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Une jeune sprinteuse interdite de compétition car jugée trop masculine


Publié le mercredi 15 octobre 2014 à 07h05min

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Trop masculine pour courir avec les femmes ? La jeune sprinteuse indienne Dutee Chand, interdite de compétition pour un taux de testostérone trop élevé, a entamé un combat contre cette réglementation sportive qu’elle juge « cruelle ».




La jeune athlète de 18 ans ne peut plus disputer de course en vertu d’un règlement introduit après l’affaire de la sprinteuse sud-africaine Caster Semenya, championne du monde du 800 m en 2009, qui fut privée de compétition à la suite d’un « test de genre » puis réautorisée à courir.

Dutee Chand, diagnostiquée comme « hyper-androgène », raconte avoir été traumatisée et gênée par le test qu’elle a dû subir conformément aux règles controversées de l’association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF). Elle a décidé de contester ce test et a introduit un recours auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne.

La jeune sprinteuse, fille d’une famille d’ouvriers tisserands pauvres, a vu sa carrière bouleversée après avoir été interdite de participation aux Jeux du Commonwealth cet été à Glasgow en raison d’un taux naturel de testostérone trop élevé. « J’étais détruite », dit la championne d’Inde des moins de 18 ans sur 100 mètres à l’AFP. « Je ne savais pas ce que j’avais fais de mal. Je n’ai pris aucun médicament, je n’ai fait aucune faute, pourquoi ai-je été visée ? ».

Opération ou traitement hormonal obligatoire si elle veut poursuivre sa carrière

Cette réglementation vise à priver de compétition les femmes ayant un haut niveau de testostérone, hormone accroissant la masse musculaire et donc réputée améliorer les performances sportives. Mais ce lien est contesté scientifiquement et les opposants à cette réglementation soulignent l’aspect arbitraire d’une telle règle et l’impact psychologiquement dévastateur du test.

« On m’a dit que je devrais être opérée ou suivre un traitement hormonal si je voulais sauver ma carrière. J’ai été abasourdie d’entendre cela », dit Chand par téléphone depuis Bhubaneshwar, dans son Etat de l’Orissa. « C’est si cruel. Dieu m’a faite ainsi. Je ne veux rien changer et je ne veux pas abandonner le sport ».

L’IAAF a refusé de commenter cette affaire dans l’attente de la décision sur le recours prévu d’ici six mois mais elle indique que cette réglementation a été décidée pour « maintenir l’égalité de la compétition ». « La réglementation de l’IAAF est basée sur une expertise internationale approfondie tant en matière de science médicale que d’éthique », indique Chris Turner, du département communication de l’IAAF dans un email à l’AFP.

Des journalistes demandent à ses parents si elle a ses règles

Chand est la première athlète à contester cette réglementation mais d’autres Indiennes en ont déjà subi les conséquences. Santhi Soundarajan a été privée de sa médaille d’argent sur 800 m aux Jeux Asiatiques de 2006 après avoir été contrainte à un test de genre qui l’a conduite à tenter de se suicider. Pinki Pramanik, qui a remporté l’or sur le relais 4x400 m des mêmes Jeux, a été accusée d’être un homme et d’avoir tenté de violer sa colocataire en 2012. Elle a été blanchie mais souffre toujours du traumatisme psychologique consécutif à cette affaire.

Chand explique que les journalistes ont bombardé ses parents de questions telles que : « est-elle un garçon ou une fille ? », ou « a-t-elle des règles ? ». « Imaginez-vous ce que ma famille et moi vivons ? C’est si humiliant ». Soutenue par un chercheur, elle a décidé de faire appel le mois dernier devant le TAS. « Les autorités me soutiennent dans mon combat. Je sens que tout le pays est derrière moi », dit-elle.

« J’espère et je prie pour que mon cas crée un précédent afin que d’autres comme moi n’aient pas à connaître un tel traumatisme ». Chand peut tirer espoir du destin de Semenya qui après avoir été privée de son titre mondial sur 800 m, a porté le drapeau de son pays lors de la cérémonie d’ouverture des JO de 2012 avant de remporter l’argent sur 800 m. « C’est réconfortant de savoir qu’il y d’autres femmes comme moi », dit Chand. « Je veux être respectée pour ce que je suis. Je ne veux pas être épiée et ridiculisée pour une faute qui n’est pas la mienne ».


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