grande liberté aux organisateurs : les distances peuvent varier légèrement, les balisages peuvent évoluer d’une édition à l’autre, et le chrono perd souvent de son importance au profit de l’expérience vécue.

Pourquoi un trail de 42 km n’est pas un marathon
La confusion vient souvent de la distance : 42 kilomètres, c’est la même chose, non ? En réalité, pas du tout. Un trail, même de 42 km, peut présenter 2 000 mètres de dénivelé, des portions non courables, ou des segments en altitude. De plus, la distance n’est pas toujours mesurée avec la même rigueur scientifique. Le mot « marathon » reste donc réservé à des parcours validés selon les critères de World Athletics. À noter : les coureurs de trail eux-mêmes revendiquent cette différence, fiers de leur discipline « hors norme ».

Deux cultures, deux mondes ?
Derrière la différence technique se cache une divergence culturelle profonde. Le marathon sur route est historiquement lié aux grandes métropoles, aux rassemblements populaires et aux records. Il est cadré, chronométré, soutenu par des sponsors et des fédérations. Le trail, à l’inverse, puise dans un imaginaire plus sauvage, plus individuel, parfois même spirituel. Il valorise la solitude, la gestion de soi, la beauté du paysage et la météo changeante. La préparation mentale, la résistance musculaire et la connaissance du milieu naturel y sont primordiales.

On observe pourtant des passerelles. De plus en plus de marathoniens se tournent vers le trail pour explorer une autre forme de challenge, moins liée au chrono et plus connectée à la nature. Et inversement, certains traileurs viennent sur route pour se tester dans un cadre plus codifié. Ce dialogue enrichit les deux disciplines, sans effacer leurs différences fondamentales.

Un mot, deux réalités
Au terme de ce voyage entre l’asphalte et les sommets, il apparaît clairement que la dénomination « marathon » ne peut être réduite à une simple distance. Elle repose sur une définition technique, historique et institutionnelle. Les 42,195 kilomètres du marathon ne sont pas seulement un chiffre symbolique, mais une promesse d’équité, de comparaison et de performance dans un cadre mesuré.

À l’inverse, le trail revendique son flou, son irrégularité, son ancrage dans le terrain et dans l’instant. Ce n’est pas une question de hiérarchie, mais de philosophie. En comprenant les règles précises qui définissent un marathon, on mesure mieux ce que le trail a choisi de refuser : la ligne droite, le chrono absolu, l’uniformité. Deux disciplines, deux récits. Mais une passion commune : courir libre, quel que soit le terrain.

Le saviez-vous ?

  • Le Marathon de Boston, bien que mythique, n’est pas éligible aux records du monde à cause de son dénivelé trop descendant.
  • Certains trails comme le Marathon du Mont-Blanc mesurent environ 42 km mais sont classés comme « courses de montagne ».
  • Pour obtenir une certification officielle de marathon, le parcours doit être validé par des commissaires agréés et peut coûter plusieurs milliers d’euros à homologuer.

À retenir

  • Marathon : distance normée, parcours mesuré, chrono officiel.
  • Trail : terrain libre, dénivelé variable, expérience immersive.

Même passion, mais deux mondes bien définis.

En quoi le WMM diffère de World Athletics

Abbott WMM World Athletics
Circuit fermé, sélectif (7 marathons majeurs + quelques extensions) Programme ouvert à plusieurs centaines de marathons
Vitrine d’élite, attractif pour les professionnels et les médias Certification technique de courses, sans notion de circuit
Basé sur des critères d’image, d’histoire, de prestige et de compétition élite Basé sur des normes techniques : parcours, sécurité, mesure, logistique
Gère aussi des compétitions amateurs (Six Star, age group, etc.) Ne propose pas de classement amateur global

Voir en ligne : Marathons

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