Stéphanie Falzon : « C’est prometteur pour la suite »
Publié le lundi 19 décembre 2005 à 20h09min
Stéphanie Falzon est revenue médaillée d’or des jeux de la Francophonie. En lançant son marteau à 65,12 m, la bordelaise a même flirté avec son record personnel (65,21 m) et devancé sa compatriote Amélie Perrin, deuxième à 64,02 m, et l’ex recordwoman du monde, la roumaine Mihaela Melinte, troisième.
A 22 ans, la jeune femme, issue de la « génération Santiago », confirme les espoirs placés en elle. Marquée par ce voyage en Afrique, elle évoque une vraie expérience humaine. Interview.
Comment avez-vous vécu ces jeux de la francophonie au Niger ?
C’était assez spécial, vu le contexte. Avant la compétition, Bertrand Hozé (ndlr : le DTN adjoint) nous a sensibilisés sur la situation du pays au cours d’une réunion. Il nous a notamment expliqué que les nigériens n’avaient pas la chance de faire du sport. On avait donc tous à cœur de bien figurer. Mais en ce qui me concerne j’ai trouvé l’organisation très bien. Je ne m’attendais pas à cela. On avait tous un peu peur en partant et, finalement, il n’y avait rien à dire. Par contre, j’ai eu du mal en rentrant en France à me remettre de ce que j’avais vu. Je me suis sentie bizarre de revenir et de voir des villes construites, des routes partout... Au Niger ils ne possèdent pas le confort que l’on trouve ici.
Qu’avez-vous pu voir en dehors de la compétition ?
Je suis passée voir ma famille, car ma tante habite à Niamey. Les épreuves commençaient à 16h, et nous pouvions donc gérer nos matinées comme on le souhaitait. On bénéficiait de navettes pour se rendre sur les sites sportifs. On se situait dans un petit village olympique construit pour l’occasion.
Pensez vous qu’organiser ces jeux au Niger constituait une bonne chose ?
Oui, je pense, car les habitants semblaient vraiment heureux. Ils nous ont chaleureusement accueillis. Mais je me suis sentie un peu gênée car notre village représentait sûrement pour eux un hôtel quatre étoiles... J’ai entendu plusieurs français se demander ce qu’ils faisaient là. Pourtant, pour nous, ça ne coûte rien de venir. Et puis je pense que ces jeux ont aidé. Des routes ont été construites ou refaites, ainsi que des installations sportives. Le village dans lequel on habitait va être revendu à des nigériens.
Des actions humanitaires ont également été effectuées. Nous sommes allés distribuer des peluches à l’hôpital des enfants à Niamey. On offrait de tout, pendant et en dehors de la compétition. Le matin, nous partions en emportant des choses pour pouvoir donner tout ce qu’on possédait. On a fait ce qu’on pouvait. C’est génial si cela a changé un peu... Même si j’ai un peu mal au cœur : on part retrouver notre pays, alors que là bas la situation reste difficile.
Côté sportif, comment jugez vous votre performance ?
Je suis très contente de moi. Je me suis beaucoup entraînée ces temps ci. Lors de mes trois derniers entraînements en France, j’avais réalisé 64 mètres à chaque fois. J’ai réussi à reproduire cela au Niger, c’est bien. Ces 65,12 m sont prometteurs pour la suite de la saison.
Qu’avez-vous ressenti en devançant l’ex recordwoman du monde, la roumaine Mihaela Melinte, troisième à Niamey ?
Cela m’a fait bizarre, mais je n’ai pas eu l’impression qu’elle était vraiment en forme. Je me suis entraînée avec elle avant le concours et elle ne lançait pas très loin. Moi, je suis restée fixée sur ma compétition. Et puis, j’ai été très déçue, car elle n’est pas venue sur le podium. Cela m’a un peu agacée, je n’ai pas trouvé cela très sportif. J’aurais pourtant aimé garder ce beau souvenir : monter sur la plus haute marche, avec une ancienne recordwoman du monde à la troisième place...
Vous appartenez à la « génération Santiago » et vous percez un peu plus tard que certains autres athlètes ayant participé à ces championnats du monde juniors 2000...
L’année dernière, j’ai rencontré des problèmes personnels. Je n’ai pas pu m’entraîner autant que je le souhaitais. Mais cette année, depuis septembre, je me suis bien entraînée. Et depuis ça va tout seul. De plus, le marteau n’est pas une discipline où l’on atteint jeune son plus haut niveau. La championne olympique (la russe Olga Kuzenkova) réalise ses meilleures performances à 33 ans. En ce qui me concerne, je dois plus jouer sur la vitesse et me renforcer musculairement, et ce travail s’inscrit sur la durée. Et puis j’ai un emploi du temps assez chargé. Je travaille comme fonctionnaire à la mairie de Bruges (dans la région bordelaise). Heureusement je bénéficie d’horaires aménagés, je termine tous les jours à 16h.
Je suis également libérée pour les compétitions et les stages. J’aide aussi mon ami à remplir les papiers pour son cabinet de kinésithérapie... Je ne trouve donc pas toujours le temps pour m’entraîner. Après, quelqu’un comme Ladji Doucouré est vraiment doué. Je ne pense pas l’être autant, et il me faudra forcément plus de temps. Mais je ne veux plus me fixer d’objectifs. Je travaille du mieux possible, comme je le fais actuellement et après on verra. Si j’arrive à lancer à 67 m, je réaliserai les minima pour Göteborg. Une qualification pour mes premiers grands championnats d’Europe senior serait déjà très bien pour la suite.
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