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Course à pied : L’Inde dans les pas de Lila


Publié le vendredi 4 janvier 2008 à 10h59min

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Courir jusqu’en Inde ! C’est le défi que relèvera, cet été, Mustapha Bellache. De Taulé (29) à Bombay, 15.000 km à pied et 14 mois de voyage que cet homme de 43 ans fera seul. Seul dans ses baskets mais pas dans sa tête. Lila, sa fille de cinq ans, vaincue par une maladie génétique, l’accompagnera.




Le 1 e r juillet 2008, Mustapha Bellache quittera Taulé, petite commune près de Morlaix, et sa famille pour rejoindre Bombay en courant. « Ce voyage, je n’ai pas de bonnes raisons de le faire mais que des mauvaises », annonce-t-il d’emblée. D’une voix douce et posée, ce professeur de français dans un lycée morlaisien raconte son histoire, celle de sa famille, celle de Lila, sa première petite fille. Elle s’est éteinte le 4 mai 2006, à 5 ans et deux mois, emportée par une amyotrophie spinale, une maladie neuromusculaire rare. « Un jour, Lila et moi, nous avons eu une longue conversation. Je lui ai dit que j’aimerais faire un grand voyage en courant. Elle, allongée sur son lit, incapable de bouger, m’a répondu : " Papa, tu le feras un jour ". Je lui ai promis que oui. Finalement, je l’amènerai avec moi ».

« J’ai raboté du bitume »

De cette promesse est né le voyage. Mais pourquoi en courant ? Parce que c’est la grande passion de Mustapha. Il a toujours eu le « virus du bitume » en lui mais jamais celui de la compétition. Ce qu’il aime, ce sont les longues sorties, à son rythme. Il courait déjà beaucoup à l’époque où il vivait dans la région lilloise mais c’est en arrivant en Bretagne, il y a six ans, qu’il a allongé la foulée. « J’ai raboté du bitume », rigole le professeur de français au lycée Tristan-Corbière, à Morlaix, qui parcourt tous les jours en trottinant les dix kilomètres entre son domicile et son lieu de travail. « Quand je cours, je quitte la réalité et j’ai le temps de penser. Je suis devenu un champion du monologue intérieur. Les meilleures idées que j’ai dans la journée me viennent dans ces moments-là. Je dois beaucoup à la course ». L’autre passion de ce « boulimique du bitume » est le voyage. Comme celui qu’il a effectué dernièrement en Iran, avec son épouse. Ou ceux qu’il fait en lisant les récits de Djamel Balhi, autre « aventurier » qui a traversé le monde en courant et qui lui a inoculé le virus. « Il a été capable de le faire, moi aussi ».

Un thé à Bombay

Mustapha avait un point de départ pour son voyage, une raison de le faire et un moyen de locomotion. Il ne lui restait plus qu’à trouver une destination. Ce sera l’Inde. Un choix dû au hasard de la vie. Sa route a croisé celle d’une étudiante indienne. Elle enseignait l’anglais dans son lycée et lui avait demandé de suivre ses cours pour perfectionner son français. Elle s’appelait Bela, ce qui signifie jasmin. « Ça a fait tilt dans ma tête. J’ai pensé au livre de Djamel Balhi : " Un thé à Shanghaï ". Moi aussi, j’irai boire un thé. Il sera au jasmin et ce sera à Bombay, chez Bela ». Tout en courant, jusqu’à 90 km dans la même journée pour préparer son corps, Mustapha a passé de longues heures à tracer son parcours et à chercher des infos sur les pays qu’il traversera. Malgré la réputation dangereuse de certaines contrées, il n’a pas d’inquiétudes. « J’ai toujours refusé la dictature de la maladie, je ne céderai pas à celle de la peur. Partout où il y aura un visage humain, j’aurai confiance ». Côté équipement, le voyageur ne s’encombrera pas de bagages. « Mon sac à dos ne fera pas plus de 4 kg ». Il a donc fait la chasse aux grammes et au superflu. Son sac de couchage fera office d’anorak et la tente qu’il a confectionnée lui-même servira de cape pour la pluie. Le voyageur ne prendra ni portable, ni système de positionnement par satellite (GPS). Un appareil photo numérique sera sa seule concession au modernisme. Il rechargera la batterie avec des panneaux solaires placés sur son sac. Pour la nourriture, l’« aventurier » n’est pas inquiet. « Je crois en l’hospitalité des gens et je mangerai ce qu’ils mangent ». Le projet de Mustapha a suscité de multiples réactions. « Certains m’ont pris pour un farfelu », reconnaît-il. Son épouse qui se bat, elle aussi, contre la maladie, a émis quelques réticences avant d’adhérer. « Le plus dur était fait lorsqu’elle m’a dit oui. Elle me rejoindra trois ou quatre fois sur le parcours ».

50 à 90 km par jour

Au lycée, le prof a reçu les encouragements de ses élèves. Certains ont décidé de créer un site internet pour le suivre. Quatre filles ont pris l’initiative de chercher des sponsors. « Moi, je n’en voulais pas mais elles se démènent tellement ». Même le podologue du « dévoreur de bitume » a été touché et a décidé de lui offrir plusieurs paires de semelles orthopédiques. Le coureur en aura bien besoin car, à raison de 50 à 90 kilomètres par jour, son corps risque de souffrir. « Je suis un kamikaze de la route. Même si je devais continuer sur les dents, je le ferai. Je l’ai promis à Lila... »


Voir en ligne : Le Télégramme

Messages (4)

  • Bonjour,

    Tout d’abord, bravo pour ce projet. J’ai eu l’occasion de discuter avec Mustapha, prof. de ma fille, et il ressemble à ce que j’ai lu de lui sur ce site.

    D’autre part, pourrais je connaitre le nom du site créé pour avoir des nouvelles de sa progression, de son voyage ...

    Merci d’avance
    Gilles

  • Cher Mustapha

    Votre démarche et votre courage est à la mesure de la grandeur de votre coeur !

    Je ne suis absolument pas surprise et les gens qui connaissent un temps soit peu votre acharnement et le dévouement dont vous faites preuve pour les causes qui vous tiennent à coeur ne le seront surement pas non plus !!

    C’est ainsi que vous avez toujours été, d’aussi loin que je me souviennent au collège Jean Deconninck de St Pol / Mer.

    Je suis de tout coeur avec vous et votre famille !

    Amicalement Julie Naït-Chabane

  • Bonjour Mustapha ,

    Tous mes encouragements pour ce beau défi , que je suis sûr , tu parviendra à relever .

    Etant de plus , moi aussi un fervent admirateur de Jamel Balhi ( que j’ai eu la chance de rencontrer ) ,je ne peux que t’encourager et j’aimerais t’accompagner à tes côtés en courant , bien sûr , une journée de juillet .

    Amicalement

    Eric BALLESTER

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