Chpts du Monde - Disque : Le rêve de Melina Robert-Michon

Melina Robert-Michon, comment avez-vous débuté le lancer du disque ?

Au départ, je pratiquais l’athlétisme avec l’UNSS, soit un parcours très classique. Je touchais un peu à tout mais je n’étais pas spécialement motivée. Puis je suis passée au lancer du poids qui me plaisait sans plus. C’est là que j’ai rencontré un entraîneur de disque qui m’a persuadé d’essayer sa discipline et ça m’a attirée. Il y avait des difficultés techniques intéressantes et puis, dans mon club, à Bourgoin, il y avait aussi deux filles qui lançaient bien et tout ça m’a donné envie de continuer.

Et les premiers résultats sont arrivés

Oui, j’ai été vice-championne du monde juniors en 1998 puis championne d’Europe espoirs en 2001. C’était génial dans la mesure où je n’avais que trois-quatre ans d’expérience. Cela a été tout de suite grisant et je me suis pris au jeu des résultats et des sélections internationales. J’ai eu envie de continuer et ai changé de cadre, d’entraîneur pour progresser et voir jusqu’où je pouvais aller.

Vous consacrez-vous uniquement à l’athlétisme ?

Non, je suis aussi chargée de communication au sein du ministère de la Défense et je suis rattachée à l’armée de terre à Lyon. Cest un contrat qui a été signé en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Mon travail consiste à développer l’image de l’armée à travers le sport. En faisant des partenariats avec des événements sportifs, par exemple. Mon emploi du temps est aménagé en fonction de mes entraînements et des compétitions. En gros, sur une année, ça me fait un mi-temps. Cela me permet d’avoir une vie en dehors de l’athlétisme. Mais ce contrat se termine au mois de mai prochain et ne sera pas reconduit car il portait sur deux fois deux ans et est arrivé à terme.

La discipline que vous pratiquez est rarement exposée. N’est-ce pas frustrant ?

C’est parce que le niveau n’est malheureusement pas élevé, même si les pratiquantes existent. Il y a des filles qui lancent à 50-55 mètres mais ensuite, il n’y a plus personne entre 55 et 60 mètres. C’est dommage pour la discipline et pour moi aussi. Quelquefois je me sens seule sur certaines compétitions et j’ai du mal à me motiver. Par exemple, aux derniers Championnats de France, j’ai lancé à 61 mètres et celle qui s’est classée deuxième n’a fait que 53 mètres.

Comment expliquez-vous cette situation ?

Il n’y a pas forcément d’entraîneur de lancer dans chaque club, contrairement au sprint. Cela peut jouer. Ensuite il n’y a pas forcément une image positive de la discipline. Mais, à nous alors, de la faire évoluer, de faire essayer les jeunes pour qu’ils se rendent compte que c’est sympa à pratiquer. Et ensuite il faut qu’ils passent le cap de ’’j’essaie’’. Mais s’il n’y a pas de club ni d’entraîneurs, il n’y a pas de motivation...

Le disque féminin peut-il être comparé au lancer du marteau avant l’éclosion de Manuela Montebrun ?

Oui, c’est vrai que les résultats de Manu ont aidé. Elle n’est pas passée inaperçue. Regardez aujourd’hui, il y a trois filles qui sont qualifiées dans la discipline et chez les jeunes ça monte pas mal. Mais, chez nous, depuis la catégorie des cadettes, je ne vois pas qui va arriver. Du coup, ça se comprend qu’on ne parle pas de nous puisque les résultats ne viennent pas. A nous d’inverser cette tendance.

Qu’avez-vous retenu de vos expériences précédentes aux Jeux d’Athènes et aux Mondiaux 2001 et 2003 ?

J’ai retenu qu’en lancer, on ne peut pas ne pas préparer les qualifications. Même la meilleure lanceuse sait qu’elle peut trébucher et il y en a toujours une ou deux qui passent à la trappe. Le bilan individuel, le jour de la compétition, on l’oublie. On remet tout à zéro et chacun a une chance.

Et quel est votre objectif à Osaka ?

Faire mieux qu’à Paris. Aux Mondiaux en 2003, j’avais terminé onzième. Il faut que j’arrive à sortir des qualifications. Puis une fois qu’on est dans les douze, les huit premières places ne sont plus très loin... »