Jacques Piasenta : « L’athlé à papa, c’est vraiment dépassé ! »
Publié le mercredi 4 mars 2009 à 07h45min
Le divorce est désormais consommé entre la sprinteuse Muriel Hurtis et son entraîneur Jacques Piasenta. Plus de six ans d’étroite collaboration (deux années à Bonneuil, quatre ans à La Seyne) sont ainsi brutalement interrompus.
L’affaire est apparue au lendemain d’un règlement de la FFA qualifié « d’inepte » par le coach varois qui détient le palmarès le plus étoffé du sprint tricolore au cours de ces trente dernières années (voir notre édition du 24 février).
Dans une lettre incendiaire, « Pia » qui passe souvent pour « le grand méchant fou » (sic Reina-Flor Okori) ne mâche pas ses mots. Il évoque « l’oukase du président Amsalem qui avait traité son ministre de tutelle de régime soviétique » et constate « qu’aucun autre pays n’a osé ce type de diktat » (Etre à la disposition pleine et entière de l’équipe de France de relais faute de quoi l’athlète ne pourrait être retenue pour les sélections individuelles).
Fort d’un impressionnant palmarès
Avant de rappeler qu’entre 1997 et 2000, époque à laquelle il a assuré la préparation technique de l’équipe de France féminine, il a remporté « trois médailles alors que le palmarès était jusque-là vierge de tout podium ».
Et d’ajouter : « A l’époque, j’invitais les athlètes à me rejoindre sur de simples demi-journées techniques. Les filles n’étaient jamais convoquées et n’étaient jamais contrariées dans leur préparation. Et sur un effectif de 16, je retenais les 6 meilleures ».
Evoquant par ailleurs que de plus en plus d’athlètes et non des moindres (Romain Mesnil, Bob Tahri, Christine Arron) n’avaient plus d’équipementier, il parle de « paupérisation de l’athlétisme » avant de tirer une nouvelle salve en direction de Mr Amsalem. Un président qui se permet de traiter de « touristes » des athlètes demi-finalistes aux Jeux Olympiques dans un sport universel.
Un comportement inadmissible
Parmi les conditions imposées à ses athlètes, outre l’engagement formel pris contre tout dopage, il demande à ce qu’il n’ait pas de lien de subordination avec la Fédération. Muriel Hurtis qui n’a pas voulu engager le fer contre la FFA (ce n’est pas dans sa nature), à l’inverse d’un autre athlète qui a obtenu gain de cause, se retrouve piégée malgré elle. « Pia » regrette cette situation mais ne peut accepter les raisonnements « stupides » et la gestion « à la papa » de ce sport d’initiés. « Aux Etats-Unis ou en Jamaïque, pourrait-on voir naître un management aussi débile ? » s’interroge ce spécialiste du sprint, mondialement reconnu.
« La fédé veut me tordre le cou. Il est dommage que le président et son DTN, au comportement odieux, ne se remettent jamais en question. Mr Amsalem n’a pas pris la mesure de l’athlétisme d’aujourd’hui avec les exigences du professionnalisme » ponctue un Jacques Piasenta ulcéré, qui a tourné la page Hurtis mais va continuer d’aider Reina-Flor Okori (100 mètres haies), convalescente au lendemain d’interventions chirurgicales. Avec son pitoyable bilan de Pékin, la FFA sortira t’elle de l’impasse dans laquelle elle semble entraîner certains de ses athlètes ? A l’heure où depuis des lustres quelques rares médaillés cachent un athlétisme tricolore ravagé, on peut légitimement se poser la question.
* Propos recueillis par Paul Massabo
Voir en ligne : Var Matin
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