Ladji Doucouré : « Plus jamais ça »

Ladji, comment vous sentez-vous un mois après la reprise de l’entraînement ?

Petit à petit, mes séances d’entraînement commencent à ressembler à de l’athlétisme. Quand j’ai repris il y a un mois, l’objectif était de faire du dégraissement. C’est pour cela que j’ai touché à la boxe, au vélo… Je devais transpirer pour retrouver une condition physique convenable. A partir de la semaine prochaine, je vais attaquer avec le groupe un travail plus technique sur les haies, le tout agrémenté de courses. La saison avance et ça va le faire.

Dans quel état d’esprit aviez-vous repris le chemin de l’INSEP ?

Pékin restera gravé dans ma tête, tout comme les JO d’Athènes. J’ai loupé deux grands évènements et je ne suis pas prêt de l’oublier. Je me dis : « Plus jamais ça ». Maintenant, j’espère que la troisième (Londres 2012) sera la bonne. L’expérience de ces dernières années va me servir. Je dois répondre présent à tous les grands championnats. Mais j’ai appris des choses, tout n’est pas négatif. A Pékin, c’était un combat individuel contre moi-même. Tout le monde me disait en mai que c’était mort pour Pékin. J’ai voulu prouver que j’étais un combattant alors que j’avais seulement trois mois devant moi pour préparer les Jeux. Je suis allé à Pékin, j’ai bousculé mes adversaires, même si mon objectif était de les faire tomber. Tout le monde l’a vu, j’étais très déçu après la finale. Il y a eu des larmes de tristesse. Mais aujourd’hui, je veux remonter tout en haut. Il va falloir compter sur moi.

Concrètement, par quoi cela peut-il se traduire ?

C’est très simple, je veux tout gagner : les championnats d’Europe en salle en mars à Turin et les championnats du monde en août à Berlin. J’en suis capable. Le Chinois (Liu Xiang) l’a fait pendant quatre ans, même s’il a loupé les Jeux cette année. Je veux marcher sur ses traces et tout gagner. Pour y arriver, je vais devoir battre tous mes records. Cela commence par mes 7"42 en salle sur 60 m haies. Mon objectif est de descendre sous la barre des 7"40. Cela me permettrait de rentrer dans le cercle fermé des hurdhleurs (9 athlètes) qui ont couru en moins de 7"40. Pour le 110 m haies, je veux repasser sous les 13" (record en 12"97). C’est bien de l’avoir fait mais une fois, ce n’est pas suffisant. Généralement, quand tu bats tes records, tu es bien payé. Je sais que ce n’est pas dans la mentalité des français d’annoncer des objectifs élevés mais il faut savoir que si je m’entraîne tout au long de l’année, ce n’est pas pour terminer 3 ème. Comme mes concurrents, je travaille pour gagner.

Contrairement aux quatre dernières saisons, vous n’allez plus partir en stage en janvier aux Etats-Unis. Pourquoi ?

Parce que j’ai prévu d’effectuer ma rentrée début février alors que je me frottais habituellement aux coureurs américains dès la mi-janvier. Je vais donc partir en stage au Sénégal. Je suis très heureux, cela me permet de retourner sur les terres de ma mère. Les conditions seront en plus excellentes. Nous allons fonctionner ainsi cette année et on verra en 2010 si on repart aux Etats-Unis.

On a appris le week-end dernier que vous ne faisiez plus partie du relais 4x100 m. Vous confirmez ?

En fait, cela fait un bout bon de temps que je suis en relation avec Vincent Clarico, le nouvel entraîneur du relais français. Vincent est un ancien hurdhleur, on parle donc le même langage. Il souhaite que tous les athlètes s’investissent à 100 % sur le relais mais aujourd’hui, j’en suis incapable. Je ne peux pas mettre un programme de compétitions en place sur 110 m haies en fonction des différents rassemblements du relais. Je préfère être honnête vis-à-vis des autres athlètes, je ne peux pas jouer le jeu à fond.