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JO 2012 : La bataille de Londres a commencé


Publié le lundi 18 juillet 2005 à 13h30min

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Les performances des sportifs français sont en constante progression. Déjà, le pays se prépare à engranger les médailles et le repérage des meilleurs espoirs est lancé.




Paris a perdu les JO, mais la France n’a pas perdu la guerre, la vraie, celle des médailles. Avant l’élection de Londres, le 6 juillet, Jean-François Lamour, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, avait lancé l’objectif de 50 médailles françaises aux Jeux de 2012 s’ils se déroulaient à Paris. Bien que titanesque, le pari n’est pas impossible, mais, pour les athlètes, les Jeux de Londres se préparent dès maintenant. Le sport étant devenu une science, les statistiques sont implacables. Depuis les Jeux de Séoul - qui ont marqué la fin des boycotts politiques des JO de 1976, 1980 et 1984 - la France n’a quasi pas cessé de grappiller des places au classement général : 16 médailles à Séoul (1988), 29 à Barcelone (1992), 37 à Atlanta (1996), 38 à Sydney (2000) et 33 à Athènes (2004). Douzième nation de la planète olympique aux Jeux de Los Angeles (1984), l’Hexagone se situe désormais entre le 5e (Atlanta) et le 7e (Athènes) rang mondial.

Ceux qui participeront aux Jeux de 2012 ont 19 ans. Nous en connaissons déjà les deux tiers »

Organiser les Jeux à domicile dope les performances. L’inverse est moins sûr. La courbe de tendance - calculée à partir des statistiques de l’Espagne, de la Chine, de l’Australie et de la France à partir de 1988 - tablait sur un total de 48 médailles françaises aux JO de 2012. Faut-il revoir cet objectif à la baisse ? « Non, répond Gwendal Peizerat, champion olympique de danse sur glace à Salt Lake City. Il ne faut surtout pas sabrer les budgets qui devaient être alloués à Paris 2012 pour rafler le plus de médailles possible aux Jeux de Londres. Et se venger sur le terrain. »

Sans attendre le vote du CIO, certains sports ont voulu anticiper. La Fédération française d’athlétisme (FFA) a, par exemple, créé une cellule baptisée « Destination 2012 » et pilotée par trois cadres techniques. « Lors des trois derniers JO, 70% des athlètes de l’équipe de France olympique étaient dans les sélections juniors et espoirs, explique Olivier Belloc, responsable du dossier. La moyenne d’âge d’un athlète aux Jeux olympiques est de 26 ans. Ceux qui participeront aux Jeux de 2012 ont donc 19 ans aujourd’hui. Nous en connaissons déjà les deux tiers. » Ceux-là bénéficieront d’un suivi très personnalisé, même si les budgets sont revus à la baisse.

« Nous voulons lancer les jeunes dans le haut niveau mondial dès l’âge de 16 ans »

« Ils seront une centaine, poursuit Olivier Belloc, regroupés dès septembre pour créer un esprit d’équipe. Pour les 30% que nous ne connaissons pas encore, quelqu’un sera chargé d’aller “donner des coups de pied dans les tours des banlieues” pour faire tomber des Ladji Doucouré ! », le champion du 110 mètres haies. C’est Jean-Paul Bourdon, chargé des relations entre la FFA et le monde scolaire, qui « secouera » les immeubles. « L’idée est de continuer à tisser des liens très étroits entre les écoles et les clubs d’athlétisme, explique-t-il. Et nous avons 156 professeurs d’EPS qui entraînent dans les lycées et collèges. » Soit autant de « recruteurs » officieux.

