Clémence Calvin : « J’ai découvert la vie dans le peloton »
Publié le mercredi 1er avril 2009 à 06h33min
La petite délégation française envoyée aux championnats du monde de cross, le week-end dernier à Amman, en Jordanie, n’a pas été très à la fête, dans un contexte international toujours aussi relevé. Mais la junior de Courir à Cusset, formée par François Peigue puis Nicolas de Saint-Rémy, Clémence Calvin, 19 ans en mai prochain, a su tirer son épingle du jeu. Classée à la vingt-septième place, elle s’est hissée au quatrième rang des concurrentes européennes, dans une course dominée par les juniors africaines. Une expérience que cette étudiante en économie ne regrette pas. Interview.
Votre résultat individuel est le meilleur de l’équipe de France aux championnats du monde de cross à Amman. Mais est-il conforme à vos ambitions ?
Avec mon entraîneur (Jean-François Pontier), nous nous étions fixés comme objectif une place parmi les 30 premières. De mon côté, je voulais confirmer ma domination nationale dans une grande compétition internationale, après deux championnats d’Europe de cross assez moyens, en 2006 (28 ème) et 2007 (29 ème). Depuis l’an passé, j’éprouve de bonnes sensations en course, j’avais envie de les retrouver à ces championnats du monde, face à une concurrence très relevée, avec beaucoup de rivalité. Je crois que j’y suis parvenue. J’ai été capable de me décrisper, d’être actrice de la course, de me mettre dans l’allure. A l’arrivée, j’étais plutôt satisfaite.
Comment s’est passée votre course, de l’intérieur ?
En reconnaissant le parcours, nous avions noté que la succession de trois côtes très difficiles rendrait l’épreuve très éprouvante. J’ai donc opté pour un départ assez prudent. Pendant le premier kilomètre, j’étais en fin de classement. Mais cette position m’a permis de découvrir la vie dans le peloton, une situation que je n’avais encore jamais connue. J’ai appris à adapter ma foulée, à trouver mon allure, à chercher la faille. C’était intéressant et formateur. Puis la course s’est décantée. Et j’ai commencé à remonter. Dans la dernière côté, juste avant l’arrivée, j’étais pliée en deux mais je me suis dit que je devais m’accrocher et gagner encore quelques places.
A l’arrivée, vous terminez à près de deux minutes de la gagnante, l’Ethiopienne Genzebe Dibaba, mais au quatrième rang des concurrentes européennes…
C’est vrai, mais je ne les ai pas vues. J’ai découvert à la lecture des résultats que la troisième européenne avait terminé sept secondes avant moi. Mais je ne connaissais pas leur nom. J’ai surtout fait ma course en observant les filles à mes côtés.
Ces championnats du monde de cross ont été dominés, comme prévu, par les juniors africaines. Quelle impression vous ont-elles faite ?
Je les ai peu vues pendant la course, elles étaient loin devant ! Mais nous ne sommes pas sur la même planète. Elles font leur course, je fais la mienne, sans que nous soyons réellement adversaires. Elles sont inaccessibles. J’avoue ne pas avoir eu l’occasion de découvrir grand-chose à leur propos, mais leur domination, en plus de qualités génériques, vient sans doute de la densité de l’athlétisme féminin dans ces pays africains. Elles ont l’habitude d’effectuer leurs séances en groupe, avec une émulation qui fait progresser tout le monde.
Et vous, quelles sont vos conditions d’entraînement ?
Je m’entraîne cinq fois par semaine, le soir, au stade de Clermont-Ferrand, après mes cours en 1ère année de Sciences-éco à la fac. Une séance de fartlek, une autre de VMA ou de travail spécifique, le reste en footing. Je suis le plus souvent seule, parfois accompagnée de mon entraîneur sur le vélo. Et il m’arrive de partager mes séances avec une amie installée à Paris, Sonia Saïdi. Elle est plus rapide, je suis plus à l’aise au train. On se complète. Sa présence m’aide à terminer plus vite.
Vos quatre titres nationaux en cross, en cadette puis en junior, suggèrent des dispositions pour le cross. La piste, vous y pensez ?
J’ai toujours préféré le cross, c’est vrai, je trouve l’ambiance plus familiale et moins tendue. Sur la piste, je manque de références chronométriques car une blessure m’a contrainte, l’an passé, à une saison blanche. Mais j’avais réalisé 9’48" au 3000 m en cadette, sans vraiment aller au bout de mes possibilités. J’espère profiter de la saison à venir pour m’exprimer un peu mieux. Avec, comme objectif, une participation aux championnats d’Europe juniors. Et la volonté d’y réussir une bonne performance, sur 3000 ou 5000 m.
* Propos recueillis par Alain Mercier
Voir en ligne : FFA
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