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Bob Tahri : « Une blessure à vie »


Publié le jeudi 20 septembre 2007 à 11h32min

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A cran, encore sous le coup de l’émotion, Bouabdellah Tahri a décidé de monter au créneau. Mercredi à Charléty, en compagnie de son avocate et de son entraîneur, le médaillé de bronze européen a convoqué la presse pour se défendre des graves accusations de dopage portées à son encontre par l’ex-demi-fondeur marocain Aïssa Dghoughi en juillet dernier. Marqué, il demande aujourd’hui réparation du préjudice subi : "Cette affaire a été faite pour me détruire et me déstabiliser", martèle-t-il.




Bouabdellah, vous avez choisi de vous expliquer longuement ce mercredi sur les accusations portées à votre encontre. Vous avez pris du temps avant de vous exprimer. Qu’avez-vous envie de dire aujourd’hui ?

Le plus dur est derrière, psychologiquement et physiquement. Ces dernières semaines ont été très difficiles à vivre, surtout que je me préparais pour les championnats du monde. Le plus difficile a été de continuer à m’entraîner, à me battre, à être performant. Et c’est ce que je continue à faire. Tout ce qui a été dit et écrit sur moi est faux, les accusations sont fausses. Il n’y a pas l’ombre d’une preuve. Cette affaire a été montée de toutes pièces. Cela a été fait pour me détruire et me déstabiliser. Si j’ai décidé de prendre la parole aujourd’hui, c’est que je suis sûr de ce que j’avance. Ces tricheurs, ces menteurs, ces dealers ont avancé des choses mensongères et gratuites à mon égard.

Vous estimez avoir subi un gros préjudice depuis la parution de l’affaire ?

Oh oui... J’ai vécu des journées et des nuits que je ne souhaite à personne. Il faut se mettre à ma place ! On vous accuse de quelque chose que vous n’avez pas commis, en sachant que vous avez un objectif important à préparer dans les semaines à venir, les championnats du monde. Si proche du but, on tente de vous descendre. Tant bien que mal, j’ai su resté concentré sur mon objectif. A Osaka, c’était dur d’être performant. Ce qu’il faut maintenant, c’est continuer à être performant, se battre et montrer aux autres que malgré tout ça, je continue à courir vite.

Dans ces cas-là, comment se reconstruit-on ?

Je ne pardonnerai jamais et je n’oublierai jamais les gens qui m’ont fait du mal. Encore une fois, ce sont des menteurs, des tricheurs et des dealers. Je suis marqué à vie, c’est un traumatisme. Mais courir, c’est ma passion, c’est ce qui me fait vivre. Dans ces moments difficiles à vivre, la course à pied est mon échappatoire, c’est le seul moment où je ne réfléchis plus et où j’agis. On se reconstruit au jour le jour. Mais ce n’est pas facile. Il y a des hauts et des bas, sachant que les hauts ne sont pas vraiment hauts et que les bas sont vraiment très bas. Mais à un moment donné, il faut prendre sur soi, ne plus réfléchir et agir.

Avez-vous été soutenu par les autres athlètes français ou est-ce que les regards ont changé sur vous ? Avez-vous senti une certaine suspicion à votre égard ?

Non, j’ai eu beaucoup de soutien de la part des athlètes. Et le soutien de ma fédération, par l’intermédiaire du président, m’a vraiment fait beaucoup de bien. Il m’a tout de suite défendu. Non, il n’y a pas eu de regard de suspicion. Mais de toutes les façons, à partir d’aujourd’hui, le regard des gens ça m’est égal, vous savez... Ce que je fais, je le fais pour moi et je sais sur qui je peux compter. La première personne sur qui je peux compter, c’est moi.

De quoi avez-vous le plus souffert ces deux derniers mois ?

De l’injustice, car je sais que toutes ces accusations ne sont pas vraies. J’ai dit que la vérité allait sortir et aujourd’hui, j’apporte des éléments qui prouvent qu’il y a eu des mensonges et que je n’ai rien à voir dans cette histoire. Le plus dur, c’est l’injustice. Moi, je fais partie des gens honnêtes. Quand on est accusé gratuitement, c’est dur.

Votre famille a-t-elle souffert de ces révélations ?

Oui... J’ai des petits frères et soeurs, qui ont souffert de moqueries et de phrases blessantes. Cela m’a donné encore plus de motivation pour réussir et prouver que je suis encore performant malgré ces fausses accusations, sans preuves. Aujourd’hui, j’apporte de la crédibilité et des éléments qui prouvent que je ne suis pas concerné par cette affaire et que je ne serai pas convoqué par les juges. Aujourd’hui je demande réparation, au même titre qu’on a accordé autant de crédibilité aux menteurs dans les journaux. Aujourd’hui, les gens ont pris pour agent comptant ce qui a été écrit dans les journaux. Même si on marque qu’il y a des tricheurs et des menteurs, mon nom a été cité en gros dans les journaux. On ne peut pas se rendre compte du préjudice moral et financier que j’ai subi. J’allais droit dans le mur... Aujourd’hui, je suis crédible. Je ne brasse pas de vent, j’apporte des éléments concrets.

Pourquoi ces accusations ont-elles été portées contre vous en particulier ? Pensez-vous qu’il y a des jalousies, des rancoeurs à votre encontre ?

Je ne veux pas rentrer dans les détails. Je ne suis pas dans la tête de ces gens-là. Je vois jusqu’où peut aller la méchanceté humaine. Ce qui sûr, c’est qu’ils m’ont fait du mal. C’était bien manigancé. Moi j’étais abasourdi. C’est certain qu’il y a un esprit de jalousie et de vengeance. Je suis persuadé qu’aujourd’hui dans le paysage de l’athlé français, je gêne. La meilleure chose pour détruire quelqu’un, c’est de salir son image en utilisant les médias. Mais je suis toujours debout, et quoi qu’il arrive je serai toujours là, je suis performant. La course la plus importante de ma carrière, c’était la série des championnats du monde. Six semaines après ce qui a été dit, j’étais au départ, je me suis battu, je me suis qualifié, j’ai été en finale et je continue d’être performant. La meilleure réponse à apporter, c’est sur le terrain.

Qu’est-ce qui vous a permis de vous accrocher ces deux derniers mois ? Quelle a été votre source de motivation ?

Ne pas être performant, c’est leur donner encore plus de crédit. Ce qui m’a fait du bien, c’était de me trouver avec mon entourage au Japon. Après, la motivation est venue de jour en jour. Je me suis accroché à mon objectif, même si ma préparation terminale a été tronquée. J’ai perdu quinze jours d’entraînement et la veille de mon départ à Osaka, mon médecin traitant avait pris ma tension : j’étais à neuf. On ne peut pas dire que je suis resté insensible à cette affaire ! Malgré tout ce qui s’est passé, j’ai réussi à faire quelque chose de bien à Osaka, en terminant cinquième, même si on dit que c’est une déception. Mais les gens ne savent pas ce que j’ai vécu...

C’est une blessure à vie ?

Oui, c’est une blessure à vie, mais ça va me permettre d’être plus fort. Cela va m’aider à grandir dans ma vie d’homme. C’est un tournant de ma carrière et de ma vie, mais après la tempête, le ciel est toujours bleu.


Voir en ligne : Sports.fr

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