Courir en pyjama pour l’histoire : Chronique d’un record pas comme les autres

Dans l’univers codifié et exigeant du marathon, certains coureurs osent casser les codes pour mêler humour, audace et performance. Parmi eux, une poignée de passionnés ont tenté (et parfois réussi) à entrer dans les annales avec un accessoire improbable : un pyjama. Entre records officiels Guinness, sueur sous le flanelle et regards interloqués du public, voici l’incroyable épopée des marathoniens en pyjama, jusqu’au sacre d’Emmanuel Bonnier, l’Angevin qui a décroché la lune en pantoufles (ou presque).

Les précurseurs du pyjama-marathon
– Julian Rendall : Le premier coureur à rêver debout (Londres 2023 - Temps : 2h46min46s)
C’est dans l’effervescence du Marathon de Londres, haut lieu des records costumés, que Julian Rendall, coureur amateur britannique, décide de tenter un pari fou : courir en pyjama et entrer dans le Guinness Book.
Son style ? Un pyjama deux-pièces rayé à l’ancienne, façon pensionnaire de Dickens. Mais sous ses airs de dormeur invétéré, Julian cache un fondeur affûté. Il boucle les 42,195 km en 2h46min46s, un chrono impressionnant même sans textile fantaisie. Son secret : un tissu ultra-léger cousu sur mesure pour éviter la surchauffe. Résultat : il est sacré premier recordman officiel du marathon en pyjama. Un pionnier.

– David Jones : Le militaire à la cool (Londres 2022 - Temps : 2h47min15s)
David Jones, gallois et officier de l’armée britannique, n’est pas homme à reculer devant un défi. Lorsqu’il s’élance à son tour au Marathon de Londres 2022, vêtu d’un pyjama bleu marine boutonné jusqu’au cou, c’est pour la bonne cause : récolter des fonds pour l’aide aux vétérans.
Son record est légèrement inférieur à celui de Rendall, mais ses 2h47min15s sont salués par le public et validés par les juges du Guinness World Records. À 37 ans, David prouve qu’on peut courir vite, transpirer fort, et garder le style, même en habits de nuit. Son pyjama, lourd de coton, a failli lui coûter cher sur les derniers kilomètres. Mais son mental de soldat a pris le relais.

– Emmanuel Bonnier : Le pyjamathlète français qui a tout renversé (Vannes 2025 - Temps : 2h42min37s)
Et voici le héros de 2025 : Emmanuel Bonnier, Angevin de 34 ans, coureur amateur éclairé et touche-à-tout du running. Ce passionné d’ultra-trail et de records insolites n’en est pas à son premier coup d’éclat, mais cette fois, il a visé haut : battre un record du monde dans une tenue de sommeil.
Un projet qui mûrit dans l’ombre : «  Je voulais faire rire… mais aussi impressionner  », explique Emmanuel après sa performance. Préparé pendant des mois, son défi a nécessité des tests de textiles, des simulations de course avec surchauffe, et même… des séances de couture.
Son pyjama ? Un modèle unique, conçu pour allier confort thermique, liberté de mouvement et style nocturne assumé. Pas de short en dessous, pas de tee-shirt technique caché. Juste du coton, de la sueur et de la volonté.
Une course menée tambour battant : Le 11 mai 2025, Emmanuel prend le départ du Marathon de la Loire à Vannes, soutenu par ses proches et une petite armée de suiveurs habillés eux aussi en pyjama pour l’occasion. Sous le soleil breton, il avale les kilomètres à une allure soutenue : 3min52 au kilo de moyenne. Pas question de « roupiller » !
Malgré une chaleur montante et un tissu qui commence à coller au corps dès le 25e kilomètre, il ne ralentit pas. Il boucle le parcours en 2h42min37s, explosant le précédent record de Julian Rendall. L’émotion est immense. Et le contraste entre la rigueur de la performance et la douceur de sa tenue fait mouche.

– Quand la fantaisie croise la performance
Courir un marathon est déjà un exploit. Le faire en pyjama relève de l’incongru. Mais le faire en moins de 2h43, avec rigueur et élégance, propulse Emmanuel Bonnier dans une autre dimension : celle des coureurs qui osent sortir des sentiers battus… en pantoufles.

Aujourd’hui, son record fait le tour du monde des amateurs de course déguisée. Mais au-delà du fun, il rappelle une vérité essentielle : le sport peut être sérieux sans se prendre au sérieux. Et parfois, les meilleurs rêves naissent… en pyjama.