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Romain Mesnil : « Je suis à la bourre »


Publié le samedi 14 juin 2008 à 05h21min

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Alors qu’il participe dimanche au meeting de Sotteville-Lès-Rouen, le perchiste français, Romain Mesnil, reste sur deux résultats décevants, dont une neuvième place à Berlin. Pour autant, le vice-champion du monde à Osaka préfère ne pas tirer de plans sur la comète et poursuivre sa marche en avant. Et pour cause, le Tricolore veut croire en ses chances de médaille aux prochains Jeux Olympiques.




Romain, vous avez débuté depuis peu votre saison. Comment vous sentez-vous ?

Globalement, ça va mieux. J’ai fais deux compétitions très tôt dans la saison, qui n’ont d’ailleurs pas été terribles au point de vue des résultats mais qui m’ont permis de travailler mes défauts à l’entraînement. J’ai donc fait des séances de quatre heures, à répéter sans discontinuer les exercices. C’est donc pour cela que j’étais un peu cuit. J’essaie, en ce moment, de faire le vide pour les compétitions suivantes.

Pour vos débuts en 2008, à Forbach, vous n’avez sauté que 5,30 mètres puis à Berlin, en Golden League, vous n’avez passé que 5,40 mètres, prenant seulement la neuvième place. Etes-vous inquiet de vos performances ?

Je n’ai aucune raison de m’inquiéter puisque je sais précisément les erreurs que j’ai commises durant les deux compétitions. Et par rapport à ma planification, je ne pense pas être en retard...Cela étant, il ne faut tout de même pas s’endormir. J’ai vu que d’autres perchistes avaient réalisé de gros résultats, donc comparer à eux, je suis en retard.

Comment expliquez-vous ces erreurs ?

Si je ne saute que 5,40 mètres aujourd’hui, c’est que je n’ai pas encore les sensations dans les jambes, dans ma course d’élan et je tente donc d’en rajouter, notamment en vitesse. J’ai fait de grosses erreurs d’un point de vue technique. Dans ces moments-là, on veut aller très vite alors que l’on n’en a pas les moyens. C’est pour cela que je travaille ma course d’élan pour que tout se déroule sans heurts.

Comment expliquez-vous qu’à l’image d’un Brad Walker ou d’un Evgeniy Lukyanenko, de tels sauts puissent arriver si tôt dans la saison ?

Pour atteindre 6,04 mètres, ça dépend de plein de facteurs sur le moment. Concernant 5,80 mètres, il faut des conditions de saut correctes. Après, c’est soit on est réglé tout de suite, soit c’est un peu plus laborieux. De plus, pendant les années olympiques, il y a beaucoup de performances réalisées.

Quel objectif vous fixez-vous avant le meeting de Sotteville-Lès-Rouen ?

Le but est de faire une bonne performance. Mais en réalité, je ne veux pas me mettre de barre minimum ou maximum... L’objectif est de se bagarrer le plus possible, lâcher les chevaux. Mais je n’aime pas me fixer de barre. C’est tellement un sport aléatoire : on peut se trouver cinquante centimètres au dessus de la barre et tout de même la faire tomber. Et ça les gens ne le comprennent pas.

Si les Jeux Olympiques devaient avoir lieu dans une semaine, comment aborderiez-vous la compétition ?

Je me dirais que je suis à la bourre. Et je prendrais les perches les unes après les autres, en essayant de réfléchir le moins possible. Cela étant, c’est ce que je ferai dans deux mois. Mais par rapport à mes adversaires, je suis un peu limite. Après, comme je l’ai dit précédemment, la perche peut réserver tellement de surprises...Mais ce sera évidemment plus intéressant dans quelques semaines puisque la vitesse sera affûtée.

D’autant que vous ne partez pas dans l’inconnu. Votre deuxième place décrochée l’an passé à Osaka vous permet d’avoir des certitudes...

Evidemment. Et l’objectif est clair : c’est de monter en puissance jusqu’aux JO. Il ne faut donc pas tirer de plans sur la comète, notamment après deux compétitions qui se sont déroulées le 25 mai et le 1er juin. Alors dans la tête, ce n’est pas toujours évident lorsqu’on voit qu’à côté, certains perchistes font 5,80 mètres ou 6 mètres. Pour autant, je me dois de ne pas tout remettre en cause.

Après votre peu glorieuse quinzième place il y a quatre ans à Athènes, l’objectif est de décrocher une médaille cet été à Pékin ?

Accrocher une médaille et se bagarrer jusqu’au bout. Je sais que j’en ai les moyens. Je me focalise sur ce que je dois effectuer pour sauter le plus haut possible. Le but est de réaliser instinctivement ce qu’on a appris tout au long de l’année.

Mettons le sport entre parenthèses. Vous avez déclaré il y a peu avoir eu du mal à digérer l’affaire des droits de l’Homme en Chine et la place que celle-ci occupait dans votre quotidien. Vous en êtes-vous remis ?

Psychologiquement, cela a été dur. C’était pendant ma période d’entraînement physique, donc penser à autre chose n’était pas plus mal. Je me suis beaucoup exprimé, j’ai fait le tour du sujet, je l’ai mis en ligne sur mon site. Mais après, j’ai décidé de ne plus m’exprimer pour me protéger et penser seulement au sport. Notamment parce que de leurs côtés, mes adversaires continuaient à ne se focaliser que sur la seule discipline.

Votre dernière critique concerne la formule actuelle de la Golden League ? Que lui reprochez-vous ?

Ce qui me gêne est de mettre en avant le fait qu’il y ait de l’argent dans l’athlétisme alors qu’il n’y en a pas tant que cela. Il y a une grosse disparité entre les deux ou trois meilleurs athlètes qui peuvent se partager un million de dollars et des athlètes qui ne se font rembourser, pour l’occasion, que leurs billets d’avion. Je trouve qu’il y a un fossé important. En plus de cela, ça fait dix ans que la Golden League existe. Il faudrait peut être réfléchir à un autre système. Ce sont toujours les mêmes qui gagnent. Personne ne sait qui est qui, du fait de la similitude des dossards. Je pense réellement qu’elle ne fait plus rêver le public. En tout les cas, moi, elle ne me fait pas rêver.

* Propos recueillis par Stephane Dhjan


Voir en ligne : Sports.fr

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