Kimberly Hyacinthe, un diamant à l’état brut
Publié le vendredi 14 janvier 2005 à 15h45min
Kimberly Hyacinthe, une jeune Lachenoise de 15 ans, a fait écarquiller les yeux du monde de l’athlétisme d’une façon assez spéciale. Ça s’est passé en juin 2003, à Québec, aux championnats provinciaux scolaires. On laisse le coloré entraîneur Daniel St-Hilaire raconter la scène.
« J’étais près de l’aire de départ, où je massais mon jeune protégé, Hank Palmer, qui se préparait pour sa finale du 100 m. En même temps, je jetais un coup d’oeil à la finale féminine de la même épreuve. Au départ, il y avait une fille debout devant ses blocs de départ. Elle ne savait même pas comment utiliser ses blocs. Aucune technique, raconte St-Hilaire en riant. »
« Quand le départ a été donné, elle s’est évidemment vite retrouvée derrière toutes les autres. Mal placé pour voir la course, j’écoutais l’annonceur-maison qui décrivait pour le public. Il donnait toujours le nom de la meneuse quand à la toute fin, il a annoncé que Kimberly était revenue de l’arrière pour l’emporter ! Je n’en revenais pas. Tout de suite, je me suis dit : cette fille-là possède une vitesse écoeurante ! »
« J’étais allée à Québec pour le plaisir, parce que j’avais gagné la course du championnat régional. Pour moi, l’athlétisme ne voulait pas dire grand-chose. Le sport que j’aimais était le basketball », de dire l’adolescente.
Des maux de genoux récurrents au basketball et de surprenants résultats (sans douleurs) en athlétisme ont changé la voie de Kimberly. En suivant les conseils de Franco DiBattista et Daniel St-Hilaire, la talentueuse coureuse a remporté quatre médailles d’or aux championnats scolaires québécois et trois autres aux championnats civils à l’été 2004. Et en décembre, elle a établi son troisième record québécois cadet en bouclant son premier 300 m en 40" 80, alors que le record de 43" 07 tenait depuis douze ans.
Dans le monde de l’athlétisme, il est connu que Daniel St-Hilaire voit d’éventuels champions du monde dans toutes les cours de récréation. Mais cette fois, même le modéré directeur général de la fédération québécoise, Jean-Paul Baert, semble donner raison à St-Hilaire.
« On est encore bien loin d’une finale olympique, mais avec très peu d’entraînement, et pour le plaisir, elle a déjà fracassé des records. C’est donc évident qu’au départ, elle a un talent naturel et beaucoup de potentiel, de dire Baert. »
« Et vous savez, St-Hilaire a quand même le nez pour ces jeunes-là. Ils nous en a trouvé plus d’un. »
« Le diamant brut est beau, d’imager St-Hilaire. Il s’agit maintenant de le tailler comme il faut. Elle est une grande mince qui va développer sa musculature au cours des prochaines années. C’est son développement morphologique qui déterminera si elle deviendra une sprinteuse de 100 et 200 m, une sauteuse en longueur ou une coureuse de 400 m. Elle est même bonne au saut en hauteur. »
Quant à la principale intéressée, elle a suffisamment de plaisir pour se taper le trajet entre Lachenaie et le complexe sportif Claude-Robillard, trois ou quatre fois par semaine, en autobus et en métro.
« L’athlétisme est maintenant quelque chose de sérieux, mais j’aime ça. Je m’entraîne presque toujours avec des gars plus vieux et c’est bon pour moi. J’aimerais participer aux championnats du monde jeunesse, au Maroc, l’été prochain et pour ça, je dois respecter des standards obligatoires en plus de terminer parmi les deux premières au Canada dans ma catégorie. A plus long terme, mon objectif est d’aller aux jeux olympiques. Ça c’est certain. »
Cet hiver, celle qui domine toutes les autres filles de son âge au Québec aura l’occasion de se frotter à meilleures qu’elle en participant aux championnats américains des écoles secondaires, ouverts aux moins de 19 ans.
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