Des violettes très disputées
Publié le mardi 18 janvier 2005 à 17h41min
Près d’un millier de concurrents ont participé dimanche aux dix-sept courses du 16e cross international des Violettes, organisé par l’Humanité et l’ASPTT Toulouse.
La terre de la zone verte des Argoulets, à Toulouse, possède une particularité : chaque année en janvier, les violettes y poussent par centaines. C’était encore le cas dimanche. Le cross international des Violettes fêtait sa seizième édition. Avant les courses des As, remportées par la Kényane Genova Kigen et le Marocain Abdelkader Lasfar (voir pages sports), les courses populaires ont accueilli un nombre croissant de participants, surtout dans les catégories les plus jeunes : mini-poussin(e)s, poussin(e)s, benjamin(e)s.
Ces champions en herbe courent souvent sous l’oeil attendri du papa ou de la maman. Certains parents donnent de la voix : « Allez Camille, on accélère ! » Ceux qui restent au bord du parcours ont parfois un esprit de compétition plus développé que ceux qui prennent le départ. Chez les mini-poussines (de cinq à neuf ans), Audrey Daneluzzo (Tarn Sud Athlétisme) a couru intelligemment, laissant aux autres le soin de mener le train, avant de l’emporter au sprint (les 996 mètres en 4’10’’) devant sa coéquipière Léa Blum et Eléonore de La Taille (Balma).
La plupart des épreuves destinées aux plus jeunes se sont d’ailleurs soldées par de sévères joutes, des arrivées dans des mouchoirs de poche. Chez les mini-poussins, Clément Maury a dû attendre la dernière ligne droite pour faire la décision face à Adrien Clamagirand (Toulouse OAC). Particularité de Clément Maury : il n’est licencié dans aucun club, ce qui ne l’empêche pas de gagner. Dans l’épreuve des poussines (1 543 mètres), un quatuor a dominé les débats. L’arrivée est tumultueuse. La Tarnaise Hélène Lagier se montre plus rapide que Flora Boishardy. Léa Morosini chute à quelques mètres de la banderole, cédant la troisième place à Astrid Berdoy-Mayer. La course des poussins est plus disputée encore : Julien Eloi (Auterive) l’emporte d’un souffle devant Emmanuel Fabas (Tarn Sud Athlétisme). Même scénario chez les benjamines (1 971 mètres) : à peine la moitié du quart d’un bouquet de violettes sépare Shannon Izar (7’40’’), Melissa Bennama (7’41’’) et Zeliha Bensetti (7’41’’). Shannon Izar (Tarn Sud Athlétisme), victorieuse et épuisée, avait l’an dernier remporté la course des poussines.
En revanche, l’épreuve des benjamins fut largement dominée par le Toulousain Jonathan Beggiora (7’11’’), souverain, sûr de lui. « Le plus dur, expliquait-il après sa victoire, c’est le départ. Il faut bien se placer. » Julie Aubert a elle aussi survolé l’épreuve des minimes (les 2 518 mètres en 9’41’’). L’Albigeoise a donné une leçon de course à pied : foulées amples et régulières, bien en ligne, les bras le long du corps. La technique parfaite. Chez les garçons (2 946 mètres), un trio s’est soudainement détaché. Le Toulousain du SATUC, Matthieu Lonjou, produit son effort à mi-course. David Gosse (ASPTT Toulouse), à quelques mètres, résiste. Aubin Cazals (Albi) ne peut suivre. Matthieu Lonjou l’emporte en 10’22’’, devant David Gosse (10’29’’). Le vainqueur avoue qu’il s’entraîne beaucoup, sur les terrains de foot. Le ballon rond est le sport auquel il consacre l’essentiel de ses efforts, le cross étant son violon d’Ingres, avec lequel il connaît tout de même une certaine réussite.
Le cross des Violettes, comme chaque année, débuta par la course des vétérans. Les plus de quarante ans s’affrontent sur 8 057 mètres. La course s’est assez vite résumée à un duel entre Farid Mamou (Tarn Sud Athlétisme) et Jacques Kadi (Albi). Habitué des Violettes, un éternel bandana sur la tête, Farid Mamou impose un rythme très élevé. Son adversaire finit par céder. Le vainqueur boucle la distance en 27’28’’, reléguant son suivant à plus d’une demi-minute. La deuxième place de Jacques Kadi relève néanmoins de la performance : ce boulanger-pâtissier a travaillé toute la nuit et a pris le départ sans avoir dormi une minute.
Particularité du cross des Violettes : la course des entreprises. Elle se propose de faire participer des athlètes de tout niveau, y compris les moins entraînés. Il s’agit de constituer une équipe avec des collègues de travail, des membres d’une même association... Par exemple, Midi Cardio Greffe, qui milite pour les dons d’organes, s’implique régulièrement dans cette course. Certaines années, des transplantés cardiaques ont même fait ici bonne figure. Femmes et hommes courent ensemble mais font l’objet de classements séparés. Avant le coup de pistolet du starter, l’ambiance est détendue. On plaisante, on sort l’appareil de photo numérique qui permettra d’immortaliser cet instant. 3 968 mètres plus loin, les visages se sont un peu creusés, mais la bonne humeur est toujours de mise. Le vainqueur ? Yacine Lerari (12’57’’) qui, comme l’an dernier, a survolé l’épreuve. Julien Béringuié (13’15’’), deuxième, admettait volontiers la supériorité de Lerari. Chez les femmes, la victoire fut plus disputée : la jeune informaticienne Delphine Poirier (16’48’’) a dû résister au retour de Sylvie Maury (17’00’’). La gagnante reconnaissait avoir un peu souffert : « C’est un cross rapide, intense du début à la fin. Le plus dur ? Le franchissement des fossés. »
Un peu plus tard dans la journée, on retrouve Yacine Lerari, également au départ du cross court. La distance est identique (3 968 mètres) mais le niveau plus élevé. L’Algérien de Toulouse réalisera-t-il le doublé comme l’an passé ? Il prend encore le meilleur départ mais une grande silhouette revient vite à sa hauteur : il s’agit du Narbonnais Younes Hithamou. Son style impressionne les spectateurs des Violettes. Du haut de ses 189 centimètres, il allonge démesurément la foulée. Facile. Cette fois, Yacine Lerari, qui n’abdiquera jamais, a trouvé son maître. Younes Hithamou l’emporte en 12’11’’, quatre secondes devant Lerari, qui disputait il est vrai sa deuxième course de la journée. Laurent Dumergues a arraché une jolie troisième place (12’31’’). Le coureur d’Aire-sur-Adour a réparti intelligemment son effort, ce qui lui a permis de finir très fort et de dépasser dans les derniers hectomètres Brahim Ouaza (Rodez), quatrième en 12’43’’. Du côté des femmes, la course a été également très disputée : la Toulousaine Nadine Gouaichault (15’46’’) a dû batailler ferme pour prendre le meilleur sur Florence Sarrat (15’52’’).
Yacine Lerari a été l’une des figures marquantes de l’édition 2005 du cross des Violettes. C’est un fidèle de l’épreuve toulousaine. Surtout cette année. Après avoir disputé la course des entreprises et le cross court, il a décidé de prendre le départ du cross long, là où s’affrontent les meilleurs. L’insatiable Yacine s’est lancé ce défi en hommage à son ami Stéphane Paudeau, un athlète handisport très connu dans la région toulousaine et décédé accidentellement la semaine dernière. Dans la course des As, alors qu’il avait déjà deux cross dans les jambes, Lerari a décroché une jolie neuvième place. Stéphane aurait apprécié.
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