Elisabeth Grousselle : « Il faut parfois savoir se montrer »

Avec deux semaines de recul, comment analysez-vous votre excellent parcours aux championnats du monde en salle de Moscou où vous avez battu le record de France du 800 m avant de vous classer quatrième de la finale ?

Les mondiaux de Moscou n’étaient pas un véritable objectif pour moi. Comme pour beaucoup d’athlètes, je considère que la saison hivernale n’est qu’un passage, une sorte de passerelle pour la période estivale. Pour autant, je n’ai pas été surprise par mes performances là-bas. J’avais fait beaucoup de foncier avant d’arriver à Moscou, notamment des footings à allure très rapide. Bref, je savais où j’en étais mais j’ai tout de même été agréablement surprise par mes chronos. Avant de me laisser en chambre d’appel pour ma demi-finale, Patricia Djaté-Taillard m’avait dit : « tu gagnes la course et il y aura le record de France à la clef ! » Elle avait raison. Je pense même que j’aurais pu descendre sous les 2 minutes...

On a l’impression que votre talent s’est enfin révélé au grand jour, à Moscou, lors de ces mondiaux. Etes-vous aussi de cet avis ?

C’est ce week-end-là que je me suis effectivement sentie vraiment en forme. Il n’aurait pas fallu que la compétition se déroule une semaine avant, ou une semaine après ! Je ne sais pas comment j’ai pu courir en finale, je n’avais plus de jambes : mes ischios étaient aussi durs que du béton. En fait, plus on court aux côtés de filles de la trempe de Mutola, plus on s’habitue aux rythmes élevés. Pendant ces trois jours de compétition, j’ai été en quelque sorte aspirée dans mes courses. C’est beau de s’entraîner mais il faut aussi savoir se montrer. C’est ce que j’ai fait.

Vous êtes pourtant passée à côté d’une médaille de bronze. Avez-vous des regrets ?

Non, pas vraiment. En finale, j’ai fait une erreur tactique et une erreur stratégique. Il aurait fallu que je me replace mieux aux 600 mètres, quand Mutola a attaqué. Ensuite, je pense que j’aurais pu aller chercher Benhassi sur la fin mais j’ai trop réfléchi avant de répliquer. C’est dommage car, bizarrement, j’en avais encore sous le pied. Reste que je garde un excellent souvenir de cette compétition. Je ne suis pas championne du monde mais, à 33 ans, j’ai réussi à mettre mon nom sur les tablettes des records de France. Pas trop mal, non ?

Quels seront vos objectifs pour la saison estivale ?

Ce que j’ai réalisé à Moscou m’a donné envie d’aller encore plus vite. Je suis quelqu’un qui accorde une grande importance aux chronos. Quand on fait un bon chrono, c’est toujours significatif. C’est une façon de concrétiser le travail de l’entraînement. Si je parviens à courir cet été comme je l’ai fait cet hiver, je pense être capable de faire d’excellents chronos et descendre peut-être sous la barre des 1’59" alors que mon record personnel est de 1’59"46. En plus, quand il y a un bon chrono, il y a souvent une médaille qui va avec. L’inverse n’est pas toujours vrai...

Votre programme de préparation est-il arrêté ?

Je pars en stage pour dix jours à l’île Maurice dans une semaine. Dix jours, c’est bien. L’an dernier, j’étais partie un mois à La Réunion et j’avais trouvé le temps long. Je suis assez casanière, j’aime bien rester chez moi. Ensuite, avec mon entraîneur, je me pencherai sur la programmation des meetings. Les minima pour les championnats d’Europe de Göteborg sont à ma portée (2’01"30) mais je ne serai pas seule en course. Alors, il faudra que je mette toutes les chances de mon côté.