Autre exemple : celui du ping-pong. La Fédération française de tennis de table (FFTT) a créé il y a un an le Groupe France Promotion (GFP). Son principe ? Sélectionner dix pongistes à partir de 15 ans et les sortir du système français pour qu’ils intègrent le Top 80 mondial avant qu’ils aient 20 ans. « Après, c’est trop tard, affirme Michel Gadal, directeur technique national (DTN) de la FFTT et ex-responsable du haut niveau en Grande-Bretagne. Nous recrutons des enfants dans les écoles à partir de 6 ans. » La génération du grand Jean-Philippe Gatien s’est éteinte et, depuis, aucun champion de niveau mondial n’a éclos. « Nous voulons lancer les jeunes dans le haut niveau mondial dès l’âge de 16 ans, poursuit Michel Gadal, comme le font les Chinois et les Japonais. Etre compétitifs aux JO de Pékin serait un exploit, mais nous bossons pour ceux de 2012. Ils n’auront pas lieu à Paris, comme nous l’espérions, mais ils auront lieu tout de même. » Coût par jeune : environ 25 000 euros par an.

En natation, la stratégie olympique de l’équipe de France a été engagée dès 1996. Un seul principe : resserrer l’élite en augmentant les exigences des sélections. Un choix qui a payé aux Jeux d’Athènes, où la France a récolté 6 médailles - un record. « Pour 2012, nous souhaitons emmener encore plus de nageurs, soit deux par catégorie, explique Claude Fauquet, DTN de la fédération. Mais nous voulons conserver les mêmes exigences. Le risque de notre politique serait de décourager les plus jeunes qui peinent à entrer en équipe de France mais c’est le prix à payer. Claude Fauquet ne veut emmener à Londres que des nageurs susceptibles de monter sur le podium ou, au moins, d’accéder à une finale. Preuve de la sévérité de la sélection : en 2003, Malia Metella ne s’était pas qualifiée pour les championnats d’Europe, mais elle est devenue vice-championne olympique l’année suivante sur 50 mètres nage libre. » Moins brillants que les nageurs, les poloïstes et les plongeurs souffrent du manque d’infrastructures. « Pour fabriquer des plongeurs, il faudrait cinq sites d’entraînement, note Fauquet, et nous n’en avons presque pas. Même à l’Insep, il n’y a pas de tremplin de haut vol en état ! »

Avant de rêver de médailles, il faudra donc jouer les bâtisseurs. La rénovation de l’Insep sera achevée en 2008. Coût : 115 millions d’euros. Autres bonnes nouvelles : le centre aquatique olympique d’Aubervilliers (quatre bassins, dont un dédié au plongeon), qui devait être l’un des points forts de Paris 2012, sera prêt en 2010. C’est Dominique de Villepin qui s’en est porté garant. « Nous construirons les infrastructures sportives que nous avions envisagées et qui manquent à notre pays : le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines, la base nautique de Vaires-sur-Marne et la piscine olympique d’Aubervilliers », a indiqué le Premier ministre, le 7 juillet, pour rassurer le mouvement sportif.

Conscients du vide générationnel en handball féminin, les responsables de l’équipe de France l’ont rajeunie de façon radicale. En sports collectifs, l’âge idéal pour gagner aux JO est de 28 ou 29 ans. « Près de 90% de l’effectif a été changé, explique le DTN, Philippe Bana. Nous avons fait un audit complet sur 50 jeunes filles susceptibles d’être sélectionnées pour 2012 à Londres. Nous nous mettons en difficulté aujourd’hui pour être compétitifs en 2008-2012. » Parallèlement, la France compte bien organiser le Mondial féminin 2007 et - pourquoi pas ? - mettre sur pied une ligue professionnelle, comme au Danemark, pour accompagner les meilleures Françaises jusqu’en 2012. « L’équipe de France masculine sera mûre pour les JO de 2008, poursuit Philippe Bana. Mais, après, il y aura une vraie rupture. Nous nous cassons la tête actuellement pour trouver des garçons de 14, 16 ou 18 ans qui pourront être là en 2012. »

Les entraîneurs d’aviron, de gymnastique ou d’escrime devront aussi se « casser la tête » pour voir leurs athlètes briller en 2012. L’éventail des méthodes est infini. Et les chances de réussite sont variables. « Les JO de 2000 avaient débuté en 1993, conclut Jean-Pierre de Vincenzi, le DTN de la Fédération française de basket-ball. Ceux de 2012 ont commencé le 6 juillet. » Pas exactement comme les Français le souhaitaient, mais, aujourd’hui, pleurer ne sert plus à rien.

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