Jeux olympiques d’été de 1928 : L’arrivée contestée des femmes en athlétisme
Publié le mercredi 12 août 2020 à 12h22min
Les Jeux olympiques d’été de 1928, ont été célébrés à Amsterdam, aux Pays-Bas du 17 mai au 12 août 1928. Ces Jeux virent pour la première fois l’allumage de la flamme olympique le 28 juillet et l’arrivée des femmes en athlétisme, malgré l’hostilité du baron Pierre de Coubertin. 46 nations et 2 883 athlètes (dont 277 femmes) prirent part à 109 épreuves dans 14 sports à ces Jeux de la IXe olympiade de l’ère moderne.
Les Jeux olympiques d’été de 1928 virent trois nations qui firent leur première apparition olympique : Malte, Panama, et la Rhodésie. 1928 marque également le retour de la délégation allemande, exclue du mouvement olympique depuis la Première Guerre mondiale. Mais avant tout enfin la participation des femmes en athlétisme !
Pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, des épreuves de gymnastique et d’athlétisme sont ouvertes aux sportives féminines. 277 athlètes s’alignent dans les épreuves du 100m, du 800m, du relais 4 × 100m, du saut en longueur et du disque. Le baron Pierre de Coubertin, ancien Président du Comité international olympique fut depuis toujours hostile à la participation de femmes aux Jeux olympiques, déclarant notamment que celle-ci « constitue un affront majeur à la grandeur et à la pureté originelle de cette compétition ».
Fédération Sportive Féminine Internationale
Au cours des années 1920, de nombreux mouvements féministes tentèrent de faire changer les idées sur ce sujet, l’un d’entre eux décidant même d’organiser ses propres Jeux. Le CIO, composé exclusivement d’hommes, n’autorisa que parcimonieusement certaines épreuves féminines. Les Anglaises boycottèrent de ce fait la compétition pour protester contre l’antiféminisme du président du CIO et du monde sportif.
Devant le refus du Baron de Coubertin d’inclure des épreuves féminines d’athlétisme au JO d’Anvers en 1920, elle organise en 1921 les premiers jeux mondiaux féminins d’athlétisme à Monte-Carlo. Rapidement, cette même année, est créée la Fédération sportive féminine internationale (FSFI), dont Alice Milliat en assurera la présidence. La même année, elle organise les « Championnats olympiques féminins » à Paris au stade Pershing situé dans le bois de Vincennes. Cette manifestation est un succès, mais Alice Milliat doit abandonner l’utilisation du qualificatif « olympique ». En 1926, les « Jeux mondiaux féminins » présidés par le prince Gustave-Adolphe de Suède ont un grand succès. Le CIO s’incline et introduit cinq épreuves féminines d’athlétisme aux JO d’Amsterdam en 1928.
La polémique du 800 mètres
Après le 800 mètres féminin, la presse se déchaîne contre la gagnante, l’Allemande Karoline Radke-Batschauer dite Lina Radke (1903-1983) dont elle moque le manque de féminité et rabaisse son exploit, soutenant que la constitution féminine des athlètes féminines ne peut leur permettre d’atteindre le niveau requis pour de telles courses. Affirmant faussement un état physique déplorable de certaines athlètes après l’arrivée du 800 m, le CIO décida ne plus faire disputer de courses supérieures à 200 m à des femmes. Cette décision ne sera remise en cause qu’à partir des Jeux olympiques de 1960.
John Tunis, journaliste sportif réputé à l’époque raconta ainsi le déroulement du 800 mètres : « Sous nos yeux, sur la piste cendrée, se trouvaient onze pauvres femmes, cinq ont abandonné avant la fin de la course, et cinq se sont effondrées sur la ligne d’arrivée » (source).
Manque de chance pour John Tunis (il devait avoir sommeil), l’invention de la caméra et du film datait d’avant 1928. Les photos et les films, de même que les archives des Jeux Olympiques montrent clairement que neuf femmes seulement ont participé à la course, pas onze. Par ailleurs, les neuf athlètes ont toutes terminé la course. La gagnante, l’Allemande Lina Radke, a établi un record mondial. Il est compréhensible qu’elle-même, et quelques autres concurrentes, eussent été à bout de forces après avoir couru à la vitesse du record mondial. Quelques-unes se sont couchées à côté de la piste, mais aucune n’a abandonné et aucune ne s’est écroulée d’épuisement. Et pourtant, il s’est trouvé des journalistes qui n’ont pas hésité à écrire des contre vérités pour plaire à une administration machiste et, en fait, empêcher pendant trente-deux ans les femmes de courir toute distance supérieure à 200 mètres aux Jeux Olympiques.
Le sport féminin aux Jeux
En 1932, ce sont 6 épreuves qui sont disputées par les femmes lors des Jeux de Los Angeles. À Berlin en 1936, 6 épreuves féminines sont à nouveau mises au programme. La même année l’IAAF supprime les jeux féminins et proclame la fin de la FSFI. Avec l’entrée de l’URSS à l’IAAF, celle-ci développe rapidement les épreuves féminines, ce pays étant très en avance au niveau du sport féminin. Depuis les jeux d’Anvers en 1920, la progression de la participation de la femme s’est accrue régulièrement, puisque les femmes ont représenté 13 % des participants aux JO de Tokyo en 1964, 23 % à Los Angeles en 1984, 44 % à Londres en 2012.
Live des Jeux olympiques de 1928
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