Mondiaux de Tokyo : 4ème titre mondial sur 1500 m pour Faith Kipyegon

Records à la pelle, titres en cascade, la Kényane Faith Kipyegon, continue à 31 ans d’écrire l’histoire du demi-fond et d’inspirer les mères athlètes, après avoir décroché son quatrième sacre mondial sur 1500 m mardi à Tokyo.

Avec cinq titres mondiaux (dont un sur 5000 m), trois titres olympiques et cinq records du monde battus en deux ans seulement, la Kényane règne sur le demi-fond comme personne, hommes et femmes confondus. Au Japon, elle tentera aussi d’en engranger un sixième sur 5000 m.

Mardi soir, la victoire de Kipyegon (3’52’’15), sacrée à l’issue d’une course menée d’une main de maitre, fera peut-être moins parler que le record du monde d’Armand Duplantis à la perche la veille (6,30 m) mais la marque qu’elle laisse dans son sport n’en est pas moins profonde. En un peu plus de deux ans, alors qu’elle ne court pas l’hiver, Faith Kipyegon a battu cinq records du monde (14 en cinq ans pour Duplantis), elle a amélioré à trois reprises celui du 1500 m (3’48"68), battu celui du mile (4’07"64) et détenu brièvement celui du 5000 m.

Avant cette domination totale (elle n’a perdu qu’un seul 1500 m depuis 2020), « l’histoire a été longue », racontait à l’AFP en 2023 Kipyegon, avant-dernière d’une famille de huit enfants qui grandit dans le village de Chebaraa, dans le centre du Kenya. En 2011, à 17 ans, elle avait conquis pieds nus son premier titre individuel, celui de championne du monde juniors de cross-country.

« J’étais à l’aise pieds nus. J’étais jeune, j’arrivais de mon village, je n’avais jamais utilisé de pointes », raconte-t-elle. Kipyegon brille d’abord dans les labours, mais atteint dès 2013, à 19 ans seulement, la finale mondiale du 1500 m des Mondiaux de Moscou. Deux ans plus tard à Pékin, elle décroche sa première médaille (argent). Et en 2017 à Londres, son premier titre. La Kényane interrompt alors sa carrière pour donner naissance à sa fille Alyn, qui nait en juin 2018.

Son retour est tonitruant : elle décroche l’argent aux Mondiaux de 2019 et devient quasiment imbattable dès 2020. A l’été 2023, elle devient une véritable star dans son pays quand elle s’empare coup sur coup des records du monde du 1500 m, du 5000 m (battu depuis) et du mile. « Je sais ce que les femmes traversent après un congé maternité. Elles pensent que c’est la fin de leur vie. Je veux leur prouver le contraire », affirmait-elle à l’AFP cet été-là.

À l’échelle de l’athlétisme, Faith Kipyegon devient une fervente militante du sport féminin et s’implique beaucoup dans la promotion de la course à pied auprès des jeunes. Pour « cimenter son héritage et inspirer les jeunes filles », elle a même tenté en juin de devenir la première à briser la barrière mythique des quatre minutes au mile, dans une course non officielle organisée par son parraineur, un projet fou où elle a, sans surprise, échoué.

« Je voulais montrer au monde que tout est possible si on ose essayer », avait-elle réagi après sa course, fière d’avoir tenté sa chance. « Elle écrase tout mais elle décide quand même de se mettre dans un inconfort total », avait admiré la Française Agathe Guillemot. « Je trouve ça bien de montrer qu’on peut avoir des ambitions énormes et que ce n’est pas grave de rater ».

Comme Guillemot, ses concurrentes vouent à Faith Kipyegon une admiration sincère. Quand elle bat son premier record du monde, la Kényane, solaire sur la piste comme en dehors, pose devant les photographes entourée de ses rivales du jour qui semblent encore plus heureuses qu’elle.

La Française Sarah Madeleine résume bien l’état d’esprit : « je me suis fait un petit kiff en allant la titiller en séries » des Mondiaux, racontait-elle samedi. De là à chercher à dépasser Kipyegon, qui avait largement coupé son effort une fois la qualification assurée ? « Non, non, respect ».