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Laurence Manfredi : « Entrer en finale m’a décomplexée »

Publié le mardi 20 mars 2007 à 09h11min

A Birmingham, lors des championnats d’Europe en salle, les lanceurs français ont été à la fête. Gaëtan Bucki, Jessica Cérival et Laurence Manfredi se sont, tous trois, hissés en finale. Nul doute que cette dernière n’était pas la moins heureuse du trio.

Car, à 32 ans, la Gapençaise avait toujours échoué aux portes du "top 8" lors des grands championnats, souvent d’un rien. Le 4 mars, elle a rompu la malédiction grâce à un jet à 18,02 m. Une performance qui lui a offert la 5 ème place, à un poil du podium (14 cm). Avec son franc-parler habituel, elle revient sur ce week-end de rêve et sur une préparation hivernale plus qu’atypique. Interview.

Laurence Manfredi, avec le recul, avez-vous des regrets d’être passée si près du podium européen à Birmingham ?

Non, aucun. Si j’avais des regrets par rapport à tout ce que je n’ai pas pu faire au cours de ma carrière, il y a longtemps que je me serais arrêtée. Ce qui fait la spécificité d’un athlète de haut niveau, ce sont les charges d’entraînement qu’il arrive à assumer. Mais aussi sa capacité à tourner très vite la page.

Mais une telle occasion se représentera-t-elle un jour ?

Vu les saisons qui se profilent avec tout l’argent qu’il y a à gagner en meeting l’été, je pense que oui. Beaucoup d’athlètes continueront à faire l’impasse sur la saison en salle. Enchaîner salle et été, c’est très difficile. Il n’y a aucune valorisation de l’indoor. Ca ne compte pas pour faire partie des listes ministérielles de haut niveau ou pour bénéficier d’aides personnalisées. Donc je ne vais surtout pas donner la priorité à l’hiver. Mais si j’étais un jour championne du monde en salle, ça serait quand même exceptionnel pour moi. Je ne cracherais pas dans la soupe.

Comment aviez-vous préparé ces championnats d’Europe ?

Je n’avais aucun objectif précis. J’ai bouffé beaucoup de préparation foncière mais j’ai très peu lancé. Depuis 1998, je passe une grande partie de l’hiver à faire du bobsleigh. Je suis la pilote du bob à deux de l’équipe de France. J’espère un jour participer aux jeux olympiques si on me laisse ma chance. Cet hiver, je suis partie en stage à Lillehammer en Norvège et un mois à la Plagne.

Après cette préparation originale, vous avez tout de même lancé le poids aux championnats de France...

Ca s’est passé très moyennement. Comme 90 % des Français, j’ai eu la grippe. Ca m’a mise en vrac. Une heure avant la finale, j’hésitais encore à participer. J’ai finalement lancé à 17,26 m, une perf pas du tout satisfaisante. Etant donné que je n’avais aucun objectif particulier, je ne savais même pas que j’avais réalisé les minimas pour Birmingham. Une heure après la fin du concours, le coordonnateur des lancers, Thierry Christel, m’a demandé si je voulais participer aux championnats d’Europe. J’ai dit non. Mais il m’a finalement convaincu en m’expliquant qu’il m’avait trouvée vraiment saignante lors d’un stage en Afrique du Sud quelques semaines plus tôt.

Finalement, vous n’avez pas dû regretter le déplacement...

Mes 17,63 m lors des qualifications m’ont permis d’entrer en finale. Ca m’a totalement décomplexée. J’ai passé tant d’années à échouer aux portes des finales malgré mon investissement et tous les sacrifices que j’avais pu faire. J’avais si souvent manqué de réussite. Après la finale, j’ai surtout pensé à moi et à mon entraîneur Jacques Pelgas. Le dimanche, tout était pour lui. Je suis rentrée en France très fière de moi. Il y avait aussi un sentiment de revanche. Par rapport à ceux qui m’ont critiquée, qui m’ont mis la tête sous l’eau. Il ne faut jamais enterrer les gens avant leur mort. Moi, il m’a seulement fallu un peu plus de temps qu’aux autres pour y arriver.

