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L’ultra-trail, c’est très, très long


Publié le vendredi 24 août 2007 à 10h39min

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Ils s’élanceront tous ensemble ce soir à 18h30 dans les rues de Chamonix. 2000 coureurs de quelque 40 nationalités qui se préparent depuis des mois à cette aventure, le tour du Mont-Blanc en courant, priant pour que le temps pourri de cet été se calme miraculeusement. Avec déjà un record battu : celui de l’affluence.




Fin janvier, il a fallu à peine dix heures à cette course qui emprunte le sentier de grande randonnée autour du toit de l’Europe entre France, Italie et Suisse, pour faire le plein d’inscriptions. Les organisateurs ont dû refuser nombre de candidats. Preuve de la notoriété acquise par l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), une épreuve créée il y a quatre ans seulement par un groupe de passionnés. Preuve aussi de l’engouement pour ces courses en pleine nature. Pourtant, par les difficultés qu’elles cumulent, elles tiennent de l’enfer : très longue distance et relief propre à décourager des chamois. L’UTMB, c’est 163 kilomètres, 8900 mètres de dénivelé, 12 cols à plus de 2000 mètres d’altitude, le tout en 46 heures maximum ! Deux nuits, deux jours, pour la plupart des candidats, et lors des éditions précédentes, le vent, la pluie ou la neige pour agrémenter le tout. Ceux qui l’ont disputée en parlent pourtant avec une drôle de lumière dans les yeux. Attrait de l’aventure, fascination de l’extrême, exaltation, si bien décrits dans La Grande Course de Flanagan, épique roman de Tom Mc Nab (1983) qui contait la première grande traversée en courant des Etats-Unis, en 1928, de Los Angeles à New York. Un récit « initiatique » pour nombre de trailers… Explications avec Michel Poletti, 52 ans, cofondateur de l’UTMB et lui-même coureur émérite.

Comment se définit l’ultra-trail ?

Le trail est une course en pleine nature, qui délaisse les routes goudronnées pour emprunter des sentiers, le tout en semi-autonomie : il faut emmener avec soi de quoi boire et se nourrir sans compter sur des ravitaillements. On a coutume de dire qu’on entre dans l’ultra-trail lorsque la course dépasse la distance du marathon, soit 42 kilomètres.

C’est une discipline récente ?

Le trail est venu des Etats-Unis, avec notamment une course mythique qui fête cette année sa 34 ème édition, la Western States (100 miles ; 160 kilomètres). En Europe, ces courses ont commencé à se développer il y a une dizaine d’années. Et la France en est vraiment devenue le pays leader. En 2004, l’agenda des courses du magazine Jogging International répertoriait 700 trails en France ; en 2007 il en recense 1000. Désormais, il faut s’inscrire très tôt pour avoir un dossard. D’autant que par nature, ces courses ne peuvent grossir indéfiniment. Trop de gens au même endroit au même moment, ce n’est compatible ni avec le respect de l’environnement ni avec l’esprit de ces courses qui veut qu’on puisse courir seul à de nombreux moments.

Qui sont les « trailers » ?

Beaucoup viennent de la course sur route et se mettent au trail pour l’aspect pleine nature et moins compétitif. Sur un « semi » ou un marathon, vous êtes obsédés par le chrono. Dans le trail, il n’existe pas de temps de référence puisqu’il n’y a pas deux trails identiques. Et une même course voit son parcours modifié chaque année. Les trailers (moyenne d’âge : 44-45 ans sur l’UTMB) sont aussi attirés par la convivialité de ces courses ancrées dans un territoire, accrochées aux gens du pays.

On court, ou on marche ?

L’utra-trail, c’est très, très long. Alors la marche prend très souvent le relais de la course. Marco Olmo, qui a gagné l’UTMB l’an dernier, à 58 ans et en seulement 21 heures, n’est pas un coureur rapide. Il fait du 10 km/h en moyenne mais son 10 km/h, il est capable de le maintenir des heures durant !

Mais que vient-on chercher dans cette galère ?

Au-delà des 100 km, on est en quête de limites humaines physiques et mentales, d’une forme d’accomplissement, comme dans l’expérience artistique. On ne court pas contre les autres, c’est plutôt un dépassement de soi qu’on va chercher. Une espèce d’introspection.


Voir en ligne : Liberation

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