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Osaka simple étape vers Pékin pour Muriel Hurtis


Publié le lundi 20 août 2007 à 08h05min

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A la veille de ses quatrièmes championnats du monde, Muriel Hurtis-Houairi, 28 ans, revient à son meilleur niveau sur 200 mètres après deux années de galère dues à sa maternité.




Troisième aux Mondiaux en 2003, la Guadeloupéenne décrit dans un entretien à Reuters comment elle a dû réapprendre à courir. Le 21 mars 2005, elle donnait naissance à un petit Lehyan. Le 23 mai 2005, lestée de 23 kilos, Hurtis reprenait l’entraînement sous la houlette de Jacques Piasenta à Toulon où elle vit désormais avec son mari K-Mel, le rappeur du groupe "Alliance Ethnik". Le 17 juillet 2006, pour sa première vraie sortie, elle était au ralenti en 23"97. Un an après, elle revit. Le 2 juillet 2007 à Athènes, elle a bouclé son demi tour de piste en 22"50. Un mois plus tard, en demi-finales des championnats de France, elle améliorait ce temps de 12 centièmes. A Osaka, Hurtis vise au moins une place en finale.

Après la naissance de Lehyan, n’avez-vous jamais pensé abandonner l’athlétisme ?

Jamais. En moi, j’ai toujours eu cette envie de courir, cette certitude de pouvoir savoir le refaire puisque je l’avais déjà fait et l’envie de revenir à mon meilleur chrono en 22"31 datant de 1999. Vraiment, j’y ai toujours cru, c’était une certitude au fond de moi. Pas une seule fois, j’ai pensé baisser les bras. Après deux années de galère, j’ai vraiment sorti la tête du trou il y a environ deux mois.

Pourtant, votre première compétition en plein air fut terrible

En 23"97, un autre monde, même pas le chrono d’une cadette, même pas un chrono que j’avais dû faire un jour ! Sur la piste, aucune sensation. De A à Z, absolument rien : je ne savais plus courir. A la sortie du virage, j’étais totalement à l’ouest. De tous les côtés, les filles me doublaient. Je ne savais plus où j’étais. Alors, il m’a fallu rembobiner la cassette, tout réapprendre.

Ce jour-là, vous pensiez courir en combien ?

En 23 secondes. Mais la réalité m’a mis une claque. Là, j’ai compris que le chemin serait très long. J’étais lourde, sans ressenti au niveau des appuis, sans impression de tirer la piste à moi. Pendant une bonne année et demi, ces impressions ont persisté. Mais à 26 ans, je ne voulais pas imaginer un instant ma carrière finie. Enfin, un jour en novembre 2006, sur un sprint court, j’ai éprouvé ma première sensation de vitesse : la sensation d’aller vite, d’avancer, d’être tirée par quelque chose. Enfin mes jambes allaient toutes seules, elles étaient toujours là : preuve que je ne m’étais pas trompée.

Votre grossesse n’a-t-elle pas été pourtant une saine coupure ?

Oui, parce que j’étais fatiguée, parce que je prenais moins de plaisir à l’entraînement. Alors je suis restée sur l’idée de refaire le meilleur chrono de ma carrière, le chrono de mes vingt ans. Puis je me suis aussi fixée un podium individuel aux Jeux de Pékin en 2008.

Vous dites avoir réappris à courir

Avant, je courais tout en puissance, juste avec mes cuisses. En fait, je ne savais pas trop courir, je bourrinais sans me poser de question. Mon chrono de 22"31 est venu naturellement, sans savoir pourquoi, sans me prendre la tête aux Mondiaux de Séville en 1999.

Et aujourd’hui ?

Je cours "technique", avec mes pieds, mes mollets et mes jambes. Je cherche à ouvrir la jambe loin au lieu de shooter vers l’avant. Parfois, c’est extrêmement difficile parce que le naturel revient au galop. Mais, je vais y arriver.

Toutefois, vous semblez avancer sur des oeufs

Depuis mai 2005, mon retour a été jalonné de divers petits pépins. Donc j’avance sur un fil, avec une petite inquiétude toujours au fond de moi. Résultat, je n’ai jamais autant été à l’écoute de mon corps, de mes muscles. J’en prends grand soin au point même de me faire masser les ischios par "Pia" (Jacques Piasenta) avant l’entraînement.

Cette inquiétude vous freine-t-elle ?

A l’entraînement, je ne suis pas encore totalement libérée. Mais ce n’est pas plus mal. Désormais, comme j’arrive dans des chronos de niveau mondial, elle va m’aider à ne pas m’emballer. Je dois continuer à avancer prudemment. Même si je vise une finale à Osaka, l’objectif demeure Pékin.

Visualisez-vous déjà Pékin ?

Les yeux fermés ou ouverts, j’en rêve : en finale, je me vois réaliser un bon départ, dérouler une technique parfaite et gagner. Mais, il y a encore un gros problème : dans ces rêves, je suis toute seule en finale.

Alors que vous semblez désormais à l’aise à la bagarre

Avant, elle ne me procurait pas de plaisir. Je remontais les épaules jusqu’aux oreilles et je me crispais. Aujourd’hui, être ou aller à la bagarre me plaît comme au meeting d’Athènes face à Debbie Fergusson. Désormais je la vis relâchée, prête à me battre.


Voir en ligne : Le Monde

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