Des prisonniers au Marathon de Sénart
Publié le lundi 30 avril 2012 à 13h24min
Jugés dignes de confiance par la justice et le personnel pénitentiaire, cinq détenus de Réau participeront demain au Marathon de Sénart. Quand prison rime avec marathon. Demain, cinq détenus du centre pénitentiaire Sud francilien (CPSF) de Réau courront l’une des épreuves du Marathon de Sénart : le 10 km.
Une première dans cet établissement, inauguré en septembre dernier. Pas de menottes aux mains ni d’entraves aux pieds : les détenus seront libres de leurs mouvements durant la course. L’administration pénitentiaire et la justice ont décidé de leur accorder une confiance exceptionnelle, prenant le risque qu’ils se fassent la belle. « Nous n’avons pas trop de craintes. Ces détenus ont été sélectionnés pour leurs qualités sportives, mais aussi pour leur comportement exemplaire », confie Eric Mandelbaum, moniteur et référent du service sport au CPSF. « Ce sont des personnes méritantes et volontaires. Mais, si ça ne se passe pas bien, ça plombera l’initiative pour plusieurs années », ajoute Pascal Vion, le directeur. Lui et quatre autres membres du personnel courront avec les détenus. « Nous aurons un rôle d’accompagnement, pas de surveillance en tant que telle. Cela illustrera le fait que l’on vit ensemble, détenus et personnel, dans le respect et l’échange de valeurs », explique-t-il, ravi de montrer que son établissement peut « impacter positivement le territoire de Sénart ».
L’idée de faire courir des prisonniers au marathon a germé en janvier. Depuis, chaque lundi de 8h45 à 10h45, les cinq détenus s’entraînent avec leurs moniteurs sur le terrain de football de la prison. « On ne pouvait pas vraiment courir lors des promenades. Là, on peut faire des fractionnés, du cardio, des abdos… », apprécie Farid, l’un d’eux. Son objectif : « Faire les 10 km en moins de trente-quatre minutes ». « S’il réussit, il devrait arriver dans les vingt premiers », sourit Eric Mandelbaum. Farid et ses compagnons s’estiment chanceux de vivre un tel événement. « Ça nous donne l’occasion de sortir d’ici et de préparer notre future réinsertion, résume Abdel. Avoir été choisi prouve qu’on a fait des progrès, c’est encourageant. Et ça va motiver les autres pour adopter un comportement exemplaire ». « Même si l’on est détenu, on ne reste pas à l’écart de la population, poursuit Farid. On va pouvoir casser des préjugés en montrant au grand public que la population carcérale est capable de bien se tenir ».
« Nous les considérons comme des gens de confiance, pas comme des personnes dangereuses », explique la juge Danguy des Déserts, chargée de l’application des peines. C’est elle qui a autorisé leur sortie le 1er mai. « Il y a toujours un risque, mais il est mesuré. Il leur reste une à plusieurs années en détention à faire. Cette course est un moyen de préparer leur future sortie ». Convaincu que le sport est un bon vecteur de réinsertion et de motivation, Eric Mandelbaum a également sélectionné 18 détenus cet hiver pour créer une équipe de football. Elle a affronté samedi les éducateurs du club de Saint-Germain-lès-Corbeil (Essonne).
* Article publié par Marine Legrand
Voir en ligne : Le Parisien
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