Au marathon les bandelettes nasales font-elles plus d’air que de vent

Une solution simple pour mieux respirer ?
Peu importe l’intensité de votre effort, une bonne respiration reste essentielle lors de la course. Les bandelettes nasales, ou dilatateurs externes, promettent de soulager les voies respiratoires en maintenant la partie supérieure du nez ouverte. Simple, sans médicaments, elles séduisent aussi bien les professionnels que les amateurs.

La petite histoire des bandelettes nasales
Les bandelettes nasales, connues sous le nom commercial « Breathe Right », ont été inventées en 1991 par Bruce Johnson, un entrepreneur américain qui cherchait à soulager ses problèmes respiratoires nocturnes sans médicaments. Johnson dépose un brevet et lance la production sous la marque « Breathe Right » en 1993, initialement pour aider à réduire le ronflement et les difficultés respiratoires liées au sommeil.

Leur succès grandit dans le milieu du sport à la fin des années 1990, lorsque plusieurs athlètes professionnels commencent à les utiliser pour tenter d’optimiser leur respiration en compétition. L’un des moments marquants reste la Coupe du monde de football 1994 aux États-Unis, où des joueurs de l’équipe américaine, dont le défenseur Tony Meola, sont apparus avec la fameuse bande sur le nez. Le phénomène se répand ensuite en NFL, notamment chez les joueurs des Minnesota Vikings, popularisant l’accessoire.

Depuis, les bandelettes ont été portées par des athlètes dans de nombreux sports d’endurance comme la course, le cyclisme et le triathlon. Cependant, malgré cette adoption médiatique, les études scientifiques ont souvent conclu à des effets modestes, voire anecdotiques, sur la performance, ce qui n’a pas empêché le produit de devenir un symbole visuel de « respiration optimisée ».

Effets physiologiques : entre confort et réalité chiffrée
Des études montrent que ces bandelettes peuvent effectivement augmenter légèrement le passage d’air nasal au repos, favorisant une respiration plus fluide. Certaines études pilotes (par exemple Griffin et al : Physiologic effects of an external nasal dilator) ont même observé une réduction du rythme cardiaque, mieux-être respiratoire et baisse de la perception d’effort, comparés à un placebo. Toutefois, une méta-analyse récente (Méta-analyse 2021 sur les bandelettes nasales) indique que, chez les individus sains, les bandelettes n’améliorent ni le VO₂ max, ni la fréquence cardiaque, ni la perception d’effort. Plusieurs études corroborent cette absence d’effet significatif sur la performance maximale.

Les chercheurs appellent toutefois à la prudence dans l’interprétation des résultats disponibles : les travaux sont souvent menés sur de petits groupes, sur de courtes durées, et dans des conditions parfois éloignées de la compétition réelle. Le recours à des études d’envergure plus vaste, couvrant divers profils sportifs et durées d’utilisation, semble indispensable pour détailler et nuancer les conclusions préliminaires du débat.

Quand le ressenti prime sur les chiffres
En dépit du manque de preuves physiologiques robustes, certains coureurs rapportent un réel bien-être à l’entraînement et en compétition. Une enquête récente souligne que ces bandelettes réduisent la sensation de lourdeur respiratoire, sans pour autant changer les performances réelles. Dans certains cas particuliers, comme une obstruction nasale ou une déviation de la cloison, ces paupières adhésives peuvent apporter un bénéfice concret en facilitant la respiration.

L’effet placebo : un avantage psychologique non négligeable
Même sans amélioration mesurable, l’usage de ces bandelettes peut réellement impacter l’état d’esprit. Comme le résume bien une revue scientifique : des bénéfices subjectifs d’aisance respiratoire, mais peu d’effets sur la performance physique. Dans le sport de haut niveau, ce petit plus psychologique devient parfois décisif.

Simple allié de confort, pas de performance
Alors, les bandelettes nasales : gimmick ou réel soutien ? Verdict équilibré : elles facilitent la respiration nasale, parfois donnent l’impression que c’est plus facile… mais elles ne dopent pas vraiment vos performances. Accessoire sans danger majeur et peu coûteux, la bande nasale reste un outil personnel, dont le bénéfice dépend autant de la physiologie de chacun que de sa psychologie. Si vous manquez de souffle à cause d’un rhume, d’une anatomie restrictive ou d’allergies, elles peuvent aider. Pour les autres, accordez-leur une chance, surtout si cela améliore votre confort mental et respire mieux votre motivation.