Marathon du vignoble d’Alsace : Abdelkerim s’échauffe

« C’était comme un long footing ». Abdoulaye Abdelkerim n’est même pas marqué par l’effort. Le Tchadien de la Robertsau vient pourtant de pulvériser le record établi en 2005 par Dominique Chauvelier et de couvrir le marathon du Vignoble à Molsheim en 2h34’06" (contre 2h39’28" à l’ancien multiple champion de France). Certes, le parcours a quelque peu changé en cinq ans et est devenu un peu plus roulant. Mais tout de même. Inscrit de dernière minute parmi les 2200 participants des trois courses de cette matinée dominicale (marathon, semi et 10 km), Abdelkerim a très vite tué le suspense. « Je me suis détaché dès le 4 ème km et j’ai tenu un rythme de 3’30" au kilomètre jusqu’au 38 ème, avant d’accélérer un peu sur la fin. Honnêtement, je n’ai pas assez souffert. Lundi, j’irai courir une bonne heure. D’habitude, je m’astreins à des séances de 1h30 bien plus toniques ».

Non-spécialiste du marathon (Ndlr : il a tout de même signé un chrono de 2h20 lors de sa précédente tentative à Stockholm en 2008), Abdelkerim ne s’est inscrit que samedi à 17h. Et sa présence a découragé les autres prétendants. À commencer par son dauphin, le Savernois Michaël Boch, lauréat en 2007 et repoussé à 7’40, malgré un chrono bien meilleur qu’il y a trois ans (2h41’46" contre 2h44’10"). « Abdou est un copain et il n’y a pas de problème. Mais quand il dit qu’il s’est inscrit au dernier moment, il bluffe. En fait, il avait prévu de venir depuis longtemps et avait déjà vendu son prix (Ndlr : des bouteilles de vin) avant même de l’avoir gagné. Moi, si j’avais gagné, j’aurais goûté le vin (sourire). Je ne suis pas frustré, parce qu’Abdou est pro. C’est un athlète qui a le potentiel pour participer aux Jeux Olympiques ».

Sur la 3 ème marche du podium monte le Strasbourgeois Yves Ducret (en 2h47’31") qui, pour ses 42 ans, s’est offert son premier 42,195 km. L’homme qui vaut 1’57" sur 800 m, 3’55" sur 1500 m, 31’50" sur 10 km et 1h10’ sur semi signe un temps plus qu’honorable (2h47’31") et chipe la 3 ème place au coureur de l’AC Centre Alsace, Julien Perol (2h49’20"). « Je voulais terminer d’abord, faire moins de 3h ensuite. En fait, je voulais surtout faire ça une fois dans ma vie. L’année de mes 42 ans était idéale, même si entre ma vie dans un groupe de rock et mon boulot à La Poste qui m’oblige à me lever à 4h, il n’est pas facile de s’astreindre à une certaine hygiène de vie. Franchement, je suis content ».

Sattler en rêvait

Contente, la première féminine, l’Allemande de Wiesbaden Annette Sattler, licenciée à Francfort, l’est aussi. Troisième en 2009 en 3h25’57", elle s’impose cette fois en 3h21’55". « C’est ma 3 ème participation. Il y a deux ans, j’étais repartie avec le sentiment que Waterloo était en Alsace. Il faisait une chaleur torride et je n’avais pas supporté. Ce jour-là, j’ai fait la course la plus lente de ma carrière. Depuis, je rêvais de gagner à Molsheim ».

Dimanche, l’Allemande a longtemps couru derrière la lauréate 2009, Stéphanie Ponthus, dont le record (3h17’55") tient toujours. Au 30 ème km, cette dernière a faibli, pour terminer 3 ème en 3h29’36" derrière la Sélestadienne Marie-Christine Schatz (3h28’45"). « À cause d’une fracture de fatigue, j’ai dû m’arrêter deux mois », explique la Française domiciliée en Suisse. « Il n’y a pas de miracle. On ne se lève pas un dimanche matin en pensant qu’on va gagner un marathon. Je savais que ce n’était pas jouable, mais c’est une petite déception quand même. L’an passé, j’avais mis 13 minutes de moins ».