Renaud Longuèvre doute de la stagnation des records du monde
Publié le jeudi 7 février 2008 à 07h54min
Renaud Longuèvre a estimé que "les performances n’étaient pas seulement liées aux critères physiques mais aussi à la technique", en réaction à une étude scientifique publiée mercredi prédisant la quasi fin des records du monde dans un proche avenir en raison des limites physiologiques atteintes par les corps des athlètes.
L’étude, menée par l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes) auprès de cinq sports olympiques dont l’athlétisme, conclut que les records dans ces sports ont atteint en 2007, 99 % des limites physiologiques estimées par le modèle statistique utilisé, précise le communiqué de l’Inserm, partenaire de l’Irmes.
"La performance n’est pas seulement liée aux critères physiques, les meilleurs athlètes n’étant pas forcément ceux qui ont les plus grosses capacités physiques", a déclaré mercredi à l’Associated Press Renaud Longuèvre, l’entraîneur de Ladji Doucouré, champion du monde du 110 mètres haies en 2005.
"On est très loin d’avoir atteint les limites de la progression technique. On pourra toujours gratter des centièmes de seconde par la seule technique", a ajouté Renaud Longuèvre.
Le modèle statistique mis au point prévoit que les limites physiologiques de l’espèce humaine seront atteintes dans une génération. En 2027, la moitié des records du monde ne sera plus améliorable de façon significative, selon cette étude. Le record du 100 mètres masculin, actuellement de 9,77 secondes, se situera dans vingt ans autour de 9,67 et ne pourra être amélioré que de quelques millièmes de secondes, explique l’Irmes.
"Peut-être qu’ils (les chercheurs de l’Irmes) ont raison, peut-être qu’ils ont tort", estime Renaud Longuèvre.
"Qui sait si au fin fond de l’Afrique, il n’y a pas quelqu’un hors normes pouvant courir le 100 mètres plus vite que le recordman du monde Asafa Powell sans quasiment aucune préparation ? Dans ce cas, le record actuel ne serait pas une limite physiologique", a ajouté Longuèvre. Pour l’entraîneur, on ne peut pas présager de l’évolution du sport dans le futur. "Si, dans 150 ans, tous les gamins font de l’athlétisme à la place du foot, il y aura plus de chance de voir les records améliorés". L’étude a été menée par l’équipe du professeur Jean-François Toussaint, qui a passé au crible les 3236 records du monde homologués établis depuis 1896 en athlétisme, natation, cyclisme, patinage de vitesse et haltérophilie.
Elle constate que de nombreux records du monde ont été battus de 1896 à 1968, avant une importante régression observée depuis quarante ans, et ce malgré les progrès techniques et les évolutions technologiques.
"Le fait que certains sportifs soupçonnés ou convaincus de dopage détiennent des records peut altérer le modèle proposé", explique les scientifiques. "En effet, les limites calculées à partir de ces records atypiques seraient alors surestimées, impliquant que les frontières réelles de la physiologie humaine seraient alors encore plus proches des records actuels". L’étude a été publiée dans la revue PLoS One datée de mercredi.
Voir en ligne : Nouvel Obs
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