Émilie Mondor n’a pas été oubliée
Publié le dimanche 5 novembre 2006 à 00h00min
Catherine Ndereba sirotait un thé fumant en feuilletant le programme officiel du marathon de New York, vendredi matin, sous une tente transformée en salle de presse, à Central Park.
Après avoir répondu à quelques questions de journalistes spécialisés, la légendaire marathonienne kényane avait cédé le plancher à l’Italien Stefano Baldini, champion olympique.
Peut-on vous interrompre ? s’est fait demander Ndereba par le représentant de La Presse, « acceptant » de se laisser conduire jusqu’à la section des coureurs d’élite. Y figurait un encadré à la mémoire d’Émilie Mondor, morte tragiquement à l’âge de 25 ans dans un accident de la route survenu le 9 septembre. On y raconte à quel point la coureuse de Mascouche se réjouissait à l’idée de vivre son baptême de l’épreuve mythique dans les rues de la Grosse Pomme.
Vous la connaissiez ? « Oui, bien sûr », a répondu Catherine la Grande, gagnante de quatre marathons de Boston et de deux marathons de Chicago.
« Vous savez, je suis le sport de près, a-t-elle enchaîné en constatant le léger étonnement du journaliste. Je savais qu’elle était aux Jeux olympiques d’Athènes, comme moi. Mon gérant m’a appris la mauvaise nouvelle dans un courriel. J’en ai été très désolée et attristée. »
Ndereba, 34 ans, ignorait cependant que l’organisation du marathon de New York honorerait Mondor en offrant la possibilité aux coureuses du peloton élite de porter un ruban noir à sa mémoire.
L’initiative a été prise conjointement par le club New York Road Runners (NYRR), organisateur du marathon, et de l’Américaine Deena Kastor, l’une des trois ou quatre favorites pour l’emporter aujourd’hui. Une petite cérémonie devait également avoir lieu, hier, dans la suite hospitalière des athlètes, située dans un hôtel du centre-ville. Une photo laminée de Mondor y a été exposée.
« En discutant avec d’autres athlètes, on a estimé qu’il s’agissait d’une belle et respectueuse façon d’honorer Émilie. Elle sera certainement parmi nous dimanche », a mentionné Sam Grotewold, gérant des athlètes professionnels pour NYRR, qui a échangé plusieurs courriels avec la Québécoise dans le cadre de son inscription.
Un moment qu’elle attendait
Mary Wittenberg, directrice et véritable dynamo du marathon de New York, s’est dite elle-aussi touchée par le décès de la Québécoise.
« Nous étions emballés à l’idée qu’elle fasse ses débuts à New York, a confié Wittenberg, jeudi. Je sais qu’elle attendait ce moment avec impatience. Elle représentait une telle force positive dans notre sport. Il y aura un vide au sein de notre peloton d’élite dimanche. »
Au cours des deux dernières années, Deena Kastor s’est entraînée à quelques reprises avec Mondor à Mammoth Lakes, en Californie. Depuis 2001, quelques-uns des meilleurs marathoniens américains y sont installés afin de profiter des bienfaits de l’entraînement en altitude (2400 mètres).
« Émilie était très dévouée à son sport et excitée de sa conversion au marathon, a déclaré Kastor, plus tôt cette semaine. Les New York Road Runners ont rendu disponibles des rubans noirs. Même si elle n’y sera pas, elle sera bien représentée sur la ligne de départ. »
Kastor sera elle-même bien placée pour s’en charger.
Depuis une semaine, son nom et son visage scintillent sur les autobus, dans les stations de métro et dans les journaux de la Grosse Pomme.
Dans ce qui s’annonce comme l’un des marathons de New York les plus relevés de l’histoire chez les femmes, Kastor, 33 ans, figure avantageusement dans la colonne des favorites.
Médaillée de bronze aux Jeux olympiques d’Athènes et gagnante du marathon de Chicago de 2005, elle est devenue la première Américaine à passer sous les 2h20 lors de sa victoire à Londres (2h19:36), au printemps.
Cette année, Kastor, une ancienne coureuse de 10 000 mètres, a fait l’impasse sur le marathon de Chicago dans l’espoir de s’imposer à New York, ce qu’aucune Américaine n’a réussi depuis Miki Gorman, en 1977. Une victoire la propulserait au firmament des stars et confirmerait du même coup le nouvel âge d’or du marathon américain annoncé par plusieurs observateurs.
Les rivales de Kastor sont toutefois nombreuses : la Lettonne Jelena Propokcuka, tenante du titre, Ndereba, qui a fini première ou deuxième à ses 15 dernières sorties, et sa compatriote Rita Jeptoo, favorite des pronostiqueurs.
« Il s’agit, de loin, de la course la plus relevée à laquelle je participe, incluant les Jeux olympiques », a affirmé Kastor.
On en connaît une qui va pousser pour elle.
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