CE d’épreuves combinées - Jean-Yves Cochand : « C’est énorme »

Une performance malheureusement non homologuée, le vent ayant soufflé trop fort au 100 m (+ 4,4 m/s). En Ukraine, les filles terminent à la deuxième place de la 1ère division, obtenant ainsi leur billet pour la Super Ligue l’an prochain. Une équipe de France féminine pourtant très jeune, et privée de ses leaders, Eunice Barber et Marie Collonvillé. Un résultat collectif forcément très apprécié par Jean-Yves Cochand, le responsable national des épreuves combinées. Entretien.

Que ressentez-vous après ce week-end magique ?

C’est énorme ! Sur le papier, les garçons se situaient autour de la troisième place. Gagner, on ne pouvait pas rêver mieux. Il s’agit de notre quatrième victoire en six ans en coupe d’Europe. On a reçu les félicitations unanimes des autres pays à la fin de la compétition. Ils n’en revenaient pas. La coupe d’Europe, c’est notre marque de fabrique. Ce rendez-vous annuel a une grande valeur par l’état d’esprit qu’il requiert. Au-delà de ce bilan plus que positif, il faut mettre en avant la performance de Romain Barras. Avec 8416 points, il pulvérise son record personnel et remporte sa deuxième victoire individuelle dans cette compétition. Il se rapproche des podiums mondiaux en grands championnats et fait maintenant partie des « grands ».

Mais le vent a un peu gâché la fête ...

Effectivement, c’est notre seul regret. Son total de points n’est pas homologué. Ce qui ne m’enlève pas une certitude : Romain a franchi un palier. Il domine le décathlon français depuis déjà deux ans. Désormais, il n’y a plus photo. Mais ce n’est pas fini car il peut encore grignoter des points dans de nombreuses épreuves. Avec 2,00 m au saut en hauteur et 65 m au javelot, des performances qu’il a déjà réalisées, il devrait rapidement titiller le record de France (NDLR : les 8574 points de Christian Plaziat). Le battre dès cette année, c’est un peu prématuré mais pas irréalisable. En plus, son pic de forme est programmé pour les championnats d’Europe à Göteborg. Mais il ne faut pas s’enflammer. J’espère surtout que Romain va maintenant plus croire en lui. Il avait auparavant tendance à ne pas se voir aussi grand qu’il pouvait l’être.

Et les autres français ?

Il emmène derrière lui tout le groupe d’entraînement de Montpellier. On risque d’avoir trois garçons à Göteborg, avec Nadir El Fassi qui explose son record de plus de 200 points et s’offre les minima, ainsi que Rudy Bourguignon et Damien Camberlain qui ne sont pas très loin. Les quatre meilleurs performers français de cette saison appartiennent au même groupe, ce qui les pousse à se surpasser. Par exemple, à l’entraînement, il y en a toujours un qui est meilleur que Romain. Il y a une grande entente entre eux. Le 1500 mètres d’hier symbolise cet état esprit : l’athlé peut être collectif. Ils mettent 600 points aux russes sur cette épreuve en se relayant à trois en tête de la course. Je tiens également à souligner la performance des filles en 1ère division. On avait envoyé trois espoirs en Ukraine. Antoinette Nana Djimou et Marisa de Aniceto battent leur record, la France termine deuxième et remonte ainsi en Super Ligue.

Comment expliquer la santé des « combinards » français ?

Nous devons beaucoup à mon prédécesseur, Claude Monot, et aux dix-huit cadres techniques que nous comptons à l’heure actuelle. Il y a une dynamique et un engouement pour les épreuves combinées. D’ailleurs, j’aimerais que tous les athlètes passent par ce filtre. Ca éviterait que certains prennent la grosse tête. A chaque édition de coupe d’Europe, nos spécialistes jouent le jeu. Je n’ai pas besoin de pleurer pour qu’ils viennent participer. Pour eux, c’est un honneur d’être là. L’an dernier, on s’est maintenu grâce à deux blessés qui ont tenu à finir leur décathlon pour éviter la rétrogradation. C’est ça, les épreuves combinées.