Gérard Rousselle : « Bernard Amsalem ne respecte rien »

Comment s’est passée votre mise à l’écart de la direction du meeting de Paris-Saint-Denis ?

En début de semaine Bernard Amsalem a demandé à me voir. Et jeudi à 11 heures, je suis entré dans son bureau et il m’a dit : « Je ne souhaite plus travailler avec toi », à la manière d’Amsalem, quoi. Je lui ai demandé pourquoi et il m’a répondu : « Il faut changer les hommes ». Je lui ai dit que je ne l’acceptais pas. A 11h05, l’entretien était terminé, et à 14 heures mon remplaçant arrivait (Laurent Boquillet a été nommé le 8 janvier, ndlr).

Que vous reproche-t-il ?

Justement, il m’a dit : « Je ne te reproche rien ». Pour l’instant, il n’y a pas de motifs. En tout cas, il ne m’a rien signifié. J’ai reçu un courrier me convoquant le 26 janvier à l’entretien préalable au licenciement, comme il est écrit dans la loi française.

Vous attendiez-vous à cette décision ?

Honnêtement, je n’ai pas été surpris car j’avais eu des informations indirectes. Dans l’athlétisme, il y a, heureusement, des gens biens. Mon souci aujourd’hui, c’est de savoir pourquoi. Durant mes 10 ans à la tête du meeting, je pas fait de faute, il n’y a pas eu de mauvaise gestion. C’est le 3 ème meeting au monde après Bruxelles et Zurich au niveau de la notoriété, du sportif et de la fréquentation. Il ne voulait pas travailler avec moi, je ne sais pas. Je le gêne peut-être.

Comment étaient vos rapports ?

La première fois que je l’ai vu, il était encore vice-président de la FFA et nous avions des rapports cordiaux, normaux. Je n’ai jamais eu de problèmes avec lui. Il faudra qu’on m’explique les raisons. Je ne sais pas s’il existe une raison.

Peut-être avait-il promis à Boquillet cette place en échange d’un appui pour sa campagne pour l’élection à la FFA ?

Dans cette campagne, je ne suis intervenu en rien, je n’étais candidat nulle part et je n’ai pas pris position en quoi que ce soit. Et puis, que voulez-vous qu’il promette à Boquillet qui n’est plus dans le circuit de l’athlé ? Depuis deux ans au moins, il travaillait à la Juventus Turin (en charge de Juventus Merchandising, une filiale de Nike, ndlr). Franchement, je ne crois pas à une influence de Boquillet au sein de la FFA .

Croyez-vous que Bernard Amsalem avait la volonté de rajeunir les cadres ?

Ça pourrait être une chose compréhensible sauf que la manière était curieuse. Quand il est arrivé à la tête de la SAOS, il a débarqué avec des membres de la FFA et la majeure partie de ces gens là ne symbolisent pas la jeunesse non plus. Ce manque de respect à mon égard est inadmissible. Il s’est cru tout permis et il était très étonné que je ne l’accepte pas avec le sourire, à la limite de s’énerver. Il a employé des manières de rustres. Il m’a conseillé de prendre d’autres voies. C’est ce que je ferai.

C’est à dire ?

D’abord, je vais attendre la convocation et voir quels sont les griefs éventuels qui me sont reprochés, s’il y en a. A partir de là, je n’exclus rien, je verrai. Je veux être simplement respecté et je crois qu’Amsalem ne respecte rien sauf ceux qui lui cirent les pompes, je suppose.

Comment voyez-vous l’avenir du meeting de Saint-Denis ?

Cela n’a rien à voir avec mon cas personnel, mais je m’inquiétais déjà pour le meeting. Nous sommes presque mi-janvier et rien n’est fait. L’année dernière, malgré a mise en vente des places à 10 euros, à l’occasion du 10 ème anniversaire, on a eu du mal à faire 50000 spectateurs. L’athlétisme n’est pas porteur, surtout en ce moment, et ce n’est pas le show de Bercy ou les plaisanteries du Décanation qui vont faire avancer les choses. Et j’espère que l’on ne se dirige pas vers ça au Stade de France sinon le meeting est gravement remis en cause.

Que pensez-vous de Laurent Boquillet ?

Je ne sais pas, on verra. A priori, il s’occupera de la relation avec les athlètes mais ça marche en fonction du nombre de billets vendus, des sponsors, tout est lié. Le contrat n’est pour l’instant signé avec aucun partenaire, la billetterie n’a pas débuté mais je comprends qu’Amsalem n’ait pas eu le temps. Il était occupé par son élection mais est-on capable de faire les deux à la fois, je pose la question. Et pourra-t-on rattraper le retard ? Au vu de mon expérience, je suis inquiet.

Boquillet a en tout cas déclaré dans L’Equipe de vendredi, qu’il souhaitait, comme tous les directeurs de meeting, voir Usain Bolt en juillet au Stade de France

(Il coupe), Ce n’est pas une nouvelle puisque j’avais déjà pris contact avec lui. Boquillet va commencer à se confronter avec les difficultés des relations. Bolt a dit qu’avant les Mondiaux (en août à Berlin, ndlr), il voulait faire Londres et Paris. Le seul problème qui se pose est de savoir si on a les moyens. Aujourd’hui, Bolt c’est 200000 euros. C’est le prix le plus élevé pour faire venir un athlète dans un meeting.

Comment envisagez-vous votre avenir ?

Vous savez, je ne me fais pas d’illusions. Malgré mes 20 ans passés dans l’athlé, j’en parle aujourd’hui à l’imparfait. J’étais à mi-temps en tant que responsable du sportif, je suis retraité de l’éducation nationale, donc ce n’est pas une question d’argent. L’athlétisme, c’était mon truc. Quant à la suite, je ne sais pas.

* Propos recueillis par Alexandre Sarkissian