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L’apport d’El Guerrouj au 1500 m et essai sur la conception des manières guerroujiennes


Publié le vendredi 11 février 2005 à 21h19min

Hicham El Guerrouj aura 31 ans le 14 septembre 2005. Même si le Marocain a annoncé qu’il fera ses adieux à l’athlétisme en 2006, on peut d’ores et déjà estimé que sa superbe carrière sur le 1500 m a pris fin, en Août dernier à Athènes, par le fabuleux dénouement qu’on lui connaît. Donc l’ère du "TGV" d’Ifrane touche à son "Terminus". Mais, Quelle carrière que celle d’El Guerrouj ! Sans nous assommer de chiffres, on peut la résumer ainsi : quatre titres mondiaux, quatre Golden League, trois records du monde, deux titres olympiques, 33 chronos sous les 3’ 30", 87 victoires sur 92 courses (1500 et mile) disputées, sans parler de ses titres et records en salle !




Selon les spécialistes de la course à pieds et les anciennes gloires du demi-fond, le Marocain a maîtrisé le 1500 m comme personne ne l’avait fait avant lui. Ses exploits de Séville 99, de Bruxelles 2002, de Paris 2003, d’Athènes 2004 et le fait qu’il a couru cinq fois en 3’ 26" et quatre fois en 3’ 27", le prouvent largement !
Entre lui et le 1500 mètres, c’est une fabuleuse histoire d’amour qui a connu deux blessures profondes et déterminantes. En effet, la grandeur de sa carrière, il faut peut-être la chercher dans les deux failles de son Palmarès, la chute d’Atlanta et la défaite de Sydney. Il disait : "le fait que je sois tombé en 1996, m’a rendu encore plus fort et mon échec en Australie m’a donné envie de doubler à Athènes !"

Gentelman dans la vie, intraitable sur les pistes, disposant d’une belle foulée facile, ample et peu énergétique, El Guerrouj donne l’impression de mouliner alors que les autres sprintent derrière lui !
Né à Berkane, au Nord-Est du Maroc, donc compatriote d’Aouita, mais aussi proche du pays de Morceli, le Marocain est vite séduit par la course à pieds, et veut ressembler à ses deux prédécesseurs qu’il prend pour guides. Calme et patient comme son père, aimant les défis et très ambitieux comme sa mère, il a réalisé tous ses objectifs. De 1996 à 2004, il a rendu le sourire au demi-fond. Le 1500 mètres est devenu la discipline reine de l’athlétisme, encore plus séduisante et plus attractive que le 100 mètres ! El Guerrouj a révolutionné le mile ; son ère est marquée par la naissance et l’avènement de la tactique qu’il imposa dès les Mondiaux d’Athènes en 1997, à savoir, le lancement du sprint de loin, un sprint long , à 700m ou à 800m de l’arrivée, donnant des accélérations progressives et bien proportionnées. Il a régné sans partage comme un grand maître incontesté et incontestable , grâce notamment à ses capacités hors normes à suivre les lièvres sur des trains très rapides, et pouvoir relancer après 1000m de course. Il lui est même arrivé de passer aux 1200m en 2’ 44", en 2002 à Rieti, pour finir dans un chrono de 3’ 26" 96 ! A Bruxelles, la même année, au meeting G.L, il a été piège par les lièvres, partis trop rapides (51" au premier 400 !), mais il n’a pas ralenti, menant lui même la course en tête et a franchit la ligne en 3’ 29" 95 ! A Séville en 1999, il court en 3’ 27" 65, à l’aide d’un seul lièvre passé aux 800 en 1’ 52", avec deux secondes de retard par rapport au temps de passage de son propre record du monde ! A Paris 2003, il passe aux 800m en 1’ 56"et finit en 3’ 31", tout en ayant derrière lui Mehdi Baala qui a couru le 800m en 1’ 43" ! Mais le plus bel exploit, c’est à Athènes 2004, dans une course tactique, relativement lente dans sa première partie, El Guerrouj prend la tête après 700m passés en 1’ 47" et court les derniers 800m en 1’ 46" 7, tout en étant suivi de très près par Bernard Lagat qui avait couru à Zurich en 3’ 27" ! Quelle maîtrise ! Et Quelle confiance en ses moyens ! Donc à la différence de ses prédécesseurs, le Marocain s’est toujours comporté en patron dans ses courses, ne laissant le commandement à personne, et sans se soucier des adversaires qu’il a derrière lui, et ceci quelque soit leur niveau. C’est là, l’un de ses grands mérites. Et si on ajoute à tout cela, qu’à Athènes encore et encore, touché par la grâce, il bat le recordman du monde du 5000m Kenenisa Bekele, et réédite l’exploit de la plus grande légende de la course à pieds, le finlandais Paavo Nurmi, 80 ans après, à savoir le fameux doublé olympique 1500-5000m, on pourra alors dire, sans trop se tromper, qu’El Guerrouj est tout près d’être le plus grand coureur du demi-fond de l’Histoire, si ce n’est le meilleur comme le pensent Kip Keino et Stev Cram.

Hicham El Guerrouj s’apprête donc à quitter la scène du 1500 mètres, sa distance de prédilection, sa bien-aimée ! Cependant, il laissera derrière lui des "manières" de courir le mile, des stratégies technico-tactiques, une méthode et une image de miler surdoué au destin incroyablement bien tourné, qui fait de lui un mythe vivant ! Jamais rassasié, allant jusqu’au bout de ses limites, toujours à la recherche d’autres défis. C’est le "guerroujisme". L’année dernière, on a entendu Baala dire que Hicham lui a conseillé de se comporter en patron, il l’a fait et il a gagné en 3’ 30", et Lagat dire que Hicham lui a appris à transformer chaque 1500m en course de vitesse du début à la fin, et ça lui a permet de courir en 3’ 26" et en 3’ 27". Les premiers "guerroujistes" ? Peut-être ! On en est qu’au début, nul doute que le demi-fond "guerroujien" aura plus d’un adepte, et que l’avenir lui appartient.

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