Marie Collonvillé : « Je préfère miser sur la prudence »

Avec quelques semaines de recul, quel regard portez-vous sur votre parcours aux Mondiaux d’Osaka ?

A mon retour d’Osaka, je comptais bien m’aligner au Décastar car j’aime énormément cette compétition. Je me sentais bien, sauf que j’avais encore une petite douleur au coude droit. Et puis, j’ai récemment fait une IRM (imagerie par résonance magnétique), qui a montré qu’il y avait encore une inflammation. L’œdème qui m’a handicapée aux Mondiaux est encore là, même s’il a un peu dégonflé. J’ai donc du tirer un trait sur ma participation au Décastar.

Depuis les « France », votre coude semble bien récalcitrant...

Oui. Aux championnats de France, cet été, je me suis fait mal en lançant un javelot. J’ai alors traité cette blessure par mésothérapie. Au lieu de me guérir complètement, ce traitement a fait apparaître un œdème au niveau de mon coude droit, juste avant les Mondiaux. C’était vraiment rageant car j’étais en grande forme à Osaka : on en a assez peu parlé mais j’ai quand même battu mon record à la longueur avec un saut à 6,67 m ! Si j’avais pu faire un « javelot » normal, je pense que j’aurais pu exploser mon record personnel (6350 points) que j’avais établi à Talence en 1997… il y a très exactement 10 ans. J’aurais aimé m’y attaquer une nouvelle fois cette année, à Talence justement, mais j’ai préféré miser sur la prudence. Depuis mon retour d’Osaka, à cause peut-être des conditions de chaleur et d’humidité extrêmes que nous avons connues au Japon, j’éprouve beaucoup de mal pour récupérer.

Ne pas aller à Talence, l’Olympique des « combinards », n’est pas une décision facile à prendre. Avez-vous longuement réfléchi avant de déclarer forfait ?

Oui. De toute façon, mon coach et mon kiné m’ont très clairement expliqué qu’il fallait que j’écoute mon corps. Je préfère donc déclarer forfait pour éviter de faire des bêtises, soigner correctement mon coude et ne pas compromettre ma préparation pour les Jeux olympiques de Pékin, l’an prochain. Je suis triste de ne pas aller à Talence mais il faut savoir faire des choix.

Quel sera votre programme dans les semaines qui viennent ?

J’ai entamé un programme de rééducation depuis mardi (18 septembre). Je vais ensuite prendre 15 jours de vacances pour couper complètement. Je m’offre des vacances méritées dans les îles des Cyclades, en Grèce. Sur le plan athlétique, je ferai le point avec mon entraîneur à mon retour de vacances.

Comment avez-vous vécu l’ambiance d’Osaka ?

Je vois ce dont vous voulez parler. C’était un peu particulier pour moi. J’ai concouru les deux premiers jours de compétition. J’étais dans ma bulle. Ma contre-performance au javelot a fait passer au second plan mon super saut en longueur. Le lundi, j’avais fini les Mondiaux, mais j’ai ressenti une atmosphère un peu pesante. Les médias ont tiré sur l’équipe de France à boulets rouges. Notre hôtel était si grand que nous n’avions pas de vrai lieu de rassemblement : nous étions un peu éparpillés. Je pense que ce détail a dû jouer sur le moral.

A bientôt 34 ans, vous êtes donc toujours aussi motivée par l’heptathlon...

Oui ! L’année prochaine sera celle des JO et peut-être l’une de mes dernières saisons. Je me sens encore d’attaque. Je pense avoir encore une belle marge de progression. Maintenant, pour songer à un podium au plus haut niveau international, il faut faire 6500 points. Le niveau monte inexorablement et ça commence à devenir dur, mais cela ne me décourage pas. En 2008, je compte bien battre mon record personnel !