Tarik Bouzid : « La même joie qu’en 2003 »

Tarik, racontez-nous ce 10 km victorieux...
– Tarik Bouzid : La course est partie très vite. Un peloton s’est formé et, au 4ème kilomètre, j’ai pris la décision de partir seul. Je voulais profiter de ce parcours très rapide pour faire un bon chrono. Car je savais qu’en courant en moins de 28’30, j’avais toutes les chances de terminer sur le podium.

Et finalement, c’est la victoire...
– A partir du 6ème kilomètre, j’ai commencé à y croire. Je me suis retourné et j’ai vu derrière, très loin, des favoris comme Lahssini et Theuri. Mon attaque était préméditée depuis le départ. En franchissant la ligne d’arrivée, j’ai ressenti la même joie qu’en 2003, lors de mon premier titre de champion de France du 10 km sur route. Avec, en plus, un superbe temps à l’arrivée. Je m’impose en 27’59, soit plus d’une minute de moins qu’il y a trois ans (NDLR : Bouzid l’avait emporté en 29’08).

C’est une surprise ?
– Non, je m’attendais à courir en 28’10, 28’15. Compte tenu du parcours, mes 27’59 valent à peu près ces temps-là selon Jean-Jacques Renier. J’ai suivi une meilleure préparation qu’en 2003, en ne privilégiant que des courses très rapides avant les championnats de France. D’ailleurs, le 25 septembre, j’ai couru les 20 km de Tours en 59’...

Ce titre vous ouvre-t-il de nouvelles perspectives ?
– Bien sûr. Je reprends sans attendre l’entraînement pour préparer la saison des cross. Maintenant que je suis en forme, autant en profiter. Je vise, pourquoi pas, une qualification aux championnats d’Europe de cross. Mais je sais qu’il y a des gars très costauds et je n’ai jamais trop réussi dans les labours.

Comment expliquez-vous votre importante progression chronométrique ?
– Je n’ai pas tant amélioré mes performances que cela. Déjà, en 2003, je courais les 10 km en 28’42. Puis j’ai connu une période très difficile. En 2004, lors du marathon de Paris, je me suis gravement blessé : double fracture de fatigue au 31ème kilomètre. J’étais sur les bases de 2h 10, 2h 11... J’ai dû m’arrêter pendant huit mois. Et en 2005, il m’a fallu du temps pour revenir.

Et ensuite ?
– J’ai essayé de poursuivre ma carrière sur marathon mais ça ne s’est pas très bien passé. Je ressens un stress énorme avant le départ de chaque marathon, sans doute à cause de ma blessure de 2003. L’été dernier, j’ai couru en 2h 22 en Hollande. Et il y a deux semaine, lors du marathon de Reims, j’ai abandonné au bout de 10 km. Je n’arrive pas pour l’instant à gérer ce petit blocage. Je vais donc me consacrer pour l’instant au 10 km, au semi-marathon et au cross. Mais le marathon reste l’épreuve qui m’attire le plus. Je rêve de faire un jour parti des tous meilleurs français dans cette discipline. Donc j’y reviendrai.

Faîtes-vous de l’athlétisme à temps plein ?
– Non, je fais partie du 54ème régiment d’artillerie, dans lequel évolue également Yamina Bouchaouante. Je tiens d’ailleurs à remercier les militaires. Ils me laissent le temps de préparer mes objectifs, de partir en stage. Ce sont mes seuls sponsors (rires). Je ne vais pas aller démarcher des parenaires suite à ma victoire. Ce n’est pas dans mes habitudes. Je ne considère pas l’athlé comme une profession. Donc je n’attends rien en retour.