Eunice Barber : « Me concentrer sur la longueur »

Eunice Barber, qu’avez-vous décidé pour les Jeux Olympiques ?

En accord avec mon entraîneur Bob Kersee, j’ai décidé de me concentrer sur la longueur. Avec le laps de temps qu’il me reste, c’est très contraignant pour moi de travailler chacune des disciplines de l’heptathlon. Je ne peux pas faire certaines choses à cause d’une gêne persistante. Cela entraîne une retenue dans certains domaines.

Quel est votre sentiment après ce choix ?

Je ne veux pas être négative. Je suis déjà contente de pouvoir faire quelque chose. J’ai gagné des médailles en longueur dans le passé (Ndlr : championne du monde 2003 et médaillée de bronze mondiale en 2005). Je pense avoir de bonnes chances de bien figurer aux JO. Ce n’est pas une décision par défaut et j’ai de grands objectifs.

Avez-vous l’impression d’être engagée dans une course contre la montre ?

Cela aurait été le cas si j’avais choisi l’heptathlon. Je n’ai pas cette impression concernant la longueur. J’ai la tête plus claire.

A quoi est due cette période de récupération plus longue que prévue ?

Il n’y a pas eu de complications. Tout s’est bien passé après l’opération (Ndlr : du genou droit il y a huit mois) mais j’ai perdu beaucoup de muscle à la cuisse, aux adducteurs, au mollet… Or, j’ai fait très peu de rééducation à l’INSEP avant de retourner aux Etats-Unis. Là-bas, j’avais tellement envie de reprendre que je n’ai pas pensé à cet aspect. Quand j’ai attaqué la partie technique, au bout de trois ou quatre semaines, on s’est rendu compte que mon genou ne tenait pas.

Il n’y a donc pas eu de relais suffisant entre la France et les Etats-Unis…

Ce n’est pas ça. Je pensais que ça allait mieux et je ne me suis pas souciée de la rééducation. C’est en mettant plus d’intensité à l’entraînement que je me suis rendue compte que j’avais besoin d’un renforcement. J’ai subi quatre infiltrations d’anti-inflammatoires au fascia-lata (ndlr : muscle situé sur la face externe de la cuisse) en une semaine. C’est beaucoup mais c’est un muscle très difficile à guérir et c’est le moyen le plus sûr.

Quel est votre programme jusqu’à Pékin ?

Je verrai après ma reprise aujourd’hui à Grenoble. C’est un petit meeting qui me convient bien et je pense y être sereine. Je n’ai pas encore établi de programme fixe. L’essentiel pour l’instant est de reprendre la compétition car j’ai besoin de retrouver des adversaires.

Avec qui allez-vous travailler en France ?

Mon souhait est de préparer cette année olympique avec Bob (Kersee) et Claude (Monot). Ce sont deux personnes que j’apprécie beaucoup. Mais Claude est malade et lui aussi a besoin d’attention. Il faut que je descende le voir à Nice pour savoir s’il a l’envie. J’ai aussi besoin de faire certaines choses seule pour être parfaitement concentrée.

Allez-vous revoir Bob Kersee d’ici aux Jeux ?

Il m’a dit qu’il devait venir. Il attend la fin des sélections américaines avant de venir en France. Ensuite, il va peut-être passer un peu de temps avec moi.

Est-il envisageable que vous ne fassiez plus jamais d’heptathlon ?

Je n’ai pas pris de décision. Je ferai ce que mon corps me permet de faire, en suivant mon instinct. Quand je fais quelque chose, je veux le faire bien.

* Propos recueillis par Sylvain Coullon