SEAT DécaNation 2006 : Les Bleus au pied du podium

Ce sont souvent les plus motivés qui l’emportent. Après la cérémonie protocolaire célébrant leur victoire lors de cette seconde édition du SEAT DécaNation, les américains sont restés de longues minutes sur la piste. Ensemble. Devisant joyeusement après une compétition qu’ils n’imaginaient pas perdre une nouvelle fois. Car cette 3 ème place de l’an dernier leur était restée en travers de la gorge. Les athlètes d’Outre-Atlantique honnissent comme personne la défaite. Alors, cette année, ils avaient dépêché quelques uns de leurs plus beaux fleurons au stade Charléty. Objectif : remettre les choses au point. Avec Tianna Madison, Reese Hoffa ou encore Dee Dee Trotter, c’étaient trois victoires quasi assurées.

Dont acte. La première faisait tomber sa meilleure performance de la saison avec un bond à 6,60 m, le deuxième dépassait allégrement la barre des 21 m (21,29 m) au poids. Quant à Trotter, elle relèguait sur 400 m sa plus proche poursuivante à une bonne seconde (50"85). L’autre force de l’athlé US, c’est son réservoir incomparable d’athlètes. La preuve sur 110 m haies. Sous les coups de 16h50, Allen Johnson se présentait au départ en invité surprise. De retour sur les pistes après une longue blessure aux ischios-jambiers, il avalait les dix obstacles comme un mort de faim. Et l’emportait en 13"29. Mais, étant engagé « hors-concours », les huit points remportés par le vainqueur revenaient au 2 ème de la course. Qui n’était autre que son compatriote Ryan Wilson (13"40).

Les leaders au rendez-vous

L’équipe de France ne peut pas se permettre ce genre de fantaisies. Encouragés par un public ayant une nouvelle fois répondu présent (12500 spectateurs, en majorité de jeunes pratiquants), les Bleus ont longtemps accroché une place sur le podium. Mais l’absence de Mehdi Baala, vainqueur la veille du meeting Golden League de Bruxelles, a payé lourd dans la balance. Mahiedine Mekhissi Benabbad l’a remplacé courageusement. Mais, avec seulement une semaine d’entraînement, le jeune steepler n’avait pas 1500 m dans les jambes. Il terminait en roue libre dans la dernière ligne droite (4’05"97), laissant filer le reste du peloton. Une dernière épreuve qui coûtait très cher aux français puisqu’elle les éjectait du podium, l’Allemagne et la Pologne prenant les 2 ème et 3 ème place. Avant cet épilogue un brin décevant, les leaders de l’équipe de France ont tous apporté leur écot. Certains se présentaient revanchards, déçus de leurs championnats d’Europe. Comme Reina Flor Okori, éliminée en demi-finale du rendez-vous suédois.

La hurdleuse semble métamorphosée depuis quelques courses. Après deux superbes chronos à la Chaux-de-Fonds (12"86) et Linz (12"88), elle allait récidiver. En 12"87, elle s’imposait devant deux grands noms de la discipline : l’allemande Kirsten Bolm (12"89) et l’américaine Jenny Adams (12"91). Impressionnant. Tout comme la démonstration de Ronald Pognon, large vainqueur du 100 m en 10"14. Le martiniquais a peut-être retrouvé les sensations qui l’ont emmené sous les 10". Salim Sdiri (7,78 m) et Leslie Djhone (45"54) l’ont également emporté, assumant avec aplomb leur rang de favoris. Christine Arron, elle, n’avait même pas pu défendre ses chances à Göteborg. Toujours handicapée par des soucis physiques, elle tenait à participer au SEAT DécaNation. Auteur d’un départ honnête, elle ne pouvait pas s’appuyer sur son coup de rein légendaire en fin de course. Deuxième en 11"33, derrière l’américaine Brianna Glenn, la sprinteuse des Abymes pensait, quelques minutes après sa course, mettre dès aujourd’hui un terme à sa saison.

La Coupe du monde en ligne de mire

Ce genre de pensées ne traverse pas ces temps-ci l’esprit de Bouabdellah Tahri. Plus les semaines passent, plus le messin monte en puissance. Après son superbe chrono bruxellois d’hier (8’09"53), on pouvait légitimement craindre un coup de moins bien pour le français. Il n’avait jamais enchaîné deux 3000 m steeple en deux jours. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Malin, il laissait l’espagnol Eliseo Martin prendre quelques mètres d’avance avant de revenir au train et de le déposer avec une facilité déconcertante dans le dernier tour (8’20"07). Si les championnats d’Europe avaient lieu demain...

Enfin, comment ne pas citer la première vainqueur de la journée : Maria Martins. Longtemps en 3 ème position, elle s’accrochait comme une damnée à ses adversaires, dodelinant de la tête comme à son habitude. Et, sous les hourras du public, elle débordait dans les derniers mètres l’ukrainienne Tetyana Holovchenko pour s’imposer en 4’14"54. Un exemple à suivre lors de la prochaine coupe du monde, les 16 et 17 septembre à Athènes. En Grèce, la concurrence sera encore plus étoffée. Rendez-vous est déjà pris. Les vacances, ce n’est pas pour tout de suite...