JO : Les agences anti-dopage ont déblayé le terrain

Etes-vous étonné qu’il y ait aussi peu de contrôles positifs depuis le début des Jeux ?
La nouveauté, c’est que les autorités nationales ont déblayé le terrain en effectuant des contrôles rigoureux en amont (39 sélectionnés russes, bulgares ou grecs ont été écartés par leur fédération). Cela s’inscrit dans le cadre de la politique de tolérance zéro prônée par Jacques Rogge et de la coordination des contrôles. Pour le CIO comme pour les pays, ce n’est pas bon d’avoir des cas positifs. En France, avec le Tour, les gens ont compris qu’il fallait aussi en passer par là. Depuis mars, l’AFLD a contrôlé tous les Français concernés par les Jeux. Pour 97% de ces sportifs, il n’y a pas eu de problème. Pour quelques uns, en général ceux qui s’entraînent à l’étranger, cela a été pénible de mettre en place la localisation du système ADAMS (Système d’administration et de gestion antidopage, instrument de gestion basé sur Internet, sous forme de banque de données, dont la fonction est d’assister l’AMA et ses partenaires dans leurs opérations antidopage, ndlr)

Selon L’Equipe, Bouabdellah Tahri a des analyses sanguines anormales...
Je n’ai aucune information objective sur ce dossier. Pour lui comme Mahiedine Mekhissi Benabbad (médaille d’argent du 3000 m steeple, ndlr), cela relève de la rumeur. L’AFLD n’a en tout cas rien à signaler sur eux. Il y a beaucoup de contrôles en athlétisme. On a eu quelques cas positifs, comme Julie Coulaud (3000 m steeple, traces de testostérone, ndlr). Ils ont été écartés.

Jacques Rogge tablait sur une quarantaine de cas pendant les JO...
Cela n’arrivera pas grâce au travail des agences nationales. Les produits trouvés n’ont rien de nouveau (EPO, bêtabloquants, stéroïdes...). C’est le résultat d’une culture du dopage de la vieille école, de médecins du sport qui ne sont pas assez vigilants.

Y a-t-il des raisons de douter de la Chine ?
Pendant les Jeux, les contrôles sont faits par le CIO, en toute indépendance. Les Chinois n’ont de toute façon aucun intérêt à cacher quelque chose. Ils ont tout fait pour donner le bon exemple à domicile. Ils ont créé une agence nationale, ont pris des sanctions plus lourdes qu’ailleurs, en n’hésitant pas à exclure des athlètes à vie.

Les nombreux records du monde - d’Usain Bolt à la natation- ne vous interpellent-ils pas ?
Il y a surtout beaucoup de rumeurs, y compris parmi les athlètes. Celui qui a été battu s’imagine que son adversaire est dopé. Mais il n’y a aucune preuve. Attention à ne pas tout déconsidérer ! Je n’aime pas cet état d’esprit qui consiste à penser que l’on ne peut pas battre les records au haut niveau. Il est possible de s’améliorer grâce à une combinaison (comme en natation), à l’entraînement ou encore à un suivi médical non dopant. Les produits dopants courants, on les trouve. Les produits sophistiqués, il n’y en a probablement pas car ils sont coûteux. La seule chose qui peut échapper aux analyses, c’est l’autotransfusion. On ne la décèle pas. Mais cela nécessite une logistique trop importante pour des Jeux olympiques.

Et le dopage génétique ?
C’est coûteux, dangereux et ça se découvre. Alors peut-être que cela existe mais les cas doivent être très limités. On est dans le mythe.

A vous entendre, ces JO sont plus propres que les précédents ?
Ce n’est pas le terme, mais de plus gros effort ont été faits pour prévenir les risques.