Bernard Amsalem : « La LNA est un outil »

Lors de la présentation à la presse de la Ligue nationale d’athlétisme (LNA), on a eu l’impression que la fédération (FFA) se trouvait un peu en retrait ?

Pas du tout puisqu’elle est à l’origine de la LNA. C’est une nouvelle entité au sein de la fédération. Elle est mandatée par la FFA pour s’occuper du très haut niveau. Elle dispose de son mode de fonctionnement, de son circuit. La fédération est là pour la soutenir.

A quel niveau ?

Sur la politique de la communication par exemple, au niveau du plan du marketing. C’est la fédération qui recherche des partenaires et puis, il y a le secteur médical entièrement sous tutelle de la fédération, que ce soit dans la lutte contre le dopage ou avec le suivi longitudinal. Le suivi des athlètes est à la charge de la fédé, en parfait accord avec la loi.

Quels sont les objectifs de la LNA que vous souhaitez voir se réaliser en tant que président de la fédération française ?

Ce sont des objectifs communs : la performance et un meilleur encadrement de l’athlète. On peut le dire, la Ligue est une sorte de filiale de la FFA. Il existe aujourd’hui un suivi de l’athlète plus personnalisé que ce que l’on faisait avant.

Quel sera le pouvoir de décision de la FFA ?

Il y aura des représentants au conseil d’administration et une commission mixte a été mise en place. Cette commission se réunira fréquemment pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de souci, pour régler les petits problèmes. La communication sera permanente.

N’existe-t-il pas toutefois un risque d’une dérive, par exemple sur un calendrier chargé que l’on imposerait à l’athlète étant donné le contrat d’images qu’il devra désormais respecter ?

D’abord, on a affaire à des gens qui ont la tête sur les épaules, comme Stéphane Diagana (le président) et Bruno Marie Rose (le vice-président). Je ne me fais aucun souci par rapport à leur personnalité, ce sont des gens compétents. N’oublions pas que la fédé s’occupe toujours des ressources de la LNA, via la recherche de partenaire. Nous sommes donc en symbiose avec les finances. A partir de là, il ne peut pas y avoir de dérives.

Guy Ontanon a quitté la structure de la FFA pour le Team Lagardère. Est-ce le début d’une tendance ?

Les entraîneurs sont soit des agents de l’état mis à la disposition de la fédération, comme Renaud Longuèvre qui s’occupe de Ladji (Doucouré), soit des entraîneurs bénévoles, privés si on peut dire, qui travaillent dans des clubs et donnent une partie de leur temps à des athlètes de haut niveau. Cela ne change pas. Et aujourd’hui nous travaillons, Guy en a parlé, pour la création d’un statut d’entraîneur professionnel. La LNA a réglé le problème des statuts de l’athlète, demain elle a le devoir de veiller à ce qui tourne autour de l’athlète et le coach est tellement important dans cet aspect. On doit arriver à proposer à côté de l’athlète pro, un entraîneur pro. On mettra un ou deux ans peut-être, mais je crois que ça va aller vite car on travaille actuellement sur la formation et les dossiers ont été déposés récemment.

Combien d’athlètes pourront rejoindre la LNA ?

Dans un délai raisonnable de 2 à 3 ans, 60, aujourd’hui ils sont 22. Cela signifiera un progrès de l’ensemble de l’athlétisme français car la base de recrutement, c’est la performance, être dans les 18 meilleurs mondiaux dans les bilans annuels. Aujourd’hui, 22, demain 50 ou 60, cela voudra dire que l’on aura nettement progressé. On envisage aussi de créer autour des clubs des centres de formation où l’on y intégrera des jeunes, cadets et juniors avec déjà un fort potentiel, qui bénéficieront de contrat d’apprentissage.

Dans quelques années, l’athlétisme français sera donc encore plus fort ?

C’est le but et la LNA est un outil. Optimiser la préparation des athlètes pour qu’ils soient plus performants au plus haut niveau.

Peut-on comparer le rapport qu’il existe entre la fédé et la LNA avec ce qui se passe dans le foot par exemple ?

Ce n’est pas du tout comparable. Les Ligues ont été créées sur pression des clubs pros, tandis que chez nous les clubs ne sont pas professionnels, nous avons décidé de les associer. On n’était pas obligé de le faire, on pouvait créer la ligue qu’avec des athlètes. Les clubs sont associés, ils ont des membres au CA. L’objectif est d’améliorer les prestations des clubs et en faire demain des clubs à section professionnelle. La LNA va tirer vers le haut toutes les structures et tendre vers l’excellence.