Comment expliquez-vous la réussite des lanceurs français à Birminigham ?

Comme je l’ai dit tout à l’heure, les athlètes sont aujourd’hui obligés de planifier différemment leur saison pour être compétitifs l’été. Mais il y a bien sûr aussi les effets de la lutte contre le dopage. Nous, les Français, on s’est décomplexés parce que le niveau est devenu plus accessible. Ca ne m’a jamais amusé de me prendre 2,50 m dans la vue par plusieurs filles.

Avez-vous l’impression que les silhouettes se sont affinées près des aires de lancer ?

Non, de ce côté-là, ça n’a pas changé. Mais j’ai remarqué que certaines filles sont beaucoup moins toniques qu’avant. A Birmingham, il y avait beaucoup de temps d’arrêt et de fautes d’anticipation. Et on dit souvent qu’on a la technique de son physique. Après la finale, l’Espagnol Manuel Martinez, un lanceur à plus de 21 m, est venu me voir. Il m’a dit : "Tu n’es pas championne d’Europe mais, sur le plan technique, tu fais partie des meilleures au monde". Ca m’a fait super plaisir.

Après la finale, vous avez expliqué que voir l’Italienne Assunta Legnante en tête du concours vous avait surmotivée. Pourquoi ?

Ca m’a donné la pêche car je l’ai toujours trouvée très arrogante. Elle adore écraser ses adversaires. Je comprends parfaitement l’italien et je peux vous dire qu’elle est très vulgaire. Je suis compétitive donc je me suis dit qu’il fallait que j’aille la chercher. Vous savez, quand on est athlète, on s’accroche à ce que l’on peut pour se motiver.

Revenons sur votre passion pour le bobsleigh. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce sport ?

C’est complètement différent de l’athlétisme puisqu’il y a une prise de risque monumentale. On comptabilise un ou deux décès par an. Au lancer du poids, à part se prendre l’engin dans la tronche... Donc ce n’est pas la même dose de stress. Et, bien sûr, c’est un sport d’équipe. J’avais besoin d’un peu de changement. Au bout de dix ans de carrière, on commence à entrer dans une certaine routine. Ca m’a permis d’en sortir et de me donner un petit challenge personnel. Et puis, j’aime avoir de grosses frayeurs. L’ambiance est aussi très différente de celle de l’athlétisme.

C’est-à-dire ?

En bobsleigh, tout le monde dépend de tout le monde. Il faut rester courtois et poli avec ses coéquipiers. C’est l’entraide permanente. Par exemple, tout simplement, on ne peut pas retourner seul un bob. Ca crée des liens, les gens sont très soudés. La preuve avec ce qui m’est arrivé à Lillehammer. Lors d’une descente, mon bob s’est retourné au 14 ème virage, en fin de parcours. Je suis tombée et je me suis retrouvée à finir sur mon casque, la tête à l’envers. On m’a demandé si je voulais redescendre tout de suite. Je suis repartie à fond, aussi fort qu’avant. Et j’ai fini saine et sauve. De nombreuses équipes nationales étaient présentes. Après la descente, tout le monde m’a applaudi pour avoir osé repartir. En athlé, ce genre de choses n’existent pas. Il y a une telle rage que les athlètes rêvent plutôt que leur adversaire principal se casse une jambe.

Quels sont vos objectifs pour cet été ?

Il faut que je retrouve de bons indices de force pour pouvoir atteindre les 18,50 m-19 m. A Birmingham, j’étais 30 % en dessous de ce que j’étais capable de réaliser en 2004. Ces deux dernières années, j’ai été beaucoup blessée et j’ai perdu du poids. Et pour lancer loin, il faut être lourde. J’espère me qualifier pour les Mondiaux d’Osaka.

Vous avez 32 ans. La retraite sportive, vous commencez à y penser ?

Pas du tout. Je ne me fixe aucune limite. Le poids est une discipline à maturité tardive. Je n’ai pas fini d’apprendre et de m’exprimer.


Voir en ligne : FFA